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La lettre persane Montesquieu, commentaire de texte

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Par   •  7 Novembre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 861 Mots (8 Pages)  •  1 928 Vues

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Compte-rendu de la LA sur la lettre 30 des Lettres Persanes de Montesquieu, 1721

Introduction à réaliser vous-mêmes, à partir de la trame donnée et coïncidant avec l'intro du CL à l'écrit.

Lecture à voix haute.

Question posée et annonce du plan choisi pour y répondre.

  • Un récit fondé sur des renversements (coïncidant avec la construction du texte en deux paragraphes) :

Le discours s'organise autour d'un événement majeur, qui fait basculer le protagoniste Rica, d'une situation le plaçant dans une perspective glorieuse à une situation le ramenant à une forme d'anonymat. L'ensemble de la lettre est donc régi par le principe du retournement.

  1. Une structure en diptyque :

Le passage s'organise en deux mouvements ou parties de dimension équivalente (13 lignes et 15 lignes) se faisant écho. Des expressions sont reprises : ainsi le premier discours direct Il faut avouer qu'il a l'air bien persan (10-11), est repris à la fin du texte Ah ! Ah ! Monsieur est Persan ? C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ? (27-28). Ou le terme admirable (11), énoncé à la forme exclamative à la fin du premier paragraphe 11 et le même ligne 19 dans un emploi plus modeste. Certaines expressions sont, quant à elles, également reprises mais sous la forme d'une inversion : ainsi en est-il des deux hyperboles, tandis que Rica était considéré par les Parisiens tout d'abord comme envoyé du ciel (2), il entre ensuite dans un néant affreux (23) quand il cesse de porter son costume persan. Cette reprise repose sur la référence implicite au paradis et à l'enfer et souligne le renversement de statut subi par le personnage. C'est enfin un commentaire du narrateur qui opère la transition entre le premier mouvement du texte - l'expérience de la gloire- et le second - l'expérience de l'indifférence-. Ce commentaire, situé en début de paragraphe, témoigne d'une mise à distance de l'action par la réflexion : je ne me croyais pas (14), cela me fit résoudre (17).

       b)   Le changement du regard :

Le récit repose sur une antithèse fondamentale qui atteste non seulement d'un changement de statut pour Rica, mais aussi d'une attitude contradictoire et incohérente des Parisiens qui passent de la plus grande excitation à une indifférence absolue . Ce changement se manifeste par le thème du regard, caractérisant les deux partis. Les Parisiens regardent Rica (je fus regardé 2, voir 3, lorgnettes dressées contre ma figure 7-8, vu 8, ne m'avoir pas assez vu 13, sans qu'on m'eût regardé 24). Et Rica regarde les Parisiens ou se regarde à travers leur regard ( chose admirable 11, je voyais 5-7, pour voir 18, je me vis 21). On observe ainsi le procédé sur lequel joue l'auteur, celui de la réciprocité du regard. A la « curiosité » des Parisiens fait écho l'étonnement du narrateur. Le point commun est lié à l'étrangeté des Parisiens pour Rica et de Rica pour les Parisiens. Montesquieu joue sur le point de vue étranger -celui de l'ingénu ou de l'étranger- qui utilise sa naïveté pour accentuer l'incohérence des comportements relevés.

        c)   L'étrangeté :

Pour les Parisiens, Rica est un homme […] curieux 15, alors que la curiosité des Parisiens lui paraït aller jusqu'à l'extravagance 1. Là s'arrête cependant le principe de réciprocité car les Parisiens sont attachés aux apparences, tandis que Rica décrit, pour sa part, un comportement. En bon voyageur, il commente les mœurs de l'Autre, il les met en scène pour les mettre en évidence. Ainsi, il souligne que les Parisiens se déplacent en nombre ; tels des abeilles ils bourdonnent. Sont curieux à l'extrême mais peu aventuriers des gens qui n'étaient presque jamais sortis de leur chambre 9-10, et tout leur comportement est marqué par l'excès. Les Parisiens, de leur côté, ne s'intéressent qu'à l'habit de Rica. Cet écart entre les centres d'intérêt met en évidence deux aspects de cette lettre : tout d'abord, le véritable objet du regard, ce sont les Parisiens qui deviennent donc ces Autres que décrit le récit de voyage.  Enfin, tout est mis en place pour attirer l'attention sur eux, de façon théâtralisée, car ce sont eux qui sont les vraies cibles du jugement.

  • La théâtralité du passage :

L'autre caractéristique de cette lettre tient à son intention dramatique : la forme épistolaire repose sur la narration par laquelle Rica le Persan relate son expérience, et la vivacité du récit sert une des intentions majeures de Montesquieu : séduire son lecteur.

       a)   La dramatisation :

Le texte présente une action d'emblée rythmée par des verbes de mouvement : j'arrivai 2, je sortais 4. Le système verbal au passé permet de plus de souligner la structure du récit par l'utilisation du passé simple de premier plan qui met en relief les moments déterminants : j'arrivai 2, cela me fit résoudre 17. Ce passé simple est ensuite relayé par des imparfaits de répétititon : si je sortais[...] tout le monde se mettait aux fenêtres 3-4, si j'étais aux Tuileries […] je voyais aussitôt un cercle se former 4-5, si j'étais aux spectacles […] je voyais aussitôt cent lorgnettes dressées contre ma figure 7-8. Les actions sont démultipliées et renforcées par l 'anaphore du si et la ponctuation. Le jeu des temps permet, lui, de soutenir l'intensité dramatique, également entretenue par le narrateur qui se met lui-même en scène : l'expression de sa subjectivité (j'entrai tout à coup dans un néant affreux 23) donne au discours le ton d'une confidence adressée à Ibben son correspondant et, de ce fait, au lecteur. Nous partageons les sentiments de Rica.

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