Rhinocéros, 1959, Ionesco

Les répercutions de la Deuxième Guerre mondiale, et de la Guerre froide ont eu un influence considérable sur la littérature du XXe siècle et auprès des écrivains existentialistes. C’est à ce moment que le théâtre de l’absurde a fait son entré en tentant de traduire, le non-sens et le malaise existentiel de cette époque. Eugène Ionesco, dénonce dans sa pièce Rhinocéros publié en 1959, tout totalitarisme, qui lui rappel ce qu’il a vécu en Roumanie à travers la Garde de fer, en démontrant le phénomène de masse de l’époque sur toutes ses formes. Par le biais de l’absurdité, il illustre le dangereux phénomène de massification. Il y parvient particulièrement tant l’élaboration du contenu du texte que dans la forme.

D’une part, Ionesco traite du mouvement de massification dans le contenu de sa pièce. Pour ce faire, il souligne ce phénomène en illustrant le pouvoir de contagion qu’exerce la masse de rhinocéros sur les personnages de la pièce. Lorsque les transformations commencent à toucher les gens de son alentour, Bérenger, l’acteur principal de la pièce, exprime son incompréhension face à la situation de Mr. Papillon : « Il n’a pas dû le faire exprès, je suis convaincu qu’il s’agit là d’un changement involontaire», « Il s’est laissé entraîner» (p.126). De plus, Botard, mentionne que : « c’est l’esprit communautaire qui l’a emporté sur ses impulsions anarchiques » (p.137). Ces affirmations démontre clairement qu’il y a un certain engouement pour le mouvement de masse qui ce fait ressentir auprès de la quasi totalité de la population. Cela traduit ainsi le résultat de la force d’un mouvement dangereusement puissant. Par ailleurs, la mise en scène de l’auteur illustre également la prolifération du troupeau. En effet, on assiste à un véritable phénomène de massification lorsque les voisins de Jean, l’ami de Bérenger, se métamorphosent et que celui-ci se rend compte qu’il y a « une armée de rhinocéros » (p.109). De plus en plus de gens vont rejoindre les bêtes : « Tous les pompiers, tout un régiment de rhinocéros, tambour en tête » (p.140), « Ils vont rejoindre les autres » (p.141). Enfin, avec toute cette pression exercée par les fauves, le téléphone et les ondes radio sont utilisés par ceux-ci pour finalement tout détruire sur leur passage. Tout ce phénomène démesuré a pris une ampleur considérable et maintenant la population s’est laissée entraîner dans cette cohue. Ionesco démontre bien dans son contenu absurde qu’il y a bel et bien une massification qui s’exécute.

D’autre part, ce phénomène se distingue par la forme. En utilisant un procédé propre au genre dramatique, Ionesco désigne les indications scéniques inscrites en marge des dialogues. Sans toutefois faire parti du discourt des acteurs, les didascalies indiquent le décor, ainsi que les attitudes que les acteurs doivent adopter. « Bruits devenus mélodieux des rhinocéros » (p.158) et « Lorsqu’il accroche les tableaux, on s’aperçoit que ceux-ci représentent un vieillard, une grosse femme, un autre homme. La laideur de ces portraits contraste avec les têtes des rhinocéros qui sont devenues très belles » (p.161). Ce type de procédé sert à la mise en scène afin de l’orienter. On constate que le barrissement et la laideur des rhinocéros, deviennent

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