Rhinocéros, Ionesco

Rhinocéros

Suite à la Seconde Guerre mondiale, plusieurs écrivains s’interrogent sur le sens de la vie et veulent démontrer les horreurs de la guerre à travers l’humour noir. Il en va de même pour le théâtre de l’absurde, comme l’indique son nom, qui cherche à dénoncer l’absurdité humaine par des représentations grotesques de personnages dans ces pièces. Eugène Ionesco, représentant de ce genre théâtral, dénonce dans sa pièce de théâtre Rhinocéros, publiée en 1959, la montée du fascisme qu’il a vécu en Roumanie. Il utilise la symbolique du monstre pour expliquer que l’homme peut devenir mauvais en changeant ses valeurs afin de rejoindre le mouvement de pensées des autres. J’expliquerai d’abord en quoi les rhinocéros sont des monstres pour Ionesco ainsi que son sentiment vis-à-vis le mouvement de massification de la population.

Tout d’abord, Ionesco utilise le rhinocéros pour symboliser le monstre qui est généralement repoussant, méchant et apeurant. C’est par des phrases à connotations négatives qu’Ionesco décrit les rhinocéros pour nous faire comprendre qu’ils sont des monstres : « … c’est un très gros animal, vilain ! » (p.65), « comme une bête en cage, » (p.100), « Il est très vert. Sa bosse est un peu plus grande, au-dessus du nez. » (p.102). Avec ces citations, il met l’emphase sur le côté négatif du rhinocéros afin de se rapprocher de l’aspect monstrueux. Le monstre peut également être représenté par le comportement agressif et colérique. Comme cette pièce a été écrite après ce qu’Eugène Ionesco a vécu durant la guerre, on peut faire un lien entre les rhinocéros et l’armée car les deux font des ravages partout où ils passent : « Ils ont démoli les murs de la caserne des pompiers. » (p.140), « Les magasins sont ravagés : ils dévorent tout. » (p.138). Cela prouve que les rhinocéros ont un comportement dévastateur tout comme les monstres ou l’armée nazie. Bref, le symbole du monstre qui fait des ravages, véhiculé par Ionesco, est représenté par le rhinocéros vert en parallèle avec l’armée.

Par la suite, Ionesco utilise le mouvement de massification en transformant l’homme en rhinocéros pour démontrer comment celui-ci change rapidement de valeurs afin de rejoindre la pensée populaire. Graduellement, tous les personnages, à l’exception de Bérenger, changent d’avis sur les rhinocéros, les envient, puis finissent par se transformer. Malgré leur force de caractère, leurs grandes idéologies et leurs airs supérieurs, les personnages sont faibles et se laissent convaincre de rejoindre les rhinocéros : JEAN : « …, pourquoi ne pas être un rhinocéros ? J’aime les changements. » (p.106), DUBARD : « Je me demande si ce n’est pas une expérience à tenter. » (p.139). Sans se poser trop de questions, tous ont suivi le troupeau en choisissant d’eux même de devenir rhinocéros pour ressembler aux autres. Quant à Bérenger, bien qu’il n’ait pas l’étoffe d’un héros, il maintient ses convictions à ne pas se transformer. Cependant, une fois seul, il regrette son choix et se considère lui-même comme étant le monstre : « … j’aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. » (p.162). C’est ainsi qu’Ionesco se projette dans le personnage de Bérenger, se décrivant comme un monstre, puisqu’il n’a pas voulu rejoindre la montée du fascisme. En somme, le phénomène de masse abolit facilement notre pensée pour adhérer à celle des autres.

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