Dissertation Roman et réalisme: le roman vous paraît-il pouvoir être un reflet de la réalité ?

Dissertation : roman et réalisme

Sujet : le roman vous paraît-il pouvoir être un reflet de la réalité ?

Exemples de sujets similaires : Dans quelle mesure le roman permet-il d’accéder à une connaissance du monde et des hommes ?

« Au lieu de composer une histoire, il suffirait, pour obéir à certaines critiques, de se constituer le sténographe de tous les tribunaux de France. Vous auriez alors le vrai dans sa pureté, une horrible histoire que vous laisseriez avant d'avoir achevé le premier volume. […] vous n'en soutiendriez pas la lecture continue. » Balzac, Le Cabinet des antiques, 1839.

« Les Réalistes de talent devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes. », Maupassant, préface de Pierre et Jean, 1887.

« Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. », Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830.

Zola : « les Réalistes du salon », L’Evénement, 11 mai 1866 : « Une œuvre d’art est un coin de la création vu à travers un tempérament ».

Evidemment tous ces sujets n’auront pas exactement la même problématique ni le même plan car ils ne prennent pas tous le problème de la même façon, mais ils traitent en gros du même problème.

Analyse du sujet :

Tous ces sujets portent sur la capacité ou la volonté du roman à décrire la réalité. En effet, le roman prétend le plus souvent apporter au lecteur un enseignement sur la réalité, la montrer au lecteur pour lui faire prendre conscience d’un certain nombre de choses qui lui échappent, lui apporter une expérience élargie en lui faisant connaître de l’intérieur des personnages différents de lui, ou similaires (pour le rendre plus lucide sur lui-même), le faire vivre dans des milieux qu’il ignore, lui révéler des choses sur lesquelles il s’aveugle dans le milieu dans lequel il vit… Globalement, le roman a pour but de mettre en lumière et de montrer de manière concrète la conception du monde de l’auteur.

=> Le roman cherche le plus souvent une certaine forme de réalisme, même avant que ne naissent les écoles réalistes et naturalistes (par exemple, le roman baroque, complètement invraisemblable dans ses intrigues, cherche à atteindre une forme de réalisme dans la peinture des sentiments ; le roman romantique (Hugo) idéalise, mais pour mieux mettre en valeur certains aspects de la réalité).

Cependant cette volonté de réalisme se heurte à deux grands problèmes :

- Le romancier n’est ni un journaliste, ni un psychologue, ni un sociologue ; c’est d’abord et avant tout un artiste => transfiguration artistique (travail poétique : le roman est d’abord et avant tout une fiction + subjectivité de l’auteur, cf. Zola : « Une œuvre d’art est un coin de la création vu à travers un tempérament »).

- La réalité est trop vaste, chaotique et insignifiante => impossibilité matérielle de la rendre telle qu’elle est => nécessité de choisir et ces choix sont forcément un facteur de modification, de reconstruction de la réalité, cf. Maupassant : « Les Réalistes de talent devraient s'appeler plutôt des Illusionnistes. » => c’est une illusion de réalité qu’ils nous proposent.

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⇨ Problématique : compte tenu du fait que le roman est une reconstruction fictionnelle de la réalité, dans quelle mesure est-il apte à rendre compte de la réalité ?

⇨ Plan : I. le romancier cherche le plus souvent à donner une image fidèle de la réalité

II. mais cette reproduction de la réalité a des limites (rencontre des problèmes / n’est pas complètement fidèle)

III. et il n’est d’ailleurs pas souhaitable que le romancier nous offre un pur reflet de cette réalité

I. Le romancier cherche le plus souvent à donner une image fidèle de la réalité

1. Le romancier cherche à instruire son lecteur => son message n’a aucune validité s’il reste complètement déconnecté de la réalité

Le roman est une façon d’élargir l’expérience du lecteur à travers une œuvre fictionnelle qui lui permet de s’identifier à un autre, de vivre sa vie, de s’immerger dans des milieux inconnus, afin de mieux connaître le monde dans lequel il vit => si l’auteur refuse totalement de s’appuyer sur la réalité, on aura affaire à une œuvre de pur divertissement, sans aucune profondeur car elle n’apprendra rien au lecteur.

Cf. opposition entre des œuvres de SF de paralittérature, qui n’apportent qu’un divertissement passager, et des œuvres comme Le Meilleur des mondes de Huxley, qui reposent sur une analyse de notre société pour en montrer les dérives possibles => apporte une réflexion politique au lecteur. Idem pour les romans policiers : opposition entre les romans pour lesquels l’intrigue repose uniquement sur la recherche du coupable, qui sont de purs exercices intellectuels (Agatha Christie, Conan Doyle), et qui sont donc rarement considérés comme des œuvres littéraires, et les « polars » ou « romans noirs » qui visent plutôt à montrer la réalité à travers une intrigue policière et qui sont même le support d’un engagement politique ou social (Pennac, Daeninckx).

Autre exemple : extrait de Madame Bovary de Flaubert dans le corpus : Emma Bovary a passé sa jeunesse à lire des romans de bas étage, qui donnent une vision faussée de la réalité (histoires d’amour romanesques, personnages complètement idéalisés) => cherchera dans la vie réelle le même genre d’expérience => constamment déçue, passe d’amant en amant et finit par se suicider. On peut aussi utiliser l’extrait de Don Quichotte de Cervantes, où le personnage devient complètement fou car il prétend vivre dans la réalité des aventures qui n’ont aucun rapport avec elle (romans de chevalerie) => complètement inadapté à la vie réelle.

2. => le romancier se fonde sur une observation de la société, parfois même sur une documentation très abondante

C’est à partir de cette observation de la société que le romancier élabore sa conception du monde, puis la met en forme afin de la présenter de manière cohérente au lecteur => il s’appuie sur des faits vrais, des réalités sociales ou historiques objectives qu’il incorpore à sa fiction

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