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Lorenzaccio, Musset

Fiche de lecture : Lorenzaccio, Musset. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Décembre 2012  •  Fiche de lecture  •  2 645 Mots (11 Pages)  •  794 Vues

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Enfin « ce sentiment d’étouffement de la jeunesse » est en référence avec l’impression d’impuissance et d’immobilisme politique ressenti par les jeunes romantiques des années 1833-1835. Née sous l’époque glorieuse du premier empire, la jeune génération de Musset est extrêmement nostalgique de cette époque où la gloire militaire permettait d’accéder rapidement à des hautes fonctions. La révolution confisquée des Trois Glorieuses et les révoltes populaires de 1832 se soldèrent par de cuisants échecs que l’on peut rapprocher avec le régicide de Lorenzo… qui n’a pas eu de conséquences politiques. En effet, les rapprochements avec Lorenzaccio sont nombreux. Dans la pièce, la majorité des personnages sont jeunes et en prises avec des hommes plus âgés qui détiennent le pouvoir. Les républicains comme les romantiques du temps de Musset sont des jeunes gens cultivés qui rêvent d’héroïsme et de gloire. Leurs soulèvements sont pourtant réprimés violemment comme dans la scène 6 de l’acte V où Lorenzo relate les désastreuses conséquences de son acte : « les républicains - n’ont - rien fait à Florence (…) une centaine de jeunes étudiants, braves et déterminés se – sont – fait massacrer. », d’où cette impression de situation politique et sociale bloquée comme pour les romantiques de l’époque de Musset. En témoigne Lorenzo qui semble chercher un exutoire à l’inanité de sa vie dans le meurtre du duc. Il n’a plus foi en l’humanité et l’action politique lui semble vaine comme il le confie à Philippe Strozzi à l’acte III, scène 3 : « Je vais tuer Alexandre ; une fois mon coup fait, si les républicains se comportent comme ils le doivent, il leur sera facile d’établir une république, la plus belle qui ait jamais fleuri sur la terre.(…) Je te gage que ni eux ni le peuple ne feront rien. ».Pierre Strozzi fait également les frais de ce désenchantement, abandonné dans ses désirs de révoltes –et de gloire personnelle- par son père ( Pierre Strozzi. « Vieillard obstiné ! (…) vous serez cause de notre perte ! » IV, 6) et du même coup par les bannis qui s’étaient ralliés à sa cause au nom de Philippe Strozzi ( Premier banni. « Les confédérés veulent le nom de Philippe nous ne ferons rien sans cela »,IV, 8). Ici encore, c’est un homme âgé, Philippe Strozzi, qui détient le pouvoir aux dépend d’une personne plus jeune, son fils Pierre. Quant à Lorenzo, prototype du héros romantique en proie à son « Moi » déchiré, il s’assimile à l’auteur de la pièce, qui, ayant exprimé son désenchantement dans Les Confessions d’un enfant du siècle, se présente lui-même en héros romantique souffrant de ce que l’on appellera plus tard « le mal du siècle ».

2. À quels indices de la fin de l’acte IV présage-t-on que le meurtre du Duc sera inutile ?

Divers indices nous permettent de présager l’inutilité du tyrannicide de Lorenzo et ce, dès la fin de l’acte IV qui voit le dénouement des trois intrigues principales.

Les deux intrigues parallèles à celle de Lorenzo sont, en effet, un échec, et leurs protagonistes nous apparaissent de la sorte comme des doubles ratés du héros éponyme qu’est Lorenzo. Ainsi, l’idéaliste Philippe Strozzi se retranche de la vie politique après la mort de sa fille, illustrant l’inefficacité des républicains et privant son fils du soutien des bannis (« nous ne répondrons qu’au nom de Philipe ») et du roi de France tandis que la marquise Cibo, corrompue par la débauche, doit renoncer à convaincre le duc et dans le même temps à ses idéaux politiques. De plus, elle doit faire face aux manipulations de son beau-frère et dévoile sa liaison avec le duc à son mari, pour échapper à une fin tragique. Ces péripéties et coups de théâtre figent l’action au lieu de la faire progresser et le dénouement de ces deux premières intrigues est un des prémices du dénouement final. Ainsi, les actions des Strozzi et de la marquise, destinées à déstabiliser un tyran, revêtent un caractère d’inutilité présageant les conséquences politiques inexistantes qui succéderont au meurtre commis par Lorenzo. Ce dernier devine d’ailleurs lui-même l’inefficacité future de son action lorsque,essayant de prévenir les seigneurs de Florence de la mort prochaine du duc, il se heurte à l’incrédulité de ces derniers : « Tu veux tuer le duc, toi ? Allons donc ! tu as un coup de vin dans la tête. (…) Tout le monde refuse de me croire. (…) Pauvre Florence, pauvre Florence ! »( IV, 7). Plus tard, prenant un peu de recul, il songera à cette absence de réaction et crédibilité malgré tout se efforts avec l’ironie si caractéristique et propre à son personnage : « Si les républicains étaient des hommes, quelle révolution demain dans la ville ! Mais Pierre est un ambitieux ; les Rucellai seuls valent quelque chose. (…) S’il y a quelqu’un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très comique, très comique vraiment.» (IV, 9). Ainsi, lorsqu’à la scène 10 du même acte, Sire Maurice et le cardinal Cibo tentent de mettre en garde le duc contre un méfait de Lorenzo, Alexandre, moqueur, se rie d’eux, et l’on trouve un exemple de plus d’une action vouée à l’inefficacité, comme si le destin se jouait des personnages et les poussait vers un triste dénouement comme dans les tragédies classiques. On décèle même dans les répliques de Lorenzo à la scène 9 et 11 des allusions explicites à la mort, qui laissent présager son assassinat –ou en tout cas sa mort- à la fin du drame.

La fin de l’acte IV, par le dénouement des trois intrigues et l’échec de deux d’entre elles - ajoutées aux scènes de déchirements moraux de Lorenzo - fait converger de nombreux indices vers un meurtre désespéré et inutile tant sur le plan social que politique, dans une société florentine corrompue de toutes parts et animée uniquement par les intérêts personnels des uns et des autres.

3. Étudiez la symétrie entre l’exposition et le dénouement. Qu’en conclure sur l’architecture

générale du drame ? Pourquoi peut-on parler d’une sinistre farce ?

Le drame éponyme de Musset commence par un désastreux état des lieux de Florence ainsi que par une ébauche de l’action et du portrait du tyran qu’est Alexandre de Médicis. Une scène est également consacrée aux palabres du père Mondella et d’un marchand de soieries. Et le drame se clôt de même, par la mise en scène d’un tyran et des préoccupations individuelles et matérielles des marchands florentins : la vie quotidienne reprend ainsi son cours selon le modèle présenté au premier acte.

C’est

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