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Les Fausses Confidences Acte 1

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Par   •  27 Novembre 2014  •  6 788 Mots (28 Pages)  •  1 160 Vues

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SCENE PREMIERE

DORANTE, ARLEQUIN

ARLEQUIN, introduisant Dorante __ Ayez la bonté, Monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle ; Mademoiselle Marton est chez Madame et ne tardera pas à descendre.

DORANTE __ Je vous suis obligé.

ARLEQUIN __ Si vous voulez, je vous tiendrai compagnie, de peur que l'ennui ne vous prenne ; nous discourrons en attendant.

DORANTE __ Je vous remercie ; ce n'est pas la peine, ne vous détournez point.

ARLEQUIN __ Voyez, Monsieur, n'en faites pas de façon : nous avons ordre de Madame d'être honnête, et vous êtes témoin que je le suis.

DORANTE __ Non, vous dis-je, je serai bien aise d'être un moment seul.

ARLEQUIN __ Excusez, Monsieur, et restez à votre fantaisie.

SCENE II

DORANTE, DUBOIS, entrant avec un air de mystère.

DORANTE __ Ah ! te voilà ?

DUBOIS __ Oui, je vous guettais.

DORANTE __ J'ai cru que je ne pourrais me débarrasser d'un domestique qui m'a introduit ici et qui voulait absolument me désennuyer en restant. Dis-moi, Monsieur Remy n'est donc pas encore venu ?

DUBOIS __ Non : mais voici l'heure à peu près qu'il vous a dit qu'il arriverait.(Il cherche et regarde.) N'y a-t-il là personne qui nous voie ensemble ? Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse.

DORANTE __ Je ne vois personne.

DUBOIS __ Vous n'avez rien dit de notre projet à Monsieur Remy, votre parent ?

DORANTE __ Pas le moindre mot. Il me présente de la meilleure foi du monde, en qualité d'intendant à Cette dame-ci dont je lui ai parlé, et dont il se trouve le procureur. Il ne sait point du tout que c'est toi qui m'as adressé à lui : il la prévint hier ; il m'a dit que je me rendisse ce matin ici, qu'il me présenterait à elle, qu'il y serait avant moi, ou que s'il n'y était pas encore, je demandasse une Mademoiselle Marton. Voilà tout, et je n'aurais garde de lui confier notre projet, non plus qu'à personne, il me paraît extravagant, à moi qui m'y prête. Je n'en suis pourtant pas moins sensible à ta bonne volonté, Dubois ; tu m'as servi, je n'ai pu te garder, je n'ai pu même te bien récompenser de ton zèle ; malgré cela, il t'est venu dans l'esprit de faire ma fortune ! en vérité, il n'est point de reconnaissance que je ne te doive.

DUBOIS __ Laissons cela, Monsieur ; tenez, en un mot, je suis content de vous ; vous m'avez toujours plu ; vous êtes un excellent homme, un homme que j'aime ; et si j'avais bien de l'argent, il serait encore à votre service.

DORANTE __ Quand pourrai-je reconnaître tes sentiments pour moi ? Ma fortune serait la tienne ; mais je n'attends rien de notre entreprise, que la honte d'être renvoyé demain.

DUBOIS __ Eh bien, vous vous en retournerez.

DORANTE __ Cette femme-ci a un rang dans le monde, elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien ?

DUBOIS __ Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame.

DORANTE __ Quelle chimère !

DUBOIS __ Oui, je le soutiens. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise.

DORANTE __ Elle a plus de cinquante mille livres de rente Dubois.

DUBOIS __ Ah ! vous en avez bien soixante pour le moins.

DORANTE __ Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable ?

DUBOIS __ Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu'elle ne pourra se soutenir qu'en épousant ; vous m'en direz des nouvelles. Vous l'avez vue et vous l'aimez ?

DORANTE __ Je J'aime avec passion. et c'est ce qui fait que je tremble !

DUBOIS __ Oh ! vous m'impatientez avec vos terreurs : Oh que diantre ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous quitte ; j'entends quelqu'un, c'est peut-être Monsieur Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) A propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L'amour et moi, nous ferons le reste.

SCENE III

MONSIEUR REMY, DORANTE

MONSIEUR REMY __ Bonjour, mon neveu ; je suis bien aise de vous voir exact. Mademoiselle Marton va venir, on est allé l'avertir. La connaissez-vous ?

DORANTE __ Non, monsieur, pourquoi me le demandez-vous ?

MONSIEUR REMY __ C'est qu'en venant ici, j'ai rêvé à une chose... Elle est jolie, au moins.

DORANTE __ Je le crois.

MONSIEUR REMY __ Et de fort bonne famille : c'est moi qui ai succédé à son père ; il était fort ami du vôtre ; homme un peu dérangé ; sa fille est restée sans bien ; la dame d'ici a voulu l'avoir, elle l'aime,

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