Les Mains Libres, Oeuvre Surréaliste

Le surréalisme naît comme mouvement l’année 1924, celle de la publication par André Breton du Manifeste du surréalisme. Dans le premier groupe surréaliste on trouve, avec d’autres, Paul Eluard et Man Ray, tous deux issus, comme André Breton, de la mouvance Dada. Eluard a plusieurs fois collaboré par l’écriture à des œuvres à quatre mains, réunissant en un même recueil œuvres plastiques (dessins ou photos) et poèmes. En 1937 il publie avec Man Ray, le recueil Les Mains libres composé de 54 poèmes et de 60 dessins. Nous allons voir en quoi les mains libres constitue-t-elle une œuvre surréaliste ?

Tout d'abord, Les Mains libres se présente comme une œuvre à quatre mains. En effet elle se compose des dessins de Man Ray et des poèmes de Paul Eluard. Ceci est déjà en rupture complète avec les modalités de création antérieur, car généralement il n'y a qu'un auteur.

Ensuite nous pouvons constater que les poèmes viennent illustrer les dessins : c'est une rupture des conventions puisque habituellement ce serait plutôt l'inverse avec des dessins qui illustrent des textes (comme nous pouvons le voir dans les fables de La Fontaine). C'est donc une collaboration originale qui montre que cette œuvre est inhabituelle. Le collage, l’automatisme de l’écriture et du dessin, la rencontre d’objets les plus hétéroclites évoquent à n’en point douter les concepts majeurs du mouvement surréaliste auquel adhèrent encore en 1937 Paul Eluard aussi bien que Man Ray.

De plus, avec la mise en forme de cette œuvre cela incite le lecteur à laisser cours à son imagination. Prenons l'exemple du poème Le Tournant (J'espère / Ce qui m'est interdit.), seulement deux phrases sont faites pour ce poème, en quoi illustrent elles ce titre ? Le lecteur laisse marcher son imagination pour comprendre ce rapport mais aussi le rapport avec le dessin. Il faut quitter le domaine de la raison, échapper à la pensée pour laisser apparaître quelque chose de neuf qui exprimera, comme l'artiste, la part la plus profonde de l'imaginaire qui sont le fruit de l'inconscient.

Il y a également entre ces poèmes et ces dessins une part d'incohérence, il n'y a pas de construction logique et rationnelle. Par exemple le poème Brosse a cheveux ne laisse pas apparaître de cohérence c'est à ce moment là que revient l'imagination des lecteurs et leur propre interprétation.

Finalement, nous retrouvons dans le recueil Les mains libres les concepts majeurs du surréalisme, dans la composition du recueil, l'association libre, le hasard objectif dans la rencontre fortuite des formes et des mots, la femme comme absolu.

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