Lorenzaccio, Musset

L.A                        LORENZACCIO                                MUSSET                                I,1

Introduction : Musset s’accorde une grande liberté en décidant de ne plus écrire pour le théâtre, suite à l’échec de sa pièce La nuit Vénitienne. Contexte historique de l’écriture de Lorenzaccio : en cette époque du XIXe siècle, le peuple est déçu par Louis Philippe. Lorenzaccio, pièce de 5 actes écrite en 1835, mélange l’Histoire de Florence en 1537 et ainsi, la France de 1830. Cette scène est la scène d’exposition de la pièce, elle a été rajoutée et met en place les éléments pour comprendre l’intrigue. En quoi cette scène répond-elle aux caractéristiques d’une scène d’ouverture/d’exposition ? Elle présente un double intérêt.

I) Une scène d’ouverture en action

A) L’exposé d’une situation

→ Lieu (Florence des Médicis), moment (minuit, clair de lune, XVIe siècle) : contexte romantique

→ Dimension Shakespearienne, renversement de situation, finalement beaucoup plus trivial.

→ Personnages cachés par leur manteaux, nuit : symbole de la débauche, l’action ne se passe que la nuit, dissimulation : « Si le duc ne sait pas que sa ville est une forêt pleine de bandits, pleine d’empoisonneurs et de filles déshonorées … » (l.80)

→ La situation est exposée à travers des répliques dynamiques. Rôle de Lorenzo (+ Giomo) : débaucher les jeunes filles pour satisfaire les désirs du duc. Situation claire à travers la parole.

B) L’action

→ Un rendez-vous suggéré, les personnages attendent la jeune femme débauchée.

→ Répliques courtes : « in media res ». Le lecteur rentre dans l’action en surprenant les personnages.

→ La situation est tendue : l’impatience du duc se constate dans son désir ardent de voir la jeune fille arriver, ses questions sur le rdv ou l’évocation du bal  chez les Nasi juste après. Ces désirs semblent toujours être satisfait, ici non.

→ Un coup de théâtre est immédiatement proposé au lecteur. Giomo propose d’aller chercher la fille, puis arrivée de Maffio qui en appelle au duc, puis stupéfaction quand il voit qu’il s’adresse au duc lui-même. Retournement de situation, révélation de l’identité du duc : coup de théâtre.

→ Renouvellement de la scène d’exposition, théâtre de rupture (drame romantique ≠ tragédie classique) : pas de bienséance, épée, duel… Scène d’exposition en rupture, novatrice.

II) Des oppositions révélatrices

Cette scène d’exposition permet aux personnages de montrer ce qu’ils sont.

A) Un couple de débauchés

→ Lorenzo + duc. Duc : séducteur débauché (comparaison avec Don Juan mais n’ont pas le même but chez les femmes)

→ Le duc : grossier, vulgaire, impatient mais puissant. Homme incarnant le pouvoir, mais il craint tout de même d’avoir perdu son argent. Débauché romantique. Mépris pour la jeune fille ; la considère comme un objet de conquête, elle n’est pas clairement identifiée.

→ Don Juan se dédouble en deux personnages : duc (qui concrétise) + Lorenzo (qui attire)

Lorenzo met en place la stratégie, il est l’entremetteur.

→ Maitrise de la langue : images « mais quel flot violent d’un fleuve magnifique sous cette couche de glace fragile qui craque à chaque pas ! » (l.28) « Jamais arbuste en fleur n’a promis de fruits plus rares » (l.31). Pouvoir du langage pour séduire et attirer la proie vers le duc. Incarne l’âme damnée du duc. Tirade : énumérations des étapes de la séduction : « étudier, ensemencer, infiltrer […], tout dire et ne rien dire, habituer doucement … » (l.14-16)

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