LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Commentaire Composé de la fable les Deux Coqs de Jean de la Fontaine

Dissertation : Commentaire Composé de la fable les Deux Coqs de Jean de la Fontaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Mars 2013  •  3 332 Mots (14 Pages)  •  6 948 Vues

Page 1 sur 14

Commentaire composé :

La fable « Les deux Coqs » est extraite du livre VII des Fables de La Fontaine, recueil publié entre 1668 et 1693. Elle met en scène deux coqs qui se livrent combat pour une poule. Le vainqueur crie sa victoire sur tous les toits et se fait attraper par un vautour. Le vaincu revient finalement près de la poule et gagne l’admiration de toutes les autres poules. Cette fable assez courte livre une morale à travers un combat de gallinacés : chanter victoire peut s’avérer dangereux, et mieux vaut parfois rester discret. Cette fable, mettant en scène des animaux sur un mode burlesque pour délivrer une morale plus profonde, n’a en cela rien de particulier par rapport aux autres fables, plus connues, de la Fontaine. L’originalité de cette fable tient dans le travail sur l’intertexte nettement plus développé et affiché que dans les autres fables du recueil. Si La Fontaine a pu dire « Mon imitation n’est point un esclavage », il n’en reste pas moins que le fabuliste du XVII°s reste souvent très proche d’Esope, fabuliste grec. C’est d’ailleurs à partir des fables de ce dernier que La Fontaine a rédigé les siennes. Il conviendra donc de voir en quoi celui-ci parvient à créer une nouvelle œuvre littéraire à partir de l’apologue grec souvent bref et sentencieux.

Nous verrons ainsi dans une première partie l’organisation du récit et son caractère burlesque qui constitue le travail de réécriture, puis dans une seconde partie, la portée de la morale.

I. Un jeu entre deux mondes : la fable réversible

Il est intéressant de noter en effet que toute la fable repose sur un principe d’inversion : La Fontaine mélange volontairement le monde humain et le monde animal, la grandeur épique et le trivial, et en cela, la fable suit assez volontairement la tradition du genre avec néanmoins certaines inventions.

A. Entre l’homme et l’animal

Ce procédé se trouve dans la majorité des fables du recueil. Il n’est pas étonnant de le rencontrer ici :

1. Le bestiaire

Les personnages de la fable sont tous des volatiles : deux coqs, une poule, un vautour. Ils conservent leurs attributs d’animaux : la « crête », le « plumage », le « bec », les « flancs », le « caquet » (suites de gloussements et de petits bruits émis par la poule après la ponte), « l’ongle du Vautour » … On entend même les ailes du coq qui « battait l’air ». C’est tous les membres de cette « gent qui porte crête », admirable périphrase pour désigner les habitants de cette basse-cour, qui défilent sous la plume de La Fontaine. Il donne ainsi à voir une scène de poulailler (« Son vainqueur sur les toits/S’alla perché), une simple « prise de bec ».

2. L’animal humanisé

Pourtant, l’association de certains termes, l’utilisation d’actions proprement humaines donne à ce « combat » un réalité plus sociale : la basse-cour devient alors « voisinage », le terme connoté de « gent » (Ensemble d'individus possédant un caractère physique, moral ou intellectuel commun; exerçant une même activité, appartenant à une même classe sociale) et de « spectacle », qui confère un intérêt visuel au banal combat. L’opposition entre « vainqueur » et « vaincu » présente la même idée d’une hiérarchisation social et humaine entre les volatiles. Certains verbes étonnent par leur caractère résolument humain: « pleura » (l.12), « s’armait » (l.18), « chanter » (l.20), « faire le coquet » (l.26) … Enfin, les humeurs de ces coqs n’ont rien d’animal : « ses amours » (l.12), « fier » (l.13), « sa haine et son courage» (l.15), « une jalouse rage » (l.18), l’ « orgueil » (l.23) … De plus, l’évocation des poules ne laisse aucun doute : « Hélène au beau plumage », « des femmes en foule » … C’est bien d’hommes qu’il s’agit.

Cette première analyse nous permet donc de dire que cette fable au premier abord reste dans la continuité de son modèle antique ; La Fontaine prend pour acteurs des animaux mais la majuscule des noms communs (« Coqs », « Poule », « Vautour » …) montre bien l’aspect archétypal de ces animaux, dont l’animalité permet la caricature d’un vice humain. Le coq ne supporte pas la concurrence, la poule est une figure attirante …

B. Le burlesque

La Fontaine reflète peut-être davantage le goût de son époque dans sa manière de traiter le burlesque. Pour en donner une définition simple, on peut dire qu’au XVIIème, c’est un genre parodique souvent en vers dont le propos est de travestir de manière comique soit le plus souvent une œuvre de style, noble, en prêtant aux héros des actions et des propos vulgaires et bas : Scarron a mis l'Énéide en vers burlesques ; soit, inversement et plus rarement, un sujet peu élevé en prêtant aux personnages des actions et des propos élevés et nobles (le terme exact est dans ce cas héroï-comique). C’est sous sa première forme qu’il apparaît dans Les deux coqs.

1. Un jeu avec une culture préexistante : la Guerre de Troie

La fable, première originalité, se veut une réécriture, non d’Esope ou de Phèdre, mais d’Homère et de son Iliade. La scène de bas-cour est alors transposée dans le registre épique, ce qui ne manque pas de produire un effet comique. L’évocation de certains grands noms de la légende nous place dans une intertextualité dégradée : « Amour, tu perdis Troie », cette formule solennel soulignée par l’apposition du sujet et la tournure vocative (apostrophe) fait directement référence à l’origine de la Guerre de Troie, l’enlèvement d’Hélène par Pâris. Autre exemple : le Xanthe, fleuve qui arrose la plaine de Troie, fut témoin de combats acharnés et récolta le sang de Mars et Vénus blessés par Diomède. Le pluriel qui accompagne le terme « dieu » nous plonge dans l’Antiquité du polythéisme … Tous ces éléments de la grande épopée d’Homère contraste avec la réalité triviale du combat.

2. La réalité du combat

Le combat structure le récit (un système d’opposition : « paix »/« guerre », « querelle », « vainqueur »/ « vaincu », « défaite »/« victoire » …). Si c’est effectivement une guerre entre les Troyens et les Archéens, entre Priam et Agamemnon, à laquelle on assiste, ses conditions mêmes détruisent toute forme de grandeur. Le burlesque émerge alors : les deux premiers vers, par la rapidité de la mise en place du conflit (le jeu entre l’imparfait duratif associé

...

Télécharger au format  txt (19.9 Kb)   pdf (184 Kb)   docx (16.5 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com