Peut-on se connaître soi-même ?

            Montaigne est un philosophe humaniste, moraliste de la renaissance. Il s’interrogera sur divers centre d’intérêt tel que l’éducation, la place de l’Homme dans un monde qui découvre de nouvelles coutumes. Comme beaucoup d’humanistes de son époque il s’inspirera de grands philosophes de l’antiquité tel que Platon pour fonder ses idées. Cette citation est issue des Essais, composé en 3 livres, écrit tout au long de sa vie et dans lequel Montaigne remet en question sa propre conscience, puis la conscience humaine à valeur d’universalité. Les Essais sont une gymnastique intellectuelle ayant pour but de se connaître et de s’interroger sur l’humaine condition. Ce qui nous mènera à la citation au coeur de notre étude «  chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».

Tahar Ben Jelloun, lui, est un écrivain poète du 21e siècle. Il écrira Le Racisme expliqué à ma fille et l’oeuvre paraîtra en 2009 de sa fameuse citation «  On est toujours l’étranger de quelqu’un. Apprendre à vivre ensemble c’est cela lutter contre la racisme », que nous étudieront et approfondirons.

La problématique à laquelle nous répondrons est la suivante : est-ce qu’écrire sur une autre culture est un moyen de réfléchir sur la sienne ?

           Ainsi, après réfléxion à cette deux citations, nous nous demanderons en quoi celles-ci peuvent trouver écho dans l’étude que nous mènerons. En commençant par la citation de Montaigne.

Montaigne ne se contente pas de décrire les mœurs des Indiens, c’est l’occasion pour lui de réfléchir à sa propre culture (occidentale) :

La description des Indiens permet à Montaigne de démythifier la conquête espagnole du Nouveau monde : il va montrer ce qu’elle est vraiment, exemple,  Des Coches : le dialogue entre les Espagnols et les Indiens permet de montrer que le requerimiento et le traité de Tordesillas vont amener des guerres dans le Nouveau monde, c’est une réflexion sur l’ambition des Espagnols, leur goût de l’or, leur volonté de domination qui vont mener à la disparition des civilisations aztèques et incas.

Le récit des massacres perpétrés par les Espagnols au Nouveau monde montre que l’entreprise d’évangélisation était secondaire, que seul le désir de s’enrichir a prévalu. Exemple, Des Coches : Montaigne s’emploie à partir de témoignages comme celui de Las Casas, à montrer que les Espagnols ont voulu réduire les Indiens en esclavage uniquement parce qu’ils étaient préocuppés par leur intérêt financier. Ils n’ont eu finalement aucune véritable volonté d’évangéliser les peuples du Nouveau monde.

En relatant une scène de rencontre, la parole des Indiens permet une critique des mœurs européennes et renverse l’opinion couramment admise au XVIe siècle  que la culture occidentale était supérieure à celle des Indiens. Exemple, Des Cannibales ; Les réponses faites par les Indiens lors de la rencontre à Rouen prennent pour cible les inégalités en France et la monarchie héréditaire qui place un enfant à sa tête. La critique d’une société chrétienne qui ne pratique pas assez la charité, s’oppose à la société égalitaire des Indiens

Montaigne explique la culture des Indiens et précise les caractéristiques des peuples amérindiens :

Montaigne décrit aussi avec une grande précision les mœurs indiennes, comme un ethnologue. Exemple, Des Cannibales ; il s’informe à partir des récits de voyageurs comme Jean de Léry, ou Las Casas. Il précise ainsi leur religion fondée sur le courage guerrier et l’attachement à  leur femme, leur repas, leurs armes, leur nudité, la faune et la flore d’Amérique, leurs connaissances en architecture, les ouvrages d’un art du Pérou.

Montaigne note les qualités des Indiens . Exemple, Des Cannibales : Montaigne compare le Nouveau mon à une sorte de société idéale, il insisite sur le pureté, la générosiré, la sagesse des Indiens pour essayer de contrer le point de vue des européens au XVIe siècle qui était assez négatif (cannibales).

Montaigne n’oublie pas pour autant les défauts des Indiens, exemple, Des Cannibales : il évoque aussi leur cannibalisme et leur polygamie tout en relativisant.

Montaigne s’intéresse surtout aux conditions d’un véritable échange entre les cultures et définit ainsi l’Humanisme :

Il reconnaît la relativité des cultures, exemple, Des Coches : le dialogue entre les indiens et les européens dans ce chapitre montre que chacun a des raisons de défendre sa culture, que chaque peuple a ses propres valeurs. Au goût pour l’aventure des espagnols s’oppose ici une vie plus traditionnelle, plus simple, celle des Indiens. Par conséquent, Montaigne veut mettre un terme à l’ethnocentrisme européen : avec la découverte du Nouveau monde, l’homme occidental ne peut plus continuer à juger le nouveau monde en fonction de son seul point de vue mais doit aussi admettre la « diversité » de la Nature.

Il considère que chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition et croit en l’universalité de la nature humaine malgré les différences culturelles : il met ainsi en avant les vertus des hommes qu’ils soient indiens ou occidentaux. Exemple, Des Coches : le courage des chefs indiens face aux espagnols permet de montrer que ce qui intéresse vraiment Montaigne ce ne sont pas tant les différences culturelles que les qualités humaines universelles qu’il rencontre aussi bien dans l’ancien que dans le Nouveau monde.

L’Humanisme est une attitude qui vise au respect, à l’échange des cultures et à la formation de l’esprit critique. Exemple : Montaigne s’interroge sur les qualités des différentes cultures et la réflexion qu’elles permettent . Il ne veut pas juger des indiens à partir des « opinions courantes » mais en « sous l’angle de la raison . Il parle des raffinements des villes de Cuzco et de Mexico pour montrer que les Indiens n’avaient rien à envier aux Espagnols (Des Coches). Il évoque la Chine, qui avait découvert l’imprimerie bien avant l’Europe (Des Coches). Enfin Montaigne regrette que la conquête de l’Amérique ne se soit pas faite sous le règne d’Alexandre le Grand car le grand conquérant de l’Antiquité aurait d’avantage respecté les peuples du Nouveau monde .

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