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Lettre Persane 30 Montesquieu

Mémoires Gratuits : Lettre Persane 30 Montesquieu. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Février 2013  •  1 053 Mots (5 Pages)  •  3 169 Vues

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Montesquieu, Lettre 30 de Lettres Persanes (1721)

Au 18ème siècle, les philosophes des lumières travaillent éclairer leur temps par leur façon de penser. Les philosophes du 18ème siècle reconnaissent en Montesquieu leur précurseur ; ses idées inspirent leur combat. Il a défendu la conquête de la raison, de l'esprit de tolérance et, en politique, la séparation des pouvoirs. Les lettres Persanes ont été publiées anonymement en 1721 à Amsterdam. Il s'agit d'un roman épistolaire qui présente la correspondance de deux Persans et leurs compatriotes restés en Perse. Ils font part de leurs étonnements devant le comportement des Parisiens et devant leurs découvertes. Ce procédé permet de faire passer critique, satire et réflexion philosophique sous une forme agréable en évitant par la même occasion la censure. Dans l'extrait que nous allons étudier, l'un des Persans raconte une aventure personnelle. A travers le genre épistolaire et le thème du regard, cette lettre persane propose une réflexion philosophique.

I - Les marques de l'épistolaire :

• Les indices d'énonciation :

Qui, à qui ? Du locuteur au destinataire : Rica, persan en voyage à Paris à Ibben proche resté en Perse à Smyrne. Lettre non officielle, pas d’entête.

Quand ? Date : Le 6 de la lune de Chalval 1712 (Déc.) ~ Souci du réel avec les deux présentations (Orientale : 6 de la lune de Chalval & Occidentale : Décembre 1712)

Fiction romanesque qui ramène le lecteur à la fin du règne de Louis 14.

Très personnel, « Je » très occurrent (35 fois) : Anecdote du locuteur, lettre qui raconte.

• Des qualités de conteur

Un récit léger, ironie de l’écrivain qui n’a pas peur de l’auto dérision. Hyperbole l.10. & « Envoyé du ciel », personnage hors du commun.

Discours direct : retranscription des événements.

Ecriture gérée, commence et fini sur la même idée, absurdité et extravagance des parisiens.

• Distanciation

Narrateur met de la distance entre lui et la société, il se considère toujours comme exterieur, car étranger même s’il est en immersion.

Gradation descendante l.3 + Hyperbole sur le « tous » : illustrer la curiosité des parisiens, il ne se comprend pas dans la hiérarchie de habitants de Paris, il est différent.

Personnage lucide et sage : expérience de changement de vêtements, fait ressortir le caractère immature et superficiel des parisiens qui ne s’arrêtent qu’aux images.

II - Le thème du regard : le Persan a l'art de raconter, il fait les frais des deux aspect du regard porté sur lui, lui permettent d'arriver à une conclusion.

• Le Persan regardé :

Le champ lexical du regard, le paraitre étant la première préoccupation des parisiens.

Verbe voir ou regardé souvent employé au passif : il subit donc tous les regards, marque d'impolitesse, curiosité excessive.

Curiosité universelle : tous les âges confondus et tous les sexes (l.2, 3) Hyperbole « tout le monde ». Curiosité qui augmente, cercle des regards qui se referment sur lui (Les gens aux fenêtres, cercle autour de lui et lorgnettes contre lui.) Représente la gêne de la curiosité, phrase longue (l.3) dure sur 4 lignes : pas de répit, persan privé d’espace de liberté.

Personnage multiplié dans l'espace, il fait l'unanimité " partout ", " tout ", portrait reproduit. Ironie « Chose admirable » & « Tant on craignait de ne pas m’avoir assez vu ». Le fait que les parisiens se divertissent de lui est une situation lassante pour Rica.

Termine la phase de célébrité par le verbe « voir », importance de la vue dans la société.

• Le persan ignoré :

Il sait garder les pieds sur terre face à sa réalité, humour avec « Je ne me serais jamais douté que je pusse troubler le repos d’une si grande ville »

Persan qui décide de se porter en expérience. Deux raisons : la lassitude et la curiosité (Bonne curiosité qui ne gênera personne) l.16, il change d’apparence, preuve de malice, il teste les parisiens, il est très psychologue.

Le champ lexical du regard disparaît, il n'est plus regardé. Changement brutal, il tombe dans l’ignorance. «J’entrais tout à coup dans un néant affreux » Différence de notoriété, il est maintenat « aprécié au plus juste » et pas par rapport à sa tenue.

Se moque du tailleur qui lui a fait perdre « l’estime publique » : montre l’extravagance de la société qui cherche dans un bout de tissu une raison de s’égailler.

Il est devenu anonyme, inintéressant, ignoré : dans les deux cas, attitude d'impolitesse de la part des Parisiens

• La contre épreuve :

Quelqu’un rappelle par hasard son identité et il redevient intéressant " bourdonnement ", c’est le retour de la curiosité.

Parallélisme entre les fins de paragraphes :

« Il faut bien avouer qu'il fait bien Persan »

« Comment peut-on être Persan ? »

Les parisiens sont ignorants, ils ne sortent pas de chez eux et sont très peu ouverts d’esprit, les deux phrases sont contradictoire : les parisiens ont une réflexion absurde.

III – La remise en question imposée par le texte :

Le lecteur détecte très facilement les questions qu’il doit se poser.

• Critique de la société parisienne :

Critique l’ « extravagance » des parisiens, curiosité excessive (1ère Phrase). Vision péjorative que Montesquieu exprime à travers Rica.

Critique l’importance de l’apparence chez les parisiens. (l.5) L’arc en ciel des femmes, hyperbole avec les « mille couleurs », il faut paraitre et attirer l’attention, nouvelles tenues, nouvelles couleurs, … Critique de la façon de juger des parisiens, n’apporte d’attention qu’a ce qui sort du commun (le persan, source de curiosité). Badauds qui s’attroupent autour du persan.

Critique l’ignorance et la naïveté des parisiens qui ne comprenne pas comment on peut être autre que parisien. Ils ont des idées préconçues.

• Une réflexion philosophique : Montesquieu à travers des attitudes légères et mondaines sous l'image d'un Persan pose des questions profondes.

L’être humain qui suis le groupe et ne réfléchit pas par lui-même, les parisiens sont tous identiques et le persan est seul différent.

L’être humain a un problème avec ce qui est différent, devient lourdement et absurdement curieux lorsque quelque chose sort de l’ordinaire.

Montesquieu, dans Les Lettres persanes à travers le personnage du Persan, met en valeur le genre épistolaire, souligne l'importance du thème du regard et présente avec vivacité, humour et ironie une anecdote légère qui nous invite à des réflexions profondes. Il nous révèle le rôle de l'étonnement et nous invite à une comparaison implicite entre le Parisien et le Persan au bénéfice de ce dernier et nous amène ainsi à entrer dans la notion de relativité.

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