Les Mains Libres

Les Mains Libres est un recueil de poèmes et dessins réalisé en 1937 par Paul Eluard et Man Ray. Ce recueil comme les deux personnes qui en sont les auteurs s’inscrivent dans le mouvement surréaliste, un mouvement né d’un conflit avec le dadaïsme et voulant aller au-delà du simple monde que l’on voit, des limites de la réalité et des apparences.

Mais ce recueil n’est-il finalement que surréaliste ?

Il s’agit dans un premier temps de voir en quoi ce recueil est un recueil surréaliste et dans un second temps relever les autres influences artistiques dont ce dernier a pu être inspiré.

Le recueil se présente tous d’abord et ouvertement comme une œuvre surréaliste. L’intégralité de l’œuvre est jonchée de références surréalistes. Ainsi dès le frontispice on retrouve les thèmes récurrents liés à ce mouvement : la femme, le rêve, l’inconnu et le désir. Le tous représenté dans le dessin de Man Ray par une femme nue surdimensionnée étendue dans une posture lascive sur un pont brisé accompagné d’escalier qui ne mènent nulle part. De même pour la préface dans laquelle on va retrouver le rêve avec la métaphore permettant de rapprocher la page blanche de la nuit (référence au récit de rêve utilisé par les surréalistes).

Tout au long de l’œuvre on retrouvera dans les dessins de Man Ray des femmes (« La Liberté ») qui sont considérés par les surréalistes comme des muses par excellence, sauveur de l’homme. La femme étant étroitement liée avec le désir et l’érotisme, on peut voir ces deux autres thèmes, que l’on retrouve dans des dessins comme « le don », tout au long de l’œuvre. L’érotisme ayant une forte importance, comme le corps, pour les surréalistes qui le considèrent comme sauveur du monde. De même on retrouve également la présence et la contemplation de la Nature comme dans le dessin et poème « plantes-aux-oiseaux ». Dans cette œuvre s’il y a bien un autre élément qui nous indique la présence du surréalisme, c’est cette notion de liberté. Qui peut se retrouver dans les poèmes et dessins (« liberté ») comme dans les choix artistiques des deux artistes (abandon des formes fixes de poésie, utilisation de techniques surréalistes comme le dessin automatique (« objet ») ou le cadavre exquis (« la couture »).

On retrouve ainsi une certaine esthétique surréaliste dans l’œuvre. Avec des inventions ou des détournements d’objets comme dans « Le sablier compte fil », un registre humoristique comme c’est le cas dans « Burlesque » ou encore un éveille à l’imaginaire comme dans « L’apparition » et dans le même esprit une importance du monde onirique comme dans « le rêve ».

Il est vrai que le recueil est un emblème surréaliste mais il s’agit également d’une œuvre possédant d’autres caractéristiques. En effet, l’œuvre peut en beaucoup de point faire penser à une œuvre autobiographique. Ainsi des poèmes comme « La Couture » font référence à la vie des auteurs, ce dernier faisant référence au père de Man Ray tailleur et à la mère de Paul Eluard couturière. Un aspect encore renforcé par la présence d’un autoportrait de Man Ray.

L’œuvre se rattachant au mouvement surréaliste possède quelques nuances d’autres mouvements. On peut retrouver du romantisme dans les thèmes : la Nature (« L’arbre-aux-oiseaux »), le sentiment amoureux (« C’est Elle ») ; comme la tonalité lyrique propre à Paul Eluard ou la valorisation de l’individu et ici la femme (« Le Don »). De la même manière on retrouve un peu du symbolisme avec la présence de Baudelaire : Mélancolie, poème « Des nuages dans les mains », référence à l’Orient.

Ainsi, le recueil de poèmes de Man Ray et Paul Eluard mérite bien qu’on l’appelle « emblème » du surréaliste ce dernier reprenant toutes les caractéristiques propres à ce mouvement : reprise des thèmes (femme, désir amoureux, rêve imaginaire) ou encore l’utilisation des techniques artistiques surréalistes (le dessin automatique, le cadavre exquis). Mais ce dernier ne s’arrête pas là dans le fait où on peut y retrouver certaines influences, de l’autobiographique à la romantique en passant même par une symbolique.

Le titre du recueil Les Mains Libres illustre parfaitement cet emblème du surréalisme. Il reprend à merveille les principes fondamentaux du mouvement surréaliste qui se veut hymne à la liberté et au dépassement de la raison. Un mouvement voulant briser les conventions et les tabous de l’époque.

De quoi Man Ray et Paul Eluard proposent-ils de s’affranchir par cette liberté revendiquée dans le titre ?

Il s’agit de voir cette liberté dans l’affranchissement des conventions de création et d’écriture, mais aussi dans celui des conventions sociales et morales de l’époque.

Les deux artistes proposent tous d’abord de s’affranchir des conventions qui régissent la création et l’écriture.

Premièrement,

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