Étude de la pièce de théâtre: Comment jouer les Bonnes? De Jean Genet
Commentaire de texte : Étude de la pièce de théâtre: Comment jouer les Bonnes? De Jean Genet. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 25 Juin 2013 • Commentaire de texte • 481 Mots (2 Pages) • 1 022 Vues
« Comment jouer les Bonnes » : le texte de la pièce commence par un pseudo mode d’emploi, qui est
aussi une question à laquelle Genet retire son point d’interrogation. Tout commence donc par l’injonction
paradoxale de la question, l’obligation du questionnement, le rejet de la réponse toute faite.
D’emblée, la pièce se place sous le signe de la contradiction, principe fondamental de l’œuvre comme de
son auteur. « L’unité du récit naîtra […] d’une harmonie entre les parties très diverses, très diversement
jouées. » C’est dans la tendresse qu’apparaît la pourriture, c’est dans l’abjection que s’enracine le sublime, les
bonnes sont pures parce qu’elles se masturbent par haine de Madame, etc … Genet se place ainsi dans un
équilibre constamment précaire et revendique « l’inquiétude et l’instabilité parce qu’elles sont signe de vie »
(entretien avec Bertrand Poirot-Delpech).
Jouer les Bonnes, c’est s’engager à placer le fil très haut, jouer avec le vertige d’un pari avec
l’impossible : c’est parce que le funambule réalise une action en apparence inimaginable, défie les lois du
possible et de la gravité (dans tous les sens du terme) qu’il fascine. Pourquoi se lancer un tel défi ? Pourquoi
monter sur le fil ? Comment jouer les Bonnes impose une question corollaire : Pourquoi jouer les Bonnes ?
Un début de réponse : parce qu’on ne peut pas faire autrement. Les bonnes elles-mêmes jouent les
Bonnes. : le jeu théâtral, la fuite dans l’imaginaire et la fiction sont la seule échappatoire à leur insupportable
servitude, elle-même métaphorique de notre insoutenable condition humaine. Les bonnes, c’est Genet ; les
bonnes, c’est nous.
Genet nous renvoie à cette blessure intime qui nous fait défaut en même temps qu’elle nous constitue. Je
suis ce qui me manque : cette carence est le lieu paradoxal qui, chez Genet, fonde l’individu (cf. Le
Funambule). Il nous enjoint à nous approprier sa pièce pour donner corps et vie « aux monstres » qui affleurent
« quand nous nous rêvons ceci ou cela » …
La blessure fut vive lors de la création de la pièce en 1947 : les confidences d’Yvette Etiévant et
Monique Mélinand * sont unanimes sur ce point, et c’était en partie sans doute l’intention de Genet (« le but
second [était] d’établir un certain malaise dans la salle »). Mais elle a sans doute été pansée depuis : c’est le lot
des classiques canonisés … Comment retrouver l’énergie dévastatrice de l’œuvre
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