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Le Balcon De Genet

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Par   •  5 Juin 2012  •  1 614 Mots (7 Pages)  •  4 083 Vues

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Le balcon » est une pièce en 9 tableaux et en prose de Jean Genet, publiée en 1956 et créée à Londres au Art Theartre en 1957. Dans un bordel de luxe, l'Évêque prolonge excessivement sa séance rituelle, pendant laquelle il pardonne ses péchés à une putain; Madame Irma, tenancière, l'avertit de troubles qui sévissent dans la ville, et le conjure finalement de sortir (1er tableau).

Le Juge reçoit les mêmes recommandations d'Arthur le bourreau, qui l'aide, à coups de fouet, à convaincre une putain qu'elle est voleuse, jusqu'à ce que celle-ci, à son tour, oblige le Juge à ramper et à la supplier de la reconnaître voleuse, pour qu'il garde lui-même son état (2e tableau).

Le Général, enfin, se prépare à sa séance devant Madame Irma et s'inquiète des troubles au-dehors. Arrive sa putain, qui se déguise en cheval et le mène tambour battant (3e tableau).

Un petit vieux se déguise en fille pour être fouetté par une femme (4e tableau).

Madame Irma et Carmen, sa favorite, font les comptes. Tandis que la tenancière célèbre les vertus de sa «maison d'illusions», mais craint la révolte qui gronde, Carmen ne pense qu'à sa fille. Survient Arthur, le bourreau, mac qui réclame ses gages, mais Madame Irma lui demande d'aller à la rencontre de Georges, le Chef de la police, qu'elle attend avec impatience. Arthur, apeuré par la révolte au-dehors, obéit tout de même. Dès qu'il est sorti, apparaît le Chef de la police qui annonce que la ville est à feu et à sang et que la reine se cache. Il demande si son image figure au bordel, mais la réponse d'Irma est négative. Après avoir rappelé leurs amours, Madame Irma et Roger s'inquiètent des événements. Arthur rentre, annonce l'arrivée de la reine, et meurt d'une balle... perdue, conformément aux prévisions d'Irma (5e tableau).

Roger et Chantal, échappée récemment du bordel, se déclarent leur amour, mais Chantal, qui est l'égérie de l'insurrection, doit quitter Roger (6e tableau).

Au bordel, l'envoyé de la reine fournit, aux questions du Chef de la police sur la situation de la reine, des réponses qui se contredisent, puis offre à Irma de devenir la figure même de la reine: elle accepte (7e tableau).

Tandis qu'un mendiant vient supplier les nouveaux dignitaires au balcon, Chantal est tuée (8e tableau).

Au bordel, après que les trois dignitaires, le Juge, l'Évêque, le Général se sont fait photographier, le Chef de la police attend son tour. C'est Roger qui arrive pour le contenter, puis, à la surprise apparente de Carmen qui organise son entrée, se châtre. Lorsqu'il a disparu, le Chef de la police décide de rester dans le «mausolée», et la reine redevenue Irma éteint les lumières (9e tableau).

Le Balcon est sans conteste la pièce la plus célèbre de Jean Genet, celle qui a séduit le plus de metteurs en scène, de Peter Zadek à Lluis Pasqual, en passant par Peter Brook et Georges Lavaudant; pourtant, du vivant de Genet, la plupart des mises en scène du Balcon ont provoqué son mécontentement et son explicite réprobation.

La difficulté du Balcon tient sans doute à la radicalité de sa dramaturgie. Lieu métaphorique du pouvoir, le bordel de Madame Irma est d'emblée désigné comme une maison d'illusions fonctionnant parfaitement, avec ses emboîtements de salons où se jouent les fantasmes pervers du commun des mortels (que nous ne voyons pas, sauf le supplice symbolique d'un petit vieux), et se figurent fastueusement ceux des tenants du pouvoir: Évêque, Juge, Général. Mais au-dehors gronde une révolution, dont on peut se demander, en déchiffrant la rhétorique dont la parent Madame Irma et Carmen dans le dialogue pivot du cinquième tableau, si elle est bien réelle, et si par contrecoup le bordel est un vrai bordel, avec de vraies putains et une vraie «maquerelle», ou une maison à illusions, un théâtre géant dont les maîtres sont les manipulateurs du spectacle global que nous offre la pièce. Très significativement, Irma refuse, à l'occasion, ce terme de bordel dans la bouche de Carmen: elle n'accepte que celui de «maison à illusions», qui, par sa métaphore, nous laisse sur notre faim, ou bien elle se vautre au contraire dans la surenchère des appellations argotiques: «bouic, boxon», au point que nous ne savons pas si justement cet objet qu'on encense bruyamment est réel ou pas. Symétriquement, les héros de la révolution paraissent plongés dans la même rhétorique, dont l'idylle Roger-Chantal n'est qu'une des variations, où le sentimentalisme naissant est constamment sapé par la distance et la parodie. Chantal elle-même est la cheville de cette dramaturgie de l'ambiguïté, puisque cette égérie de la révolution, est une «ancienne» du bordel de Madame Irma. De quel côté est Chantal? Pas plus d'un côté que de l'autre, puisqu'il n'y a plus de critère du réel, et que les deux côtés du monde s'engendrent et se représentent mutuellement, concourent symétriquement à leur absolue déréalisation. Lorsque le Chef de la police demande à l'envoyé

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