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Le roman a-t-il pour seule ambition de refléter la société de son temps ?

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Par   •  4 Mars 2022  •  Dissertation  •  2 757 Mots (12 Pages)  •  251 Vues

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                                       Proposition de corrigé
                  Le roman a-t-il pour seule ambition de refléter la société de son temps ?

     Une œuvre littéraire est, dit-on, le produit d’une époque. Aussi quand Stendhal, à l’aube du courant réaliste, affirme que le roman « est un miroir que l’on promène le long d’un chemin », s’interroge-t-on sur le reflet qui est renvoyé, notamment dans le roman de Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves qui servira principalement de base à cette réflexion. Comment l’illusion romanesque qui consiste à rendre vraisemblable la fiction littéraire en en proposant un univers qui tient à la fois de la reconstruction et de la création, peut-elle rendre compte de la société d’une époque ? Autrement dit, le reflet du miroir, pour reprendre la métaphore de Stendhal, n’est-il pas transformé, déformé, voire tronqué, dès lors que la réalité devient matière romanesque ? Il est vrai que les romanciers ont cherché à restituer le réel. Mais il est clair aussi que le roman transforme de simples existences en destins et en symboles. Enfin, au-delà du reflet, il est évident que le roman ouvre un espace de réflexion et d’analyse. 

Commentaire de l’introduction : Un seul paragraphe mais 4 étapes, un alinéa pour commencer : 1° Phrase 1 = entrée en matière. /2° Le passage en gras= pose du sujet (rappel : les titres des œuvres sont en italique si traitement de texte ; ils sont soulignés dans un devoir manuscrit, ici les deux procédés sont associés pour marquer les esprits !) / 3° Problématique /4° annonce du plan (ici dialectique).

De nombreux romanciers affichent l’ambition de rendre compte du réel, à l’instar de Balzac qui annonçait même vouloir « faire concurrence à l’état civil ». Ainsi les personnages autour desquels se construit l’intrigue romanesque sont-ils dotés d’une identité. Dans La Princesse de Clèves, Mme de la Fayette, qui s’adresse à un public aristocratique, puise dans une onomastique où les titres comme ceux du prince de Clèves, du Vidame de Chartres ou du duc de Nemours, renvoient à des noms de terres que pouvaient identifier ses lecteurs. De même, quand Stendhal baptise son héros Julien Sorel dans Le Rouge et le noir, et que Flaubert fait de Frédéric Moreau et de Marie Arnoux le couple de L’Éducation sentimentale, les deux romanciers orientent leurs lecteurs vers des milieux plus ordinaires, plus proches de leur quotidien. Les personnages sont en effet inscrits par leur nom dans un milieu social précis, au point que le héros de Maupassant dans Bel Ami, Georges Duroy, voit la nécessité de modifier son patronyme au fur et à mesure qu’il franchit les étapes de son ascension sociale. Duroy est d’abord décomposé en Du Roy, puis devient  Du Roy de Cantel, offrant artificiellement une particule à l’ambitieux cynique qui finit par épouser la fille de son patron. A ce titre, le roman est bien le reflet d’une réalité sociale où le nom est le signe d’une réussite. Et si Maupassant explore dans ce roman le monde de la presse en plein essor au XIXème siècle et ses relations ambiguës avec les milieux d’affaires ainsi que les pouvoirs politiques, Mme de la Fayette, dans La Princesse de Clèves, met en scène l’univers fastueux de la haute aristocratie à travers le tableau de la Cour de Henri II. C’est donc toute une vie fastueuse qui se déploie sous les yeux du lecteur, vie rythmée par les bals, les jeux, les tournois et les intrigues tant politiques qu’amoureuses, renvoyant le reflet de la « magnificence et (de) la galanterie » qui éclairèrent « les dernières années du règne de Henri second ». Il s’agit bien alors de capter l’éclat de cette société brillante.

  En outre, les romanciers font évoluer leurs personnages dans un cadre spatial qui fournit aux lecteurs des repères facilement identifiables, inscrits dans une géographie réelle. Ainsi le roman de Mme de La Fayette se déroule en partie au château royal du Louvre à Paris : c’est là que s’active la Cour du roi Henri II. On peut suivre l’héroïne dans les appartements de la Dauphine qui réunit autour d’elle des courtisans choisis et à l’affût des rumeurs de galanterie. On la suit chez la reine, Catherine de Médicis, qui pour plaire à son époux volage convie « tout ce qu’il y a de plus beau et de mieux fait de l’un et de l’autre sexe » à la Cour. L’action se déplace ailleurs au gré des désirs du roi, à Chambord par exemple, ou au gré des nécessités politiques, à Compiègne. L’espace dans ce roman est exclusivement aristocratique comme le rappelle la « maison » de Coulommiers où la princesse se retire à la campagne. Mme de la Fayette évoque alors un espace propice à la rêverie, au repos comme ceux que possédaient sans doute ses lecteurs, partageant avec les personnages du roman un même art de vivre quasi immuable. En revanche, chez Zola les lieux, tout aussi identifiables par le lecteur, rendent compte des transformations de la société. Dans La Curée, le romancier montre la métamorphose de Paris pendant le Second Empire avec les grands travaux du baron Haussmann. Dans Le Bonheur des dames c’est tout un quartier qui est redessiné avec l’installation du grand magasin de nouveautés d’Octave Mouret et dans Le Ventre de Paris, le romancier concentre son intrigue sur le nouveau quartier des Halles. Autant de lieux qui sont familiers aux lecteurs ou qui le deviennent par les descriptions qui en sont faites. Les romanciers d’ailleurs font le choix, surtout à partir du XIXème siècle, d’inscrire leur fiction dans des espaces autres que parisiens. Par exemple Balzac donne une description très précise de Saumur dans Eugénie Grandet, quand Maupassant fait vivre à ses lecteurs l’animation des grands départs des transatlantiques au Havre, à la fin de Pierre et Jean. Ainsi la route au long de laquelle le romancier promène son miroir offre-t-elle des horizons très divers

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