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Marivaux, Les Fausses Confidences (Acte I, scène 2).

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Par   •  5 Avril 2015  •  1 391 Mots (6 Pages)  •  4 176 Vues

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Texte : Marivaux, Les Fausses Confidences (Acte I, scène 2)

De « DORANTE, DUBOIS, entrant avec un air de mystère. » à « Tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L’amour et moi nous ferons le reste. »

Introduit dans la maison d’Araminte pour y briguer une place d’intendant, Dorante y retrouve son ancien valet, Dubois. Dans cette scène d’exposition, leur conversation jette un éclairage inattendu sur les véritables motifs de l’arrivée du jeune homme chez cette riche veuve.

I - UNE SCENE D’EXPOSITION THÉATRALE : UN AIR DE MYSTÈRE

Succédant à une courte scène où l’on a vu Dorante aux prises avec l’importune sollicitude d’Arlequin, cette seconde scène est la véritable exposition de la pièce. A travers le dialogue des personnages, on apprend quelles circonstances ont conduit Dorante chez Araminte, tandis que leur comportement éveille la curiosité du public quant à la suite des événements. Après le déambule comique de la première scène, le ton change brusquement, et les retrouvailles des deux hommes prennent des allures de complot. La didascalie initiale précise en effet que Dubois entre en scène « avec un air de mystère ». Suivent des questions qui renforcent cette impression (1. 7 et 10). L’allusion à ce « projet », que reprendra Dorante un peu plus loin, épaissit le mystère et ménage un « suspens » propre à piquer l’intérêt des spectateurs, qui s’interrogent aussi sur l’étrange relation qui semble unir Dorante et Dubois. Au tutoiement de l’un répond le vouvoiement de l’autre. C’est néanmoins ce dernier qui pose les questions, et donne les consignes (1. 8).

II - L’ART DE L’EXPOSITION THÉATRALE : LA MISE EN RÉCIT

Une longue tirade de Dorante dissipe le mystère à propos de sa relation avec Dubois, et de la manière dont il a été introduit dans la maison. L’inclusion de ce récit permet de faire « l’historique» de la situation présente. Sans se perdre dans les détails, Dorante résume les informations indispensables. Une accumulation de subordonnées précipite le rythme des événements, et le jeu des temps verbaux fait se télescoper les époques, en mêlant étroitement le présent (« il me présente », «il se trouve, il ne sait point ») et le passé (« je lui ai parlé », « qui m’as adressé à lui », «il m’a dit »). Glissement encore accentué par la proximité des indices temporels «hier» et « ce matin ». La tirade de Dorante donne aussi la clef du mystère de sa relation avec Dubois, qui se révèle être l’instigateur de ce « projet » qui soude les deux personnages (« notre projet ») dans une complicité qui inverse leurs conditions sociales, l’ancien valet s’instituant protecteur et bienfaiteur de son ex-patron (lequel insiste à deux reprises sur la « reconnaissance» qu’il lui doit).

III - LES AMBIGUÏTÉS DE LA FORTUNE DANS LES FAUSSES CONFIDENCES

Entre les deux occurrences du mot « fortune » employées par Dorante, apparaît le terme « argent ». C’est Dubois qui le prononce, comme s’il revenait au subalterne de se soucier des questions d’intendance.

Le mot inaugure une série de variations sur ce thème, de « la grande charge dans les finances » attribuée au mari de la veuve (et qui sous-entend la richesse de cette dernière), à la formule péremptoire de Dubois à la fin de la scène (» on vous enrichira »), en passant par le jeu des mots sur la « mine » et le « Pérou ». Ce réseau thématique inscrit en filigrane du texte une réalité obsédante qui jette quelque ambiguïté sur cette « fortune» dont parlait Dorante. Certes, le mot est synonyme de «bonheur », au moins dans la première de ses occurrences. Dans la seconde, il ne peut être dissocié de son sens matériel, d’autant qu’il fait écho au regret de Dubois « si j’avais bien de l’argent ». La fortune que poursuit Dorante appartient-elle au domaine du sentiment, ou à celui du profit? Toute l’intrigue de la pièce joue sur cette incertitude, effleurant cette zone trouble du cœur humain où l’amour côtoie l’intérêt et le mensonge, la sincérité.

IV - UNE FEMME INACCESSIBLE?

Au fil de ce dialogue se précise un portrait de l’héroïne demeurée invisible jusqu’alors. Cette présentation d’un personnage

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