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Les Bonnes De Genet

Dissertation : Les Bonnes De Genet. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Juin 2014  •  1 965 Mots (8 Pages)  •  6 817 Vues

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Les Bonnes, Jean Genet

Les Bonnes est une pièce écrite au XXe siècle lorsque le théâtre prend un tout autre tournant et représente désormais l’absurdité de la condition humaine. Cette pièce ayant connu un énorme succès et étant la plus célèbre de Genet, n’est autre que la mise a nu du ressenti d’un marginal. En effet, la vie de Genet est extrêmement singulière, de la prison à la prostitution homosexuelle, ce dernier trouve refuge dans le théâtre et n’hésite pas à perturber le spectateur par l’exposition de sujets tabous tel que la sexualité, la sensualité ou encore le sadisme. L’intrigue tourne autour de deux bonnes : Claire et Solange qui éprouvent de la haine mêlée d’une certaine fascination envers leur maîtresse mais aussi entre elles et apaisent leur souffrances en un rituel de travestissement. Le dramaturge nous plonge dans l’intérieur complexe et ambigu des bonnes à l’aide d’une mise en abîme. Ceci va créer une intimité avec le spectateur qui va se reconnaître dans ce côté malsain car selon Genet, le spectateur va au théâtre pour se voir. Nous verrons comment se construit l’intrigue, la complexité des personnages mais aussi comment le théâtre de Genet parvient-il au spectateur et ses intentions à travers cette pièce.

Cette pièce ne comporte aucune division en actes ni en scène car contrairement au théâtre ancien, le théâtre de l’absurde n’implique aucune règle particulière, les dramaturges laissent libre cours à leur créativité et exposent leur vision du monde tel qu’ils le souhaitent. Cependant, on peut distinguer des étapes importantes qui marquent la structure de l’action : tout d’abord, la scène d’exposition n’apparaît qu’au milieu puisque la pièce commence avec une « cérémonie » des bonnes, ce n’est qu’à la sonnerie du réveil que l’on commence à comprendre ce qui se passe, qu’il s’agit d’un jeu de rôles. Ensuite, l’appel de monsieur annoncant sa libération constitue l’élément perturbateur, on assiste à une dérision des bonnes qui sous leur crainte d’être démasquées décident d’assassiner leur maîtresse. Cet amant de Madame avait été emprisonné suite à une lettre de dénonciation écrite par Claire, les motivations des deux sœurs sont une vengeance suite à une liaison de ce dernier avec l’une des bonnes. Monsieur apparaît donc ici comme le deus ex machina qui va précipiter le dénouement de la pièce. Puis le personnage de Madame qui n’apparaît qu’à la fin de la pièce bien que l’on entende parler d’elle depuis le début, cette arrivée met fin à l’intimité des deux sœurs. Et enfin, l’échec du plan de Claire et Solange : la maîtresse refuse de boire le tilleul empoisonné, on observe une nouvelle folie des bonnes, leur dernier jeu de travestissement,leur dernier moment de solitude qui va finir avec le sacrifice d’une des sœurs : Claire.

Néanmoins, la perception du spectateur peut différer de celle du lecteur. D’un côté, la mise en scène peut faciliter la compréhension de la pièce, par exemple si Madame est mal imitée : les costumes ridicules, le maquillage extravagant ainsi que la façon dont les acteurs vont prononcer leurs répliques peuvent éclairer le spectateur sur la véritable identité des bonnes. Mais encore les rideaux à moitié fermés qui montrent le théâtre dans le théâtre. D’un autre côté, le lecteur dispose d’un avantage non négligeable sur le spectateur : le nom des personnages apparaît avant chaque réplique et les didascalies remplacent la mise en scène. De plus, le contenu aussi souligne cette mise en abîme avant que le réveil sonne car Claire et Solange se perdent dans leur jeu et crachent leur haine l’une envers l’autre notamment en parlant du laitier. Mais malgré tous ces éléments, le spectateur est perdu au début de la pièce et reste confus jusqu’à la scène d’exposition qui a lieu après la sonnerie du réveil, car les intentions de Genet restent après tout de perturber le spectateur.

D’autre part, le langage chez Genet ne se fait pas seulement par la langue car dans « Les Bonnes », la communication se crée sans le verbal. On retouve dans la pièce un langage raffiné et artificiel qui n’est pas uniquement fait par les propos des personnages. Dans la pièce de Genet, tout parle : les objets, le décor, les costumes. Le moindre détail a son importance, car dans « Les Bonnes », tout est symbolique : les fleurs funèbres au fond qui annoncent le dénouement et révèlent le côté tragique de la pièce, le lit qui représente la sexualité, l’intimité la plus profonde, l’obscurité montrant l’enfermement comme dans la cellule de Genet ou encore les bas noirs et les scènes de déshabillages exposant la sensualité, la robe de Madame qui est un symbole de Madame imaginaire dans le rituel de travestissement des deux sœurs, la lumière sert à exprimer les sentiments… Mais encore, cette pièce mêle comique et tragique : elle est comique par la mise en scène (si Madame est mal imitée) et par certains propos des personnages : « Pensez-vous qu’il me soit agréable de me savoir le pied enveloppé par les voiles de votre salive ? Par la brume de vos marécages ? » ; et tragique par le sort des bonnes et la répétition de

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