Le hussard sur le toit Jean Giono

JEAN GIONO

Jean Giono est né à Manosque le 30 mars 1895, au cœur de cette Provence, dans laquelle s'ancrera son œuvre. Il est d'origine italienne par son père piémontais et d'origine provençale par sa mère. Sa famille est modeste mais il s’en dégage dans les oeuvres de Giono une aura mythologique, comme on peut le voir avec la figure du grand-père carbonaro, dit Jean-Baptiste, qui est une des sources d'Angelo et également le prototype mythique d’un homme qui serait de plain-pied avec le réel, dût-il en mourir. Giono a d'abord tenté dans ses oeuvres de définir les conditions du « mélange de l'homme et du monde », mais il aboutit au constat de plus en plus amer de son impossibilité. À ce premier échec s'est ajouté celui de son engagement très actif dans le pacifisme, qui se solda par son emprisonnement d'octobre à novembre 1939. Un second séjour en prison pour « collaboration » en 1944 achève de le marquer ; désormais, il n'essaiera plus d'infléchir le cours de l’histoire. Giono va devenir, à partir de 1948, un lecteur très attentif de Machiavel qui le confirme dans son scepticisme politique : « On assouvit une passion égoïste dans les combats pour la liberté » (Voyage en Italie, 1953). Il meurt à Manosque, le 8 octobre 1970. La critique a ensuite oeuvré a ce que les travaux de Giono soit reconnu à leur leur juste valeur en excluant les différents scandales politiques ayant entachés son oeuvre. A côté de son œuvre romanesque, de nombreuses nouvelles (notamment sur le banditisme et l’honneur provençal, les Récits de la demi-brigade par exemple) et une intense activité jounalistique (il couvre par exemple le procès Dominici).

Le hussard sur le toit Jean Giono

L’œuvre de Jean Giono narre les pérégrinations d’Angelo en fuite en Provence, chargé de retrouver son frère de lait Giuseppe. Sa quête se voit entravée par une fulgurante épidémie de choléra amenant chacun à se révéler tel qu’il est, dans tout son égoïsme et sa lâcheté, tant politique que quotidienne. Angelo rencontre notamment Pauline de Theus, jeune femme qu’il va aider à rejoindre son mari avant de retourner en Italie pour servir la révolution et permettre le triomphe de la patrie. Quelques informations sur le personnage d’Angelo : Fils naturel de la duchesse Pardi, c'est un soldat de métier qui a acheté son brevet de hussard. Âgé de vingt-cinq ans, mêlé à des complots politiques, il a tué en duel un baron autrichien et dû fuir l'Italie pour la France.

L’étude proposée ne s’axe pas tant sur la rame narrative que sur les réflexions du héros quant au combat qu’il entend mener à son retour d’exil. Porté par sa conception théorique de la nation italienne en devenir, la confrontation avec l’horreur épidémique et l’injustice amène Angelo à sonder à nouveau ce qu’il considérait jusque-là comme essentiel. Ses premières rencontres avec les Français, notamment avec un ancien soldat de Napoléon tenant une auberge délaissée de tous, l’amène à sourire des rêveries françaises nostalgiques d’une époque résolue tandis que les Italiens sont plus actifs :

 « Maintenant qu’il n’y a plus à se battre que contre des tisserands qui réclament le droit de manger de la viande une fois par semaine (…) ils vont rêver à Austerlitz dans les bois plutôt que de chanter « Vive Louis-Philippe » sur le dos des ouvriers. Cet homme sans chemise n’attend qu’une occasion pour être roi de Naples. Voilà ce qui fait la différence des deux côtés des Alpes. Nous n’avons pas d’antécédent et cela nous rend timide. » (Chapitre I)

Angelo concède toutefois que la cause qu’il défend peut apparaître aussi mince que celle de son interlocuteur :

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