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La Bateau Ivre

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Par   •  31 Mai 2014  •  1 963 Mots (8 Pages)  •  720 Vues

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Situation du texte

En septembre 1871, Rimbaud, qui n’a que dix-sept ans, rejoint Paul Verlaine à Paris; il

a en poche ce long poème, véritable «odyssée» de cent vers organisés en 24 quatrains

qu’il va lire à voix haute devant un cénacle de Parnassiens réunis autour de Théodore de

Banville. L’accueil des parnassiens est étonnamment enthousiaste; ils découvrent alors

le «génie» de l’adolescent. Ce poème fait suite aux deux lettres dites du «voyant» écrites

à Georges Izambard et à Paul Demeny en mai 1871, lettres dans lesquelles Rimbaud a

réglé son compte à la «vieille» poésie et annoncé son programme poétique: «Je dis qu’il

faut être voyant, se faire voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous

les sens». Le poète, en inventant une langue nouvelle, doit «arriver à l’inconnu». On peut

considérer que «Le bateau ivre» est une transposition allégorique d’une extraordinaire

expérience poétique mais aussi d’un destin personnel. Poème émouvant aussi par sa

valeur prophétique des derniers quatrains «Ah que j’aille à la mer!»…

Présentation du texte

Le poème se présente comme un récit à la première personne. La première personne

est présente sous diverses formes grammaticales: le pronom personnel sujet JE, la forme

d’insistance MOI, le pronom personnel ME, l’adjectif possessif singulier ou pluriel. En

général, dans les textes poétiques, la première personne désigne le poète lui-même. La

particularité de ce poème vient de ce que la première personne ne peut pas renvoyer à

l’auteur, sujet réel de l’énonciation,mais désigne un sujet fictif qui est celui du bateau

du titre. En effet, certains groupes grammaticaux ne sauraient renvoyer à un sujet

humain ; l’expression « ma coque de sapin » par exemple se rapporte nécessairement au

bateau. Il en est de même de l’adjectif « porteur » (vers 6) construit en épithète détaché,

apposé au pronom sujet « J’ » (vers 5) : seul un bateau peut être dit « porteur » de blés

flamands et de cotons anglais ».Ce n’est pas non plus l’auteur mais le pont du bateau

que l’océan « lava » de ses tâches de vin bleu et de vomissures » (vers 19). Cependant,

dans la majorité des cas, les indices de première personne sont associés à des verbes

désignant des actions humaines : « je courus », « j’étais insoucieux », « je voulais », qui

tendent à personnifier le bateau. Le lecteur est donc invité à considérer le bateau comme

une représentation métaphorique du poète. Une étude plus approfondie du sens du

passage et de son symbolisme confirmera cette hypothèse.

I. Un naufrage vécu comme une libération

Classe de premières ES/L Mars- Avril 2014

a) Le récit d’un naufrage

Si on en reste à la lettre de ce qui est dit, à l’histoire racontée, le début du Bateau

ivre est tout simplement le récit d’un naufrage : les strophes 1 et 2 racontent dans

quelles circonstances le bateau a été attaqué par des « peaux rouges criards » qui ont

tué ses « haleurs ». On comprend qu’il s’agit d’un bateau à fond plat, ceux qui étaient

utilisés pour transporter des marchandises ( « porteurs de blés flamands ou de cotons

anglais ») sur des rivières ( le mot « fleuve » est répété à deux reprises et qui devaient

être guidés par des cordages depuis les berges. Privé de ses « haleurs », le bateau est

donc désormais à l’abandon, à la dérive, porté par le courant du fleuve vers la mer où

la violence des vagues le fera couler. Ce choc avec l’océan est le sujet des strophes 3 à

6.Pendant « dix nuits », nous apprend le vers 16, le bateau a été ballotté par l’océan.

b) La conquête de la liberté (strophes 1 et 2)

Paradoxalement, cette dérive n’est pas du tout décrite comme un malheur. Le vers

4 montre un bateau soulagé par la mort des êtres qui le guidaient et (La mère ? les

Professeurs ? les poètes ?) : « J’étais insoucieux de tous les équipages ». Il faut sans doute

comprendre qu’il n’a plus désormais le souci d’obéir à un équipage. Le vers 8 exprime la

satisfaction de cette indépendance retrouvée : « les fleuves m’ont laissé descendre où je

voulais ». On peut comprendre que la haute mer représente pour le bateau tout ce qui lui

était interdit ; l’aventure, le goût du risque. Par opposition, la navigation tranquille qui a

précédé le naufrage est associée à un

...

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