Les Fleurs du Mal lien avec tableaux Europe du Nord

Thème secondaire // Le Vin

Ce tableau est une huile sur bois d’une hauteur de 0,63m et d’une largeur de 0,5m qui a été peinte par David II Teniers dit aussi Le Jeune aux Pays-Bas du Sud à la fin du XVIIe siècle. Il est actuellement exposé au musée du Louvre dans la catégorie des peintures du Nord et présente la tentation de Saint Antoine par l’ivresse. On peut apercevoir au premier plan Saint Antoine qui résiste à l’appel d’une créature difforme, à l’allure paysanne qui symbolise l’ivresse. Elle possède une forme démoniaque car le vin peut mener au pêché, ce qui la relie directement à la figure de Satan et du mal. De plus, au second plan il y a d’autres diablotins, et la fenêtre permet à la lumière du coucher de soleil d’éclairer le Saint mais aussi la coupe d’argent contenant le vin. Cette mise en valeur est importante car ce liquide se situe au milieu du tableau si l’on découpe les diagonales de celui-ci. Enfin, on peut relever d’autres détails importants tels que le crâne d’un homme pouvant évoquer la mort lorsqu’on cède à la tentation du vin ou bien la grotte dans laquelle Saint Antoine est réfugié. Ainsi on peut supposer que la tentation de l’ivresse se manifeste lorsqu’on est le plus démuni et qu’elle mène au pêché et au mal.

Dans le recueil des Fleurs du Mal, Charles Baudelaire consacre une petite section regroupant cinq poèmes sur le thème du « Vin ». Ce thème, même s'il n'est pas essentiel chez le poète, revêt une certaine importance. En effet, le vin est perçu comme le consolateur de l'ouvrier pour apaiser les souffrances quotidiennes mais aussi un moyen de s’évader et d’échapper au « Spleen ». Par exemple, dans le poème « Le Vin des Chiffonniers », Baudelaire raconte comment le vin transforme un pauvre homme en roi, en héros épique et comment il échappe au désespoir car cette boisson lui permet de « noyer les rancœurs et bercer l’indolence » (Vers 31). En outre, le vin est aussi une invitation dans « Le vin des amants » à l'ivresse des mots, à l'ivresse poétique et est associé aux cieux « Partons à cheval sur le vin, Pour un ciel féerique et divin » (Vers 3 et 4). Néanmoins, même si Baudelaire présente les bienfaits de cette boisson comme une essence magique de l’alchimie permettant d’accéder à l’idéal, il évoque aussi les méfaits de l'alcool, associés à la violence la plus brutale. Ainsi, « Le Vin de l'Assassin » raconte la confession d'un homme qui, sous l'effet du vin, a commis un crime en assassinant sa femme « Ma femme est morte, je suis libre! Je puis donc boire tout mon saoul. » (Vers 1 et 2).

Durant ma visite au Louvre dans les peintures du Nord, le tableau de David II Teniers a, selon moi, illustré particulièrement une œuvre de la section du « Vin » . Il s’agit de « L’âme du vin », ce poème en six strophes est un monologue du vin confiant à celui qui la boit le bonheur, la sagesse et la force. En effet le rapprochement entre ce poème et ce tableau est possible car en lisant la première strophe, nous avons l’impression que le vin est vivant, animé et qu’il pousse le buveur à l’ivresse. Ce parallèle peut-être fait avec la créature du tableau qui veut faire boire à Saint Antoine une coupe de vin illuminée par le coucher du soleil. Des vers pourraient alors être ajoutés à l’huile sur bois : « Homme vers toi je pousse, ô cher déshérité, Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles, Un chant plein de lumière et de fraternité! ». Charles Baudelaire utilise de nombreux procédés pour personnifier le vin et donner une « âme » à ce paradis artificiel. Pour cela, le poète a construit le monologue à partir d’un discours au style direct et d’alexandrins en rimes alternées qui exploitent les formes exclamatives et interrogatives. En conclusion l’huile sur bois du peintre flamand permet de représenter le vrai visage du vin dans le poème de Baudelaire qui se fait moralisateur, savant et divin alors qu’il procure un sentiment de bonheur factice et éphémère.

Thème secondaire // Les animaux et Bohémiens

Ce tableau est une huile sur toile d’une hauteur de 2,72m et d’une largeur de 4,12m qui a été peinte par Pieter Boel aux Pays-Bas du Sud à la fin du XVIIe siècle. Il est actuellement exposé au musée du Louvre dans la catégorie des peintures du Nord et présente des animaux et ustensiles. On peut apercevoir au milieu du tableau, un amoncellement d’accessoires comme un coffre, une argenterie, des draps, des tapis et un globe. Néanmoins des animaux classiques et exotiques sont disséminés parmi les ustensiles, tels que des chiens, des chevaux et des brebis mais aussi des cygnes, des perroquets et un paon. La richesse de cette faune apporte des couleurs chaudes au fond sombre et renforce le caractère oriental de cette peinture. En effet cette œuvre possède un autre titre « Départ de Jacob pour la Mésopotamie » qui est une destination éloignée du Moyen-Orient. En outre, on peut entrevoir au centre de cette huile sur toile un bouquet de fleurs qui reprend les tons et couleurs des animaux et qui est mis en avant par un effet de perspective et une diagonale de lumière. Les hommes et femmes sont mis au dernier plan à droite afin d’accentuer la valeur des bestiaux et de souligner la nature morte de ce tableau, ils sont représentés par une longue file d’humains et de chariots de bois. Cette peinture sous influence génoise permet donc de placer une faune classique et exotique dans l’art grâce à des techniques picturales flamandes.

Dans le recueil des Fleurs du Mal, Charles Baudelaire accorde une grande importance au thème et à la symbolique des animaux en illustrant à travers la poésie un riche bestiaire mythique. En effet la présence de celui-ci se fait prédominante dans les différentes sections du recueil, les animaux sont variés et peuvent être réels comme les oiseaux, les mammifères ou les reptiles, ou imaginaires comme le sphinx, le phoenix ou le monstre. Ils permettent avant tout au poète de renvoyer les lecteurs à l’identification de l’être humain à travers les nombreuses métaphores et personnifications. Par exemple, dans le poème « L’Albatros » cet oiseau ambivalent n’est autre que le poète lui-même : l’albatros a la particularité physique d’avoir de grandes ailes qui le rendent majestueux en vol mais terriblement handicapé au sol. C’est une comparaison avec le poète doté de compétences spécifiques qui lui permettent de créer, d’écrire de la poésie. Mais ce don le rend différent du

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