La sanction éducative

Nous nous sommes penchées sur la question de la sanction éducative, à travers le Que sais-je intitulé « La sanction en éducation », de Eirick PRAIRAT, publié en 2011 par l’édition PUF. Que sais-je ? est une collection qui rassemble des livres didactiques et qui expose l'essentiel d'un sujet particulier dans un format court. Cet ouvrage universitaire dédié aux professionnels de l’éducation, est publié dans un contexte de réformation concernant le décret relatif à la discipline dans les établissements du second degré, du 24 juin 2011. Cette dernière consiste à responsabiliser les élèves tout en limitant les exclusions.

Eirick PRAIRAT est un auteur du XXème-XXIème siècle, professeur de Sciences de l’Education à l’université de Lorraine et membre de l’institut universitaire de France. Il enseigne également la philosophie de l’éducation. Ses travaux portent essentiellement sur la question de la sanction, des normes ou encore sur les enjeux éthiques concernant le travail des enseignants.

Dans ce texte il soulève la thèse selon laquelle une sanction pour être efficace doit nécessairement être éducative. Pour expliquer sa thèse, l’auteur c’est appuyer sur la méthode de Michel FOUCAULT, qui consiste à regarder ce qui se passe aux marges du travail éducatif et non au cœur des institutions pour comprendre ce qu’éduquer signifie. Il utilise donc une approche historique et philosophique pour répondre à sa thèse. De plus il enrichit ses propos en s’appuyant sur des figures pédagogues, tel que MONTESSORI et des philosophes comme ROUSSEAU, qui se sont eux-mêmes questionnés sur les pratiques éducatives. Il nuance ces propos en se servant de contre-exemples pour expliquer ce qu’il est préférable de privilégier dans la sanction éducative.

Son ouvrage sur la sanction éducative se base sur des inquiétudes historiques de la sanction et des pratiques « pas très glorieuses ». Ainsi c’est en regardant dans le passé qu’il cherche à construire une histoire moderne du châtiment corporel. PRAIRAT ne souhaite pas répondre à la question « Que doit-on faire ? », mais plutôt à une question philosophique et théorique, « Qu’est-ce qu’une sanction éducative ? ». Il nous fait alors part des finalités et des principes qui caractérisent une sanction éducative, tout en mettant en lumière les débats autour de l’application des sanctions dans l’éducation.

Nous pouvons ainsi nous demander en quoi éducation et sanction sont complémentaires et nécessaires dans l’apprentissage des enfants ? Dans un premier temps, nous nous demanderons pourquoi il est important de parler de sanctions dans les pratiques éducatives. Ensuite, nous montrerons que l’évolution des pratiques punitives, les finalités et les principes de la sanction jouent un rôle sur la place de l’enfant dans la société. Enfin, nous préciserons que la question de la sanction à l’école soulève de nombreux débats autour du système éducatif.

Tout d’abord, nous allons nous concentrer sur l’intérêt d’évoquer la sanction dans les pratiques éducatives. La sanction est un terme polysémique, elle peut être positive ou négative. Lorsqu’elle est positive, l’individu est sanctionné par une récompense du fait de son mérite. Par exemple quand un élève a bien travaillé, il est récompensé par une bonne note. Quand elle est qualifiée de négative, l’individu est sanctionné par une punition s’il a eu un comportement négatif. Cet ouvrage s’intéresse uniquement à la seconde vision de la sanction.

En effet, l’auteur nous montre que la sanction est assimilable à une mesure répressive qui est infligée à un individu ayant un comportant en contradiction avec la norme et les valeurs prônées par un règlement ou une loi. C’est pourquoi, la sanction se doit, d’être éducative, elle vise la socialisation et l’autonomisation du sujet. La sanction va de pair avec l’éducation, elle ne peut en aucun cas être exclue du système éducatif. C’est grâce à l’autorité reçue pendant notre éducation étant enfant, que nous pouvons ensuite nous émanciper et ne plus avoir besoin de l’intervention d’un tiers.

Il existe quatre raisons pour lesquels il est important d’avoir une réflexion éducative sur la question « Qu’est qu’une sanction éducative ? » :

- Les raisons institutionnelles questionnent le rôle de l’école dans la sanction. Punir c’est souvent exclure et évincer, or ce n’est pas le propre de l’école. A la fin des années 90, l’école saisit fortement la justice dans la circulaire de 2000, comme si c’était une manière de se dédouaner de la question disciplinaire.

- Les raisons socio-politiques montrent un changement de la légitimité de l’école. Elle est passée d’une légitimité institutionnelle à une légitimité de nature procédurale. La première n’était pas soumise à une remise en question de la part des parents et n’avait pas besoin de se justifier sur les moyens mis en œuvre concernant ses rôles de transmetteur du savoir et de garant d’une futur citoyenneté des enfants. La seconde est liée à la monté du droit et de la judiciarisation, consistant à gérer les conflits par le recours au droit.

- Les raisons théoriques impliquent que, dès les années 1980, les éducateurs se tournent vers le juristes pour savoir comment punir. Cependant, comme le montre la thèse de PRAIRAT, il faut équilibrer la présence du droit pénal dans la mise en place d’une sanction.

- Les raisons pratiques, concerne quant à elles le fait de s’interroger sur la manière dont la sanction doit être mise en place pour devenir un moment dynamique du travail éducatif.

Dans un deuxième temps, nous allons nous intéresser aux finalités et aux principes de la sanction qui jouent un rôle sur la place de l’enfant dans la société. Avec l’évolution que la sanction scolaire a connu, il est important de regarder ce que les finalités et les principes de celle-ci ont eu comme répercutions sur la place de l’enfant dans notre société.

Le rôle et la place de l’enfant se sont transformés et ont évolués en parallèle des modifications de la sanction scolaire comme le montre la frise chronologique réalisée par nos soins, joint en annexe. Lorsque l’éducation scolaire et familiale est marquée par une sévérité et un rapport de pouvoir sous l’Ancien régime, l’historien Philippe ARIES montre que l’enfant est considéré comme un adulte en devenir. La place de l’enfant dans la famille et dans la société n’est pas pensée à travers des spécificités liées à l’enfance. Alors qu’au moment où la sanction prend une nouvelle tournure, la place de l’enfant évolue également dans le même sens.

...