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Lecture Le Hussard sur le Toit Jean Giono

Cours : Lecture Le Hussard sur le Toit Jean Giono. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Février 2018  •  Cours  •  12 446 Mots (50 Pages)  •  1 346 Vues

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Jean Giono écrivait à un de ses amis avant que le livre ne sorte « Le Hussard sur le Toit. Voilà un livre qui ne plaira pas. Il cherche à dire son fait en riant et tout le monde fait des pieds et des mains pour se prendre au sérieux. »

Outre que l’histoire lui donna tort car le livre fut un succès aussi bien auprès du public que de la critique, ce passage révèle une caractéristique intéressante de l’œuvre, son côté riant qui n’est pas évident pour une œuvre pleine de cholériques, c’est-à-dire d’hommes et de femmes qui se noient dans leur vomi, meurent dans leurs déjections et finissent par mourir à l’air libre, dévorés par des oiseaux toujours en proie à quelque festin… Ce que Giono nomme son côté riant est une certaine constance de l’écriture, un certain détachement par rapport à ce qui est raconté.

L’œuvre se déroule dans le midi de la France, lors d’une épidémie du choléra. Pour une raison que l’on ignore et que l’on continuera à ignorer, un homme, Angelo, doit traverser la campagne pour se rendre au Château de Ser… Pourquoi ? Pour voir qui ? Nous ne le saurons jamais vraiment, et ce n’est pas l’itinéraire du voyage qui compte que le voyage lui-même. Durant les quatorze chapitres que dure l’œuvre, nous suivons ce hussard lors de ses pérégrinations dans une région en proie à une épidémie de choléra qui sème la mort de façon terrible.

Très stendhalien dans sa composition et dans sa narration, le Hussard sur le Toit est une œuvre complexe et riche et teintée d’un certain mystère :

  • Mystère sur les personnages, dont on n’apprend que tard qui ils sont, ce qu’ils font, pourquoi ils le font
  • Mystère sur le mal qui touche les hommes : le choléra
  • Mystère sur le sens de la maladie.

A l’instar des grands romans stendhaliens, le Hussard sur le Toit utilise la focalisation interne à l’exception de son incipit et de son premier chapitre. Passées les premières pages, on ne voit rien, on ne vit rien qui ne soit vu au travers des yeux du personnage principal.

Mais ce que l’on voit, c’est une immense désolation, un pays livré à lui-même, livré à la mort, livré au choléra. Comment vivre dans un tel monde ? Comment survivre ?

Il faudra que nous nous interrogions sur la signification de ce choléra, de ce mal qui touche les hommes du monde inventé par Giono (car ce n’est décidément pas un roman réaliste), car ce choléra est particulièrement dévastateur. Disons le tout de suite, il n’a jamais été aussi meurtrier dans la vérité, lors des grandes épidémies comme celle de Paris en 1832 (donc contemporaine du cadre du roman), la mortalité était située aux alentours de 5 à 10% des personnes infectées. Cependant, l’auteur utilise la maladie comme un mal, le mal qui vient attaquer les sociétés et révéler l’homme dans son essence. Le but est de montrer l’homme sans défense face à, je cite, « la nature en train de régler ses comptes au crayon rouge », comme le disait l’auteur dans une lettre. Il s’agira de comprendre en quoi le choléra est un révélateur de la nature humaine et comment le héros traverse cette épreuve grandi par son parcours.

Nous étudierons donc d’abord la structure du roman (I) avant de nous intéresser au traitement qui est réservé à l’épidémie (II) puis de nous pencher sur deux textes précis, la mort du petit français (III.A) et un élément du discours du vieux médecin du chapitre XIII (III.B).

  1. Structure de l’œuvre
  1. Un concerto littéraire, structure narrative
  2. Les personnages
  1. Angelo
  2. Pauline
  3. Giuseppe
  4. Le petit français
  1. Le traitement de l’épidémie
  1. Un personnage omniprésent
  2. « Une épidémie de peur »
  3. Le voyage d’Angelo, une catabase
  1. Lectures analytiques
  1. La mort du petit français (Chapitre III, pages 286-287 « Le jour était levé. … “Pauvre petit français”, dit Angelo »)
  2. Le discours du vieux médecin (chapitre XIII, page 605-606 « Les villes ne manquent pas que de chlorure … il n’y avait pas eu un seul décès du choléra depuis le début de l’épidémie. »)

  1. Structure de l’œuvre
  1. Un concerto littéraire, structure narrative

Vous avez pu lire le résumé détaillé de l’œuvre, c’est pourquoi il ne me reste plus qu’à vous en montrer les grandes lignes narratives et détaillant la structure narrative de l’œuvre qui prend la forme d’un concerto mozartien.

Il existe plusieurs découpages pertinents de l’œuvre. Le livre est découpé en quatorze chapitres inégaux en longueur, les plus longs d’une soixantaine de page, les moins longs d’une vingtaine. Le livre garde l’esprit d’une chronique suivant les pérégrinations du personnage d’Angelo d’abord vers le château de Ser, puis, dès qu’il a quitté Giuseppe, vers un lieu plus incertain, qui trouve un but lorsqu’il commence à voyager avec Pauline. Malgré son côté très libre, c’est une œuvre très structurée.

Le premier découpage qui s’impose est en cinq parties :

  1. Les pérégrinations d’Angelo solitaire (chapitres I à V)
  2. Manosque, les toits et la religieuse (chapitres VI et VII)
  3. La vie dans les collines (chapitres VIII et IX)
  4. Le voyage avec Pauline (Chapitres X et XI)
  5. Dialogues finaux et épilogue (chapitres XII à XIV)

Ces parties correspondent au mouvement de l’œuvre dans la perspective d’une opposition de la pureté et de la corruption, d’une quête au cours de laquelle Angelo s’affranchit progressivement, devenant un héros.

Un autre découpage est particulièrement pertinent et fait appel à la musique, à l’esthétique du concerto, en particulier de Mozart. En effet un concerto est une œuvre pour orchestre et soliste, l’orchestre serait le monde dans lequel évolue le héros, le soliste Angelo. Les concertos sont découpés en trois mouvements, plus particulièrement ceux de Mozart, on a un allegro initial, mouvement rapide, puis un adagio, mouvement lent, et enfin un presto final, mouvement très rapide. Or, dans l’œuvre, on peut retrouver cette structure quasiment calquée lorsqu’on étudie la temporalité de l’œuvre. On aurait alors un découpage qui donnerait ceci :

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