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La Structure Des Bonnes De Jean Genet

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Par   •  10 Septembre 2012  •  1 119 Mots (5 Pages)  •  7 767 Vues

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Structure des Bonnes

La pièce se divise en cinq parties dont quatre sont séparées par trois péripéties précises. Quand le rideau se lève nous surprenons les domestiques en train de jouer les rapports qui les lient à leur patronne. Le réveille matin les interrompt juste avant l'étranglement rituel de la fausse bourgeoise. Cette sonnerie désenchante l'aura grandiose du rite et replonge les bonnes dans leur réalité sordide. Elles rangent, au cours de "l'acte" deux, la chambre pour la rentrée imminente de Madame. En même temps elles analysent les rapports qui lient l'une à l'autre et les deux à leur maitresse. Survient alors le coup de téléphone de Monsieur qui inaugure le troisième "acte" en menaçant les bonnes de la découverte de leur trahison. Ce danger pressant de tomber dans le rôle de dénonciatrices mesquines oblige les bonnes à abandonner le rite et à se défendre par l'action réelle. Elles décident d'empoisonner Madame. Les préparatifs de ce meurtre sont à peine achevés lorsque leur victime rentre. Elle évite, par un concours de circonstances qui lui sont favorables, de boire le tilleul empoisonné. Ayant, une fois de plus, échoué dans l'action réelle, les bonnes reprennent leur rite avec l'intensité propre à la gravité de leur condition désespérée.

Dans les Bonnes se déroule donc un seul rite coupé par la réalité positive en deux étapes. Les domestiques jouent à être la patronne et la bonne, en soulignant les aspects de leurs relations qui, à cause des bienséances, ne s'expriment pas dans la vie quotidienne. Poussé à l'extrême, ce jeu déchaîne le mépris et le ressentiment qui couvent sous "l'indifférente bonasserie" de leurs relations de tous les jours. Claire-Madame exaspère Solange-Claire, la domestique, jusqu'au crime. Le rituel se termine avec l'immolation de Madame et la transformation de la bonne en criminelle glorieuse.

Les rapports sociologiques entre la maîtresse et les servantes dégénèrent à cet extrême parce que le rite met en valeur leurs implications ontologiques. Claire-Madame s'écrie:

"C'est grâce à moi (la maîtresse) que tu es et tu me nargues. Tu ne peux pas savoir comme il est pénible d’être prétexte à vos simagrées! Il me suffirait de si peu et tu n'existerais plus. »

L'être des domestiques « se définit - comme le dit Sartre - par son absolu relativistes » . Pour Madame, les bonnes ne sont que des objets utiles tels que « ses latrines" et "son bidet" .Elles ne sont, comme le souligne Sartre, que "les pures émanations de leurs maitres" . Les rapports entre patronne et domestiques s'expriment comme les relations entre sujet et objet et c'est cette dénégation d'être que les bonnes cherchent à dépasser au moyen du rite.

L'efficacité de leur rituel est néanmoins compromise par les émotions qu'éprouvent les servantes, l'une envers l'autre. Quoi qu'elles se comblent de tendresse , les deux domestiques sont des rivales à plusieurs égards. Elles se disputent amèrement les faveurs du laitier. Elles font preuve d'une cupidité jalouse à l'égard des possessions de Madame. Et, ce qui est pire, elles cherchent à se dominer l'une l'autre. Les bonnes tombent dans le piège des rapports ontologiques de sujet à objet et elles empruntent donc l'attitude de mépris qu'implique cette domination. Solange montre qu'elle est consciente de ce danger car elle constate que :

« La crasse n'aime pas la crasse

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