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Nerval : El Deschidado

Commentaires Composés : Nerval : El Deschidado. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Août 2014  •  1 240 Mots (5 Pages)  •  1 417 Vues

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Résumé

Les Chimères sont une suite de sonnets qui parurent ensemble avec les Filles du feu. Gérard de Nerval y évoque ses expériences en vers souvent obscurs, mais très denses, où se mêlent des épisodes vécus, des réminiscences livresques des allusions à l'alchimie, à l'astrologie. Deux chefs-d'oeuvre, El desdichado dans lequel il se rémémore comme dans Sylvie les illusions d'un passé disparu et Artémisdans il exalte la figure lumineuse qu'il a complée dans les ténèbres de sa folie qu'il a nommée ailleurs Aurélia.

Commentaire de El Desdichado (le déshérité)

Introduction

Gérard de Nerval a composé ce sonnet en 1853, au lendemain d'une nouvelle période de troubles mentaux. Il vit désormais sous la menace constante d'une rechute. Il tente de se ressaisir en se reportant par le souvenir, comme l'a déjà fait dans Sylvie, aux jours heureux de son enfance et de sa jeunesse ; mais il n'a plus guère d'espoir et prend conscience d'une fatalité redoutable qui pèse sur lui. Le Destin, tel est le premier titre qu'il a donné à ces vers. Il s'arrête finalement à un autre titre, plus concret, plus poignant, plus suggestif aussi par sa couleur étrangère : El Desdichado, le Déshérité. C'est la devise que porte sur son bouclier, dans Ivanhoé (chapitre VIII), un mystérieux compagnon de Richard Cœur de Lion, dépossédé de son château par le roi Jean. Nerval l'adopte à son tour et se décrit, lui aussi, sous l'aspect d'un chevalier du Moyen Age que hante le malheur.

Le sonnet

Premier quatrain. Trois termes, accompagnés de l'article défini, qui souligne leur cruauté implacable, évoquent la détresse du poète. Gérard est le ténébreux, l'homme condamné à vivre dans les ténèbres (faute d'avoir désormais une étoile pour éclairer sa route); le veuf, l'homme privé de toute compagnie, après la disparition de sa bien- aimée Jenny; l'inconsolé, l'homme qui, malgré des tentatives de diversion, conserve au fond de son cœur une douleur éternelle. Le rythme et les coupes de ce premier vers concourent à créer une double impression de fatalité et de tristesse : après la forte césure qui ponctue le premier hémistiche, le monosyllabe veuf, suivi d'une virgule, peut suggérer la brutalité du deuil et le tétrasyllabe inconsolé sa durée définie. Le second vers, au contraire, se prononce d'une seule haleine et prend une valeur incantatoire : Le prince d'Aquitaine à la tour abolie. L'oreille s'abandonne à la musique des sons qui se succèdent avec une diversité mélodieuse. Gérard de Nerval croit descendre d'un châtelain du Périgord qui portait sur ses armoiries trois tours d'argent. Mais, dans le sonnet, le mot tour est en même temps le symbole du trésor sentimental que le poète a perdu; l'adjectif abolie est donc pris à la fois dans son acception littérale (le pouvoir seigneurial des Labrunie est aboli avec l'Ancien Régime) et dans une acception figurée, plus importante, quoique imprécise (le bonheur amoureux de Gérard est aboli depuis que Jenny a quitté la terre). Le premier hémistiche du troisième vers contient une allusion plus explicite au malheur qui a engendré une telle détresse : Ma seule étoile est morte. Comme dans Sylvie, comme dans Aurélia, l'étoile est ici Ie symbole de la femme aimée : Gérard n'a jamais eu qu'un seul amour, qu'une seule étoile, et l'Éternel Féminin s'est fixé pour lui dans l'image évanouie de Jenny. Nous l'imaginons dans le décor médiéval que suggérait déjà le titre ses doigts font retentir sur les cordes d'un luth de douloureux accents ; et ce luth, comme le bouclier du Desdichado, porte sur son armature l'insigne d'une destinée cruelle, un soleil noir, dont le sombre éclat efface à jamais la lueur fugitive des amours terrestres, multiples (le luth est constellé), mais décevantes. Ce soleil noir est celui que

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