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Le Personnage Du Roman

Compte Rendu : Le Personnage Du Roman. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Février 2014  •  3 967 Mots (16 Pages)  •  734 Vues

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L’étude des genres narratifs est une constante de l’enseignement du secondaire. En classe de première, elle se concentre sur « le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours ». Pour autant, une telle entrée ne saurait enfermer la réflexion dans un aspect particulier d’un genre particulier. Bien au contraire, il s’agit d’ouvrir par ce prisme des perspectives très larges, en montrant aux élèves, ainsi que l’expriment les programmes, « comment, à travers la construction des personnages, le roman exprime une vision du monde qui varie selon les époques et les auteurs et dépend d’un contexte littéraire, historique et culturel, en même temps qu’elle le reflète, voire le détermine ».

Perspective d’abord littéraire, donc, en ce que le personnage est une composante romanesque essentielle, dont le traitement et les modalités de constitution doivent être mis en évidence en passant, comme le rappellent les programmes, par l’analyse méthodique des différents aspects du récit, notamment les procédés narratifs et descriptifs ; mais aussi perspective culturelle et historique dans la mesure où tout personnage relève d’une vision de l’homme et du monde, une vision qu’il est généralement nécessaire de saisir relativement à un contexte historique donné, à des modèles et des valeurs humaines, sociales ou morales particuliers.

Dans ce cadre, la présente ressource invite à prolonger le travail accompli en seconde sur le roman et la nouvelle au XIXe siècle à travers les mouvements littéraires du réalisme et du naturalisme. Sans négliger ces derniers, il s’agira d’élargir le champ des questionnements en même temps que celui des œuvres susceptibles d’être étudiées en classe, dans leur intégralité ou au sein de groupements de textes, en proposant des pistes de réflexion explorant les différents aspects du personnage romanesque à partir d’œuvres couvrant tous les siècles compris entre le XVIIe et le XXIe.

Il va sans dire que les pistes qui suivent n’ont pas de visée prescriptive. Elles n’ont d’autre finalité que de proposer des axes de réflexion par lesquels pourra se construire avec les élèves l’étude du personnage romanesque.

Ministère de l’éducation nationale (DGESCO – IGEN) Page 2 sur 14 Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours http://eduscol.education.fr/ressources-francais-1ere

Piste 1 : Éclairage sur l’objet d’étude

1. Approche définitoire : qu’est-ce qu’un personnage ?

Au moment d’aborder cet objet d’étude en classe de Première, tout élève a du personnage une représentation construite à partir de ses expériences diverses de lecteur, de spectateur et d’élève. Il convient dès lors de partir de ces représentations pour tenter de construire une première définition de la notion.

Dans ce cadre, plusieurs axes de réflexion sont envisageables, en particulier la singularité du personnage romanesque par rapport au personnage de théâtre, son rapport au réel, enfin son rapport à l’action.

Personnage romanesque et personnage théâtral : c’est un même terme qui désigne ces deux entités, et pourtant elles ne sont pas de même nature et ne se construisent pas de la même façon. Il peut dès lors être fécond de s’interroger ce qui fait la singularité du personnage romanesque. Le propos n’est certainement pas à ce stade d’asséner des réponses définitives mais d’orienter pertinemment la réflexion et d’insister notamment sur les enjeux liés à la médiation par la représentation incarnée qui est le propre du personnage de théâtre. Lorsque, dans Questions de théâtre, Alfred Jarry écrit : « Je pense qu’il n’y a aucune espèce de raison d’écrire une œuvre sous forme dramatique, à moins que l’on n’ait eu la vision d’un personnage qu’il soit plus commode de lâcher sur une scène que d’analyser dans un livre », il pointe deux modes d’appréhension du personnage, l’un théâtral, l’autre romanesque : dans le premier cas, le personnage se construit concrètement et directement dans l’espace scénique ; dans le second, le personnage apparaît indirectement, par le truchement d’un narrateur qui rapporte les actions et les paroles.

Le rapport au réel : créature du romancier, « être de papier », le personnage est certes un être de fiction, mais ce n’est pas pour autant son caractère fictif qui le constitue comme personnage, comme en témoignent par exemple les figures historiques qui, tel Richelieu, se rencontrent chez Alexandre Dumas et qui n’en sont pas moins, si l’on peut dire, d’authentiques personnages. La constitution du personnage passe donc par son inscription dans la fiction. Mais simultanément, l’œuvre peut travailler à entretenir l’illusion de réel, visant à satisfaire l’exigence de vraisemblance, s’attachant à faire comme si les pensées du personnage, ses paroles, ses sentiments ou ses actions pouvaient se produire dans la réalité.

Ce rapport dialectique toujours mouvant entre fiction et réel que cristallise le personnage peut être étudié au moyen de textes très différents. On pourra s’appuyer sur des œuvres ou des extraits fortement ancrés dans un contexte historique, géographique ou social précis. Par exemple La Chartreuse de Parme ou Les Misérables. On pense également à La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette ou Les trois mousquetaires de Dumas, qui font interagir personnages fictifs et historiques. Il est également possible de prendre appui sur des textes de romanciers qui traitent explicitement de ces questions en marge de leur œuvre romanesque, de Flaubert dans sa correspondance à Milan Kundera dans L’Art du roman en passant par Mauriac dans Le Romancier et ses personnages.

Le rapport à l’action : Si le roman suppose une succession d’actions, l’action suppose un personnage qui en est l’agent. De cela, on pourra déduire qu’il n’est pas de roman sans personnage, mais cela n’éclaire pas le statut relatif de l’action et du personnage. Lequel (ou laquelle) suscite l’autre ? Héritière du formalisme russe, la narratologie structuraliste des années 1960-1970 portée notamment par Greimas dans sa Sémantique structurale réduit le personnage à un actant, force agissante incarnée permettant le passage d’un état à un autre.

Suscitée par les travaux de Propp qui s’intéressait à la morphologie du conte, cette approche ne tient pas compte des spécificités du personnage romanesque qui, au contraire de celui du conte, se confronte à des doutes, à des désirs, jusqu’à la contradiction, et fait progresser l’action au gré de ses attitudes qui, loin d’être le pur produit d’une mécanique narrative, manifestent

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