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Les Mains Libres - La Toile Blanche

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Par   •  1 Décembre 2013  •  363 Mots (2 Pages)  •  1 111 Vues

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Sur cette « toile blanche » qu'est le papier du carnet à dessins de Man Ray, trois objets sont juxtaposés : un entonnoir, un gant, et un manteau ou une étole. L'absence de fond, en les isolant les uns des autres, met d'autant plus en relief la nudité de chacun d'eux, puisque ces objets ne sont que l'enveloppe de l'absence : l'entonnoir renversé ne saurait aider à verser une quelconque substance nutritive (huile, vin, riz, etc) dans un contenant au goulot plus étroit ; le gant (inspiré d'une photographie de Facile en 1935) évoque une main, donc une chaleur humaine, mais il est tourné paume vers le haut, offert en position d'attente, sans personne pour saisir ce qui serait de toute façon une main coupée ; et le manteau, ou l'étole dans laquelle on se drape, pend au bord d'on ne sait quelle table invisible. Malgré quelques ombres, ces objets flottent de manière non réaliste, et finalement ne reposent que sur du vide. Contenants sans contenu, présence visible de l'absence, tel est leur sort.

Le poème correspondant d'Eluard a connu, avec onze autres, une première parution dans le n° 283 de la NRF du 1er avril 1937, mais sans le dessin de Man Ray, ce qui a conduit le poète, lors des discussions préliminaires, à adresser le 17 février à Jean Paulhan une lettre agacée : « C’est bien dommage que tu n’indiques pas que ces poèmes illustrent des dessins de Man Ray. Tu leur donneras un aspect insolite qu’ils n’ont pas en réalité. Ce n’est pas écrire un poème de circonstance que de partir d’un mot (le titre du dessin). A ce prix-là, les collages de Max Ernst pour Répétitions étaient des illustrations littérales. Non, voyons. Le dessin de Man Ray pour la « Marseillaise » représente une femme nue qui se laisse pendre du pont transbordeur de Marseille. « Le sablier compte-fils », c’est une femme couchée liée par la taille à un grand compte-fils. Etc... Est-ce qu’un poème ne part pas toujours de quelque chose de concret, qu’on le sache ou non ? Etre près d’une chose ne signifie pas la reproduire, etc... Enfin, je te laisse libre. Ton Paul Éluard.»

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