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« Les Thibault » de Roger Martin Du Gard.

Commentaire de texte : « Les Thibault » de Roger Martin Du Gard.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Février 2022  •  Commentaire de texte  •  2 419 Mots (10 Pages)  •  525 Vues

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Commentaire composé

Les Thibault

Roger Martin Du Gard

Chapitre 4 p 628-633

La Consultation

Cet extrait s’inscrit dans le premier livre de la série « Les Thibault » de Roger Martin Du Gard. Cet œuvre est une série d’ouvrages écrits entre 1922 et 1940 et se décline en 8 tomes. Inspiré par le naturalisme de Zola, l’objectif de Roger Martin Du Gard était de retranscrire avec fidélité l’histoire de deux frères, Antoine et Jacques, caractérisés par des tempéraments différents mais une hérédité commune.

Plus précisément, ce texte fait partie du chapitre intitulé « La Consultation », retraçant une journée entière d’Antoine Thibault, brillant médecin, fils du grand bourgeois parisien Oscar Thibault qui d’ailleurs, victime d’un cancer, fait partie de ses patients.

Bien qu’il ne soit plus apprenti, nous le retrouvons avec son mentor, le docteur Philip, dont l’auteur brosse par le prisme d’Antoine un portrait contrasté mais très élogieux. Sur le point de visiter ensemble un malade, l’auteur ne manque pas de d’exposer les liens qui unissent Antoine et le docteur Philip.

Ainsi, après la lecture attentive de cet extrait, nous pouvons nous interroger sur l’importance de la relation professeur-élève dans l’enseignement, comment Roger Martin Du Gard montre, grâce à son style littéraire, que ce sentiment est décuplé chez Antoine ainsi que l’importance qu’il porte à la description.

Notre plan s’axera en trois parties. Tout d’abord nous aborderons la relation qui unit Antoine et son « Patron », ensuite nous analyserons la description poussée que fait Antoine du docteur Philip, et enfin nous traiterons de la position d’Antoine dans cette scène, de son attention et de ses interactions avec le monde qu’il l’entoure.

L’extrait s’ouvre sur Antoine, dans un taxi en route pour le lieu de rendez-vous avec le docteur Philip, le « Patron ». Nous ne connaissons par l’heure exacte, mais nous devinons qu’Antoine doit être légèrement en retard, et à peine entamer, on sait que le Patron est quelqu’un de ponctuel, « J’y serai, mais juste… L’exactitude du Patron ! Je suis sûr qu’il s’apprête déjà. ». Son excitation est palpable, nous ne savons si le chauffeur de taxi l’écoute mais il s’exclame tout de même, comme pour se détendre, sachant qu’il doit être opérationnel pour le rendez-vous et la consultation qui doit suivre. Le « Patron » avec un « P » majuscule, donne de l’importance et un suspens à la scène. Quelqu’un d’important est sur le point d’apparaitre. Cela nous est confirmé par la suite. Dans la prochaine phrase, le docteur Philip est au centre de la scène, « debout sur le seuil de son cabinet. », au premier plan. Il est debout et l’auteur nous laisse prendre sa mesure avant son entrée. Ses premiers mots montrent un homme contrasté. Poli, il dit « Bonjour » mais montre son mécontentement en « grognant ».

On pouvait penser Antoine en retard, on peut finalement imaginer qu’il est en fait pile à l’heure, mais cela ne convient pas au Patron, « Moins le quart tapant. En route… ». C’est donc quelqu’un d’exigeant, nuancé par « Sa voix de polichinelle » qui lui donne un air moqueur.

Malgré cela, Antoine reste enjoué, ce qui montre qu’il doit avoir l’habitude de ces manières, « En route, Patron », fit Antoine gaiement. ». Pour le lecteur, implicitement, les présentations sont faites, mais l’auteur ne va pas s’arrêter là et laisse explique ce que représente vraiment le docteur Philip pour Antoine.

Antoine a été l’interne de Philip pendant « deux années consécutives », a « vécu dans l’intimité quotidienne » de Philip et cela l’a profondément marqué. L’auteur multiplie les qualificatifs pour le décrire : « Philip », « cet initiateur », « son maître », « Patron ».

Tout cela montre l’importance du docteur aux yeux d’Antoine. Le professeur ici s’efface au profit de ce qu’on appelle un mentor, derrière lequel se tient Antoine avec respect et fierté, « Il avait toujours plaisir à se retrouver dans le sillage de Philip. ». Cette ascendance de Philip sur Antoine atteint un stade où ce dernier est réduit à un état secondaire et aux yeux des autres il est devenu « Thibault, l’élève de Philip. ». Il est parfaitement au courant de ce phénomène mais son admiration est tellement profonde pour Philip que cela ne semble pas le déranger outre mesure, « Dès qu’Antoine se trouvait auprès de Philip, insensiblement, sa personnalité se modifiait, subissait comme une diminution de volume : l’être indépendant et complet qu’il était l’instant d’avant retombait automatiquement en tutelle. » Son caractère fort, sa personnalité, presque matérialisée en un solide, passe après le confort qu’éprouve Antoine à se retrouver avec la personne qui lui a tout appris, « Et cela, sans déplaisir. ». Ses « sept années d’amitié et d’association professionnelle » et le fait que Philip est quelqu’un de relativement inaccessible avec une « réputation qu’il avait de se montrer difficile en hommes » conforte Antoine dans l’idée qu’il est quelqu’un de chanceux. Il en vient presque à faire preuve d’une certaine pointe d’arrogance, souvent reprochée au corps médical, quand il se sépare d’une grande partie des habitants de la Terre, des « sots » des « inconscients et incapables ». Il y aurait eux et les autres, et ensemble « la bonne humeur régnait ».

Antoine et Philip sont donc très proches. Si le docteur disposait de nombreux qualificatifs, Antoine n’est pas en reste là-dessus. La notion de positionnement dans l’espace est importante. Il est derrière, aux côtés du docteur, mais aussi parfois face à lui car Antoine est tantôt « Son élève », « son fils spirituel », « son second » et quelque fois « son adversaire ». En effet, il arrive, et cela rassure sur l’équilibre de la relation qui peut aussi être horizontale, qu’Antoine soit en désaccord avec Philip, « Il arrivait qu’Antoine reprochât à Philip de se laisser piper par lui-même ». Parmi les autres défauts de Philip, son « scepticisme » et sa capacité à rabaisser certaines conclusions et accords entre les deux hommes, « ce que nous pensions là est idiot. », ce qui exaspère Antoine à un point où celui-ci compare cette crispation à des douleurs physiques, « il en souffrait comme d’une infirmité physique. ». Lors de ces instants, sa personnalité est telle qu’au lieu de chercher la confrontation et étant une

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