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Moderato cantabile, Marguerite Duras, lecture analytique

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Par   •  17 Avril 2018  •  Commentaire de texte  •  2 386 Mots (10 Pages)  •  7 534 Vues

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Marguerite Duras, Moderato Cantabile (1958)

Lire Manuel p 39 + fiche biographique de l’auteur

Lecture analytique :

Introduction :

En réaction contre le roman réaliste traditionnel, de jeunes écrivains dans les années 1950 ( Alain Robbe-Grillet, Claude Simon…) bousculent la façon de créer un personnage, jusqu’à le faire disparaitre, parfois. Ce courant littéraire qu’on appelle le Nouveau Roman donne la primauté au regard et se refuse à la psychologie.

Marguerite Duras, un auteur qui appartient à ce courant.

Moderato Cantabile : roman qui doit son nom à une indication de rythme dans une partition musicale que l’enfant d’Anne D. s’obstine à ne pas respecter lors de ses leçons de piano. Cet œuvre a aussi donné lieu à une adaptation cinématographique portées par les comédiens jeanne Moreau et Jean-Paul Belmondo.

Cet extrait : chapitre VII : techniquement il se trouve en opposition avec tous les autres chapitre du roman et son mode de fonctionnement constitue une flagrante infraction aux codes de ce même roman. Il s’agit du chapitre du « saumon » parce que la « dévoration » de cet animal en est le sujet principal. Il raconte un dîner chez Anne Desbaresdes, cérémonieux autant pas son menu : saumon, canard à l’orange, glace que par le respect de toutes les règles du savoir-vivre.

Il met en scène Anne D. dans un dîner bourgeois donné chez elle, juste après un rendez-vous avec Chauvin, l’ouvrier de l’usine de son mari. Avec ce quasi-inconnu, elle n’a de cesse d’échanger des suppositions à propos d’un crime passionnel survenu récemment dans le quartier. Ce meurtre la trouble tout autant que ses échanges avec cet homme.

Anne est arrivée en retard à ce dîner s’étant attardée plus que de coutume au café du port. Elle y assiste, sourde à tout, muette et absente, en proie à l’ivresse et au désir de l’homme qui pendant ce temps rôde sur le boulevard de la Mer.

L’intérêt du passage proposé réside dans la mise en œuvre d’une scène à la fois romanesque et poétique vécue par un personnage esseulé.

Problématique :

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Annonce du plan :

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(Remarque : Vous trouverez :

- en gris les procédés et outils d’analyse,

- en italiques les citations,

- en souligné les interprétations)

-

I) Les infractions à la mondanité du repas, aux codes sociaux

a. La mise en scène du personnage : l’exclusion du personnage

- Elle porte un nom (onomastique réaliste) et un prénom qui sont toujours donnés ensemble : « Anne Desbaresdes » : répété à trois reprises dans l’ensemble de l’extrait. : répétition volontaire.

- C’est la seule à être nommée dans la scène, les autres femmes sont réduites à un groupe nominal simple : « d’autres femmes » (l4), « les femmes »(l9), puis des pronoms : « elles », « l’une d’ elles » pour enfin n’être réduites qu’à un pronom indéfini « on » (l 31, 34,38) et un « quelqu’un » (l28) qui occuperont toute la deuxième moitié du texte

 Volonté délibérée de dessiner un personnage doté d’une identité propre face à un groupe anonyme et impersonnel (dans lequel se mêlent les invités, sans doute aussi des hommes, le mari d’Anne jamais évoqué et le domesticité)

 Le personnage apparaît seule face à un groupe.

- Un personnage quasi-immobile :

Les actions des personnages sont relatées au présent : l’action n’en semble que plus lente et ralentie à la manière d’un scénario de film : « Anne Desbaresdes boit de nouveau un verre de vin…elle découvre…d’autres femmes boivent… » Cette manière de narrer les actions successives dans une certaine linéarité a pour vocation de montrer une scène lente et progressivement arrêtée sur le personnage principal à la manière d’un effet de zoom cinématographique. (c’est un procédé que l’on retrouve régulièrement chez cet auteur qui écrit ses romans à la manière de scenarii. Par cette manière de représenter la scène, le narrateur nous donne le sentiment que notre regard ne doit s’attacher qu’à ce personnage détaché des autres.

- L’absence de variation dans la désignation pronominale « elle » : un moyen d’obliger le lecteur à ne suivre que ce personnage immobile, attablé et isolé des autres.

- Elle n’agit pas contrairement aux autres. Quand les autres boivent la description est plus active : « elles lèvent leurs bras nus ». Anne ne mange pas, « les femmes, elles se servent » (l9)

- Le narrateur joue à opposer un plat qui circule avec une personnification presque comique : « le canard suit son cours » (l28) à l’immobilité crispée d’Anne .

b. Le scandale de l’ivresse

- Première entorse au cérémonial d’un tel dîner : Anne a bu et elle boit du vin : « un verre de vin tout entier » (l1), à table entre les plats. (le saumon vient de quitter la table, le canard à l’orange est attendu) : ivresse ?

- Ivresse inacceptable : on cherche des explications : elle est malade, la fleur de magnolia en serait la cause (l26 et 32), malgré les dénégations d’Anne,

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