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Recueils poèmes

Fiche : Recueils poèmes. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Avril 2013  •  Fiche  •  2 126 Mots (9 Pages)  •  578 Vues

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Amis lecteurs, vous n'avez sans doute pas l'habitude de feuilleter des recueils poétiques des siècles passés, vous délaissés des écrits qui vous paraissent vieux et difficiles d'accès.

C'est pourquoi, j'ai fait le pari de vous réconcilier avec les grands auteurs, tels Apollinaire, Rimbaud, Eluard et bien d'autres encore en ayant sélectionné pour vous quelques textes connues ou parfois oubliées, mais tous vibrants et évocateurs.…

Le châtiment de tartufe p58

Mes petites amoureuses p89

Fête galante album zutique p131

Exil p137

Depart Illumination p216

Marine p23

Fête d’hiver p230

Solde p232

Faim p 195

Honte p165

« Au point du jour, Dieu m’a fait goûter presque imperceptiblement une petite lumière en la très haute suprême pointe de mon esprit. Tout le reste de mon âme et ses facultés n’en ont point joui : mais elle n’a duré environ qu’un demi Ave Maria. »

Arthur Rimbaud apparaît en 1870, à l’un des moments les plus tristes de notre histoire, en pleine déroute, en pleine guerre civile, en pleine déconfiture matérielle et morale, en pleine stupeur positiviste. Il se lève tout à coup, – « comme Jeanne d’Arc » s’écriera-t-il plus tard lamentablement2. Il faut lire dans le livre de Paterne Berrichon3 le récit tragique de cette vocation. Mais ce n’est pas une parole qu’il a entendue. Est-ce une voix ? Moins encore : une simple inflexion, mais qui suffit à lui rendre désormais impossible le repos et « la camaraderie des femmes ». Est-il donc si téméraire de penser que c’est une volonté supérieure qui le suscite ? dans la main de qui nous sommes tous : muette et qui a choisi de se taire. Est-ce un fait commun de voir un enfant de seize ans doué des facultés d’expression d’un homme de génie ? Aussi rare que cette louange de Dieu dans la bouche d’un nouveau-né dont nous parlent les récits indubitables. Et quel nom donner à un si étrange événement ?

« Je vécus, étincelle d’or, de la lumière nature ! De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible. » Une ou deux fois, la note, d’une pureté édénique, d’une douceur infinie, d’une déchirante tristesse, se fait entendre aux oreilles d’un monde abject et abruti, dans le fracas d’une littérature grossière. Et cela suffit. « J’ai brassé mon sang. Mon devoir m’est remis. » Il a fini de parler. On ne confie pas de secrets à un coeur descellé. Il ne lui reste plus qu’à se taire et à écouter, sachant, comme cette Sainte encore, que « les pensées ne mûrissent pas d’être dites ». Il regarde avec une ardente et profonde curiosité, avec une mystérieuse sympathie qui ne peut plus être exprimée « en paroles païennes », ces choses qui nous entourent et qu’il sait que nous ne voyons qu’en reflets et en énigmes ; « un certain commencement », une amorce. Toute la vie n’est pas de trop pour faire la conquête spirituelle de cet univers ouvert par les explorateurs du siècle qui finit, pour épuiser la création, pour savoir quelque chose de ce qu’elle veut dire, pour douer de quelques mots enfin cette voix crucifiante au fond de lui-même.

Il nous reste quelques feuillets de son « carnet de damné » comme il l’appelle amèrement, quelques pages laissées par notre hôte d’un jour en ce lieu qu’il a définitivement vidé « pour ne pas voir quelqu’un d’aussi peu noble que nous ». Si courte qu’ait été la vie littéraire de Rimbaud, il est cependant possible d’y reconnaître trois périodes, trois manières.

La première est celle de la violence, du mâle tout pur, du génie aveugle qui se fait jour comme un jet de sang, comme un cri qu’on ne peut retenir en vers d’une force et d’une roideur inouïes :

Corps remagnétisé par les énormes peines,

Tu rebois donc la vie effroyable, tu sens

Sourdre le flux des vers livides en tes veines !

(Paris se repeuple.)

Mais, ô Femme, monceau d’entrailles, pitié douce !

(Les Soeurs de Charité.)

Qu’il est touchant d’assister à cette espèce de mue du génie et de voir éclater ces traits fulgurants parmi des espèces de jurons, de sanglots et de balbutiements4 !

La seconde période est celle du voyant. Dans une lettre du 15 mai 18715, avec une maladresse pathétique, et dans les quelques pages de la Saison en Enfer – intitulées « Alchimie du Verbe ». Rimbaud a essayé de nous faire comprendre « la méthode » de cet art nouveau qu’il inaugure et qui est vraiment une alchimie, une espèce de transmutation, une décantation spirituelle des éléments de ce monde. Dans ce besoin de s’évader qui ne le lâche qu’à la mort, dans ce désir de « voir » qui tout enfant lui faisait écraser son oeil avec son poing (Les Poètes de sept ans), il y a bien autre chose que la vague nostalgie romantique. « La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. » Ce n’est pas de fuir qu’il s’agit, mais de trouver : « le lieu et la formule », « l’Éden » ; de reconquérir notre état primitif de « Fils du Soleil ». – Le matin, quand l’homme et ses souvenirs ne se sont pas réveillés en même temps, ou bien encore au cours d’une longue journée de marche sur les routes, entre l’âme et le corps assujetti à un desport rythmique se produit une solution de continuité ; une espèce d’hypnose « ouverte » s’établit, un état de réceptivité pure fort singulier. Le langage en nous prend une valeur moins d’expression que de signe ; les mots fortuits qui montent à la surface de l’esprit, le refrain, l’obsession d’une phrase continuelle forment une espèce d’incantation qui finit par coaguler la conscience, cependant que notre miroir intime est laissé, par rapport aux choses du dehors, dans un état de sensibilité presque matérielle. Leur ombre se projette directement sur notre imagination et vire sur son iridescence. Nous sommes mis en communication. C’est ce double état du marcheur que traduisent les Illuminations : d’une part les petits vers qui ressemblent à une ronde d’enfants et aux paroles d’un libretto, de l’autre les images désordonnées qui substituent

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