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Le Motif Des Mains Dans Les Mains Libres

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Par   •  25 Mai 2014  •  1 625 Mots (7 Pages)  •  1 227 Vues

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Introduction

Dans le recueil de Paul Eluard et de Man Ray Les Mains libres, publié en 1937,42 dessins et/ou poèmes sur 54 comportent le motif de la main, soit de façon très visible (en gros plan, dans des expressions clés), soit de façon plus discrète.

La récurrence de ce thème présent dans le titre même de l'œuvre montre bien son importance, attestée aussi bien dans les dessins que dans les textes de ces deux compagnons du surréalisme.

Géantes, sans corps, minuscules ou bien proportionnées, ces mains multiples et énigmatiques qui se tendent, se plient et se délient au fil des pages sont faites pour intriguer.

Afin de comprendre en quoi les mains constituent un motif essentiel du livre, nous étudierons dans un premier temps comment elles sont représentées avant de nous demander ce qu'elles symbolisent.

I- La manière dont les mains sont représentées ds le recueil

A- La main qui saisit :

-"Pouvoir" (p.66) : "Vertige la main dominante" : ce vers renvoie forcément au titre et au dessin. Il s'agit bien d'un désir de contraindre, de posséder malgré ...

-« L’attente » (p.92) : « Je n’ai jamais tenu sa tête dans mes mains.» àpoème monostiche (il y en a très peu, le plus célèbre est « Chantre » d’Apollinaire), dans lequel l’action se définit par son absence

-"L'évidence" (p.17) : on voit ici des mains qui cernent un visage partiellement montré (œil + bouche) : on cherche à s'en emparer ? On protège ?

-"Le désir" (p.20) : une main saisit une chevelure : désir de possession physique ? geste protecteur ?

B- La main qui cache/ qui se cache, la main comme obstacle :

-"L'évidence" (p.17) : « malgré les mains », le terme est précédé de la préposition "malgré", comme si la main était source d'empêchement.

-"La glace cassée" (p.24) : "dans ta main maladroite" montre encore une fois un des aspects négatifs de la main, elle est source de rupture.

-"L'aventure" (p.33) : la main cache le visage d'une femme.

-"Les yeux stériles" (p.58) : une femme nue, allongée à la manière de la « Maja desnuda » de Goya, pose sa main non pas sur son sexe, mais sur son ventre.

La main qui se cache :

-"Le don" (p.27) : une femme offrant son torse dénudé au regard laisse tomber sa chevelure. Le plan choisi permet de mettre les mains hors champ.

-"Les sens" (p.47) : on ne voit que cinq ongles, un peu comme si la main droite de la femme s'était amputée elle-même des éléments restants (NB : cinq doigts, comme les cinq sens ?)

C- La main qui présente, la main qui réclame :

-"Burlesque" (p.51) : une main gauche présente une perle noire entre le pouce et l'index.

-"Main et fruits" (p.55) : le titre ressemble à celui d'une nature morte (à la manière des toiles de Cézanne). Une main sort d'un plat pour poser délicatement l'auriculaire sur une poire (la main est-elle un fruit ?)

-"Des nuages dans les mains" (p.94) : deux mains en coupe présentent des nuages. Toujours des effets de perspective truquée.

-"Le don" (p.26) : "Elle est […] la chaleur brillante dans mes mains tendues", le poète tend ses mains vers un corps d'ailleurs montré dans le dessin.

On remarquera que l'action de tenir domine largement (ce qui est la fonction essentielle de cet organe).

Notons toutefois que rien n'est montré dans sa normalité. Soit les proportions ne correspondent pas, soit les actions sont inattendues. Le climat ainsi créé est donc propice à recevoir des poèmes dont le sens ne recouvre pas forcément ce que "disent" les dessins.

II - La signification symbolique des mains

Comme dans les recueils d'emblèmes du XVIe et du XVIIe siècle qui correspondaient à un engouement pour les images énigmatiques et associaient des illustrations mystérieuses à des textes (comme les Emblemata d'Alciat), les mains dans le livre d'Eluard et de Man Ray peuvent être associées à des idées diverses qu'elles sont susceptibles d'incarner.

A. Le désir

En premier lieu, le symbole du désir semble particulièrement explicite.

D'ailleurs dans Donner à voir, Eluard écrit pour définir le dessin de Man Ray:

« Il y a plus de merveilles dans une main tendue, avide, que dans tout ce qui nous sépare de ce que nous aimons. »

Nous voyons en effet dans les images, bon nombre de mains tendues qui symbolisent le désir.

C'est le cas pour « L’évidence » (p. 16) : des mains sont dirigées vers un visage de femme dépourvu de contours, et ces mains paraissent se métamorphoser en flammes ardentes qui ressemblent à des doigts.

Dans la première strophe du poème correspondant, l'effet d'accumulation ménagé par Eluard reproduit cette idée de désir: l'homme et tous les éléments naturels convergent vers le regard de

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