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Les Fables de La Fontaine (parcours de Flammarion)

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Par   •  28 Décembre 2013  •  Analyse sectorielle  •  3 444 Mots (14 Pages)  •  748 Vues

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Les Fables de La Fontaine (Cours tiré de l’édition Flammarion)

L’œuvre constitue en effet une réécriture des fables d’Ésope et de Phèdre, entre autres sources possibles, et les fables de La Fontaine ont elles aussi été l’objet de multiples réécritures. Cette approche permet de poser la question de l’originalité et du sens qu’elle revêt à l’âge classique. On mentionnera la célèbre querelle des Anciens et des Modernes, qui traduit des conceptions de l’histoire et de l’art s’opposant avec vivacité au XVIIe siècle, mais présentes à toutes les époques. Entre l’attachement à la tradition et la croyance au progrès, la nécessité de l’imitation et la valorisation de l’originalité, La Fontaine se garde bien de toute position caricaturale : il fait le choix des Anciens, sans renoncer à la dimension personnelle de son inspiration. En étudiant diverses formes de réécritures, on s’interrogera donc sur les évolutions du genre de la fable et on se demandera en quoi de telles reprises constituent un hommage, en même temps qu’une prise de distance, à l’égard du texte originel.

Lire La Fontaine aujourd’hui

L’apologue, dont la fable est l’une des déclinaisons les plus répandues, est un genre essentiel dans l’histoire de la littérature. La Fontaine lui-même, dans sa préface, en rappelle le poids historique : « C’est de tout temps, et chez tous les peuples qui font profession de poésie, que le Parnasse a jugé ceci de son apanage 1. » L’écriture des fables serait intemporelle et universelle, liée au besoin humain de récit et au rôle de l’imagination dans le plaisir et l’accès à la connaissance. On ne saurait donc en aucun cas en négliger l’étude.

Mais il n’est sans doute pas si simple de rendre un élève d’aujourd’hui sensible au charme délicat de ces petits récits qui mettent en scène des animaux. La Fontaine craint beaucoup l’ennui, c’est pourquoi il s’est attaché à « désennuyer 2 » la parole poétique, menacée dans sa vigueur par l’épuisement des modèles anciens et par une vaine quête de nouveauté. On peut de ce fait insister sur le choix de la « diversité » qui donne aux fables une partie de leur richesse. La Fontaine présente sur un rythme soutenu et varié, dont on peut mettre en évidence la modernité, des situations drôles, émouvantes ou cruelles.

L’œuvre ne s’adresse toutefois pas exclusivement à l’enfant qui est en nous. La Fontaine a écrit ses fables alors qu’il avait déjà une quarantaine d’années. Elles sont le fruit de la réflexion d’un homme mûr, qui s’exprime avec toute la densité et la subtilité que lui impose le choix du vers et d’un genre bref. La Fontaine dit peu pour signifier beaucoup. L’histoire de la réception des Fables est de ce fait marquée par de nombreuses méprises et, en tête, celle de l’institution scolaire qui propose aux enfants un nombre restreint et toujours identique de fables, comme autant de petits récits dont il faudrait retenir la sagesse empreinte de conformisme. La fable perd ainsi sa part d’ombre, pour ne devenir que le brillant témoignage du Grand Siècle et de l’esthétique classique triomphante. On ne saurait souscrire à cette opinion de Valery Larbaud : « Et au bout de chaque fable, il y avait une morale, quelque réflexion bien plate, et bien prosaïque, qui nous donnait l’impression que tout ce qui précédait n’avait été dit que pour en venir là 3. » Il convient au contraire d’analyser la complexité des articulations entre le récit et la moralité. Lire ou relire les Fables doit permettre de découvrir l’audace critique de La Fontaine sur les questions de politique, de morale ou de philosophie. Le fabuliste est loin d’être un simple courtisan, asservi au pouvoir absolu de Louis XIV 4. Il ne se livre pas non plus à une condamnation sans appel des passions, dont il montre qu’elles sont sources de plaisir et parfois même de connaissance. Avec souplesse et indulgence, il nous invite à réconcilier le corps et l’esprit. Plus généralement, il nous demande de ne pas être dupes des discours préétablis, et de leur préférer le doute et l’indécision, inévitables et, paradoxalement, plus féconds que les prétendues évidences de la raison. Les Fables constituent donc pour chacun une salutaire leçon de vie, et de lecture.

1.
La Fontaine, Fables, préface.

2.
Jean-Charles Darmon, Philosophies de la fable. La Fontaine et la crise du lyrisme, Paris, PUF, 2003.

3.
Valery Larbaud, Enfantines, « Devoirs de vacances », Paris, Gallimard, 1918.

4.
Il faudrait toutefois se garder d’une interprétation trop exclusivement politique des Fables, qui ne portent pas toutes une défense de Fouquet et/ou une critique de Colbert (voir René Jasinski, La Fontaine et le premier recueil des Fables, Paris, Nizet, 1966, 2 vol.).

Un mouvement littéraire et culturel : le classicisme

Dans quelle mesure La Fontaine peut-il être considéré comme un écrivain classique ?

On rappellera que c’est à l’époque romantique, a posteriori, que le sens actuel du terme s’impose. Les écrivains du XVIIe siècle n’avaient pas conscience d’être des « classiques ». Il faut donc user avec prudence de ce terme qui regroupe des écrivains fort différents. Les critères d’ordre, d’équilibre et de clarté apparaissent comme essentiels. Les Fables sont-elles fidèles à ces exigences ? La Fontaine admire les Anciens, qu’il affirme imiter. Il donne à ses fables une dimension intemporelle et universelle, ce qui est une ambition récurrente pour les écrivains classiques. Mais son écriture poétique est fondamentalement originale : il pratique l’art de la variation et du mélange (des registres, des types de vers…) et préfère les « clairs-obscurs 2» de l’imagination aux fausses clartés de la raison.

Comment La Fontaine s’inscrit-il à la fois dans la tradition du genre de l’apologue, tout en conférant à la fable un charme renouvelé ?

 La fable, entre tradition et modernité (1 heure)

La fable et son personnel...

En s’appuyant sur la présentation et sur quelques textes dans lesquels La Fontaine évoque sa poétique, on peut définir le genre de l’apologue et la fable. Bien que les critères de définition soient loin d’être évidents, on peut retenir que la fable est un court récit, dont on tire une moralité.

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