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La princesse de Montpensier

Commentaire d'oeuvre : La princesse de Montpensier. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mai 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 190 Mots (5 Pages)  •  3 176 Vues

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Les vêtements

HDLPM est une nouvelle de Mme de Lafayette dont l'intrigue se déroule « sous le règne de Charles XI » dans le milieu de la haute aristocratie, notamment à la Cour, où les apparences jouent un grand rôle. Le motif du vêtement y a donc son importance, même si ce motif reste discret dans la nouvelle. En revanche, dans LPDM, adapation cinématographique réalisée par Bertrand Tavernier, qui est un « film d'époque », les vêtements ne sont pas un motif mais un élément visuel du film, ils participent à la reconstruction historique. On peut donc se demander quelles sont les différentes fonctions du vêtement dans la nouvelle de Mme de Lafayette et dans le film de Tavernier. Ces fonctions sont-elles les mêmes dans le 2 œuvres ? Le vêtement a-t-il le même statut et joue-t-il le même rôle dans la nouvelle et dans le film ? Permettant d'identifier socialement et historiquement les personnages, le vêtement a aussi des fonctions narratives et dramatiques, ainsi que symboliques.

I- Fonctions sociale et historiquement

  1. La dimension socialement
  • Le vêtement sert à identifier la catégorie ou le rang social. Chez Mme de Lafayette, lors de la rencontre à la rivière, la princesse se détache des autres femmes qui sont avec elle dans la barque (qui sont sûrement des servantes ou des dames de compagnie) grâce à sa beauté mais aussi car elle est « habillé magnifiquement ». La beauté naturelle de la princesse est mise en valeur par la richesse de ses vêtements, qui l'identifient immédiatement comme faisant partie de l'élite sociale. Cependant le duc d'Anjou est tellement transporté par la magie de la rencontre et son caractère romanesque qu'il en oublie les conventions sociales et que, lorsque le duc de Guise lui dit qui elle est, il se trouve « honteux de la liberté qu'il avait prise ». La précision sur les habits magnifiques de la princesse permet entre autres de souligner l'enchantement presque féerique dans lequel cette rencontre plonge le duc d'Anjou, brouillant sa capacité à identifier le statut social pourtant évident de la jeune femme.
  • Dans le film de Tavernier, les costumes portés par les divers acteurs et les figurants (conçus par Caroline de Vivaise) sont différents selon le rang social du personnage. Les représentants de la noblesse portent des étoffes précieuses, de la fourrures, tandis que les acteurs qui incarnent les domestiques et les paysans sont vêtus d'étoffes plus grossières et plus simple pour le réalisme historiquement

  1. La dimension historique dans le film de Tavernier
  • Les costumes participent, dans le film, à la reconstitution historique des années 1560-1570. L'attention portée par B. Tavernier et Caroline de  Vivaise à l'exactitude historique des costumes se traduit dans les nombreux détails. Ainsi, la robe noire portée par Catherine de Médicis lorsqu'elle reçoit Marie correspond aux témoignages de l'époque, selon lesquelles elle s'habillait de façon très austère après la mort d'Henri II
  • Cependant, le réal privilégie le naturel. Il explique dans un entretien que pour ne pas tomber dans les clichés de la reconstruction historique, il a soigneusement éviter de calquer les costumes du film sur ceux représentés dans les tableaux et les portraits de l'époque,  qui cherchaient à magnifier leur sujet dans des tenues d'apparat. Par exemple, les « fraises », ornement vestimentaire que l'on peut voir sur de nombreux portraits d'époque de Catherine de Médicis, Charles IX, Henri de Guise, etc. Comme l'explique Tavernier, ces portraits ne reflètent pas ces personnages au quotidien mais « spécialement habillés pour l'occasion ».
  • Ce part pris se retrouve dans la manière dont les costumes sont portés et « habités » par les acteurs. Lors du duel amical avec le duc de Guise, le prince de Montpensier jette négligemment à terre son manteau, son chapeau et son fourreau de son épée, qu'un domestique vient aussitôt ramasser. Comme le dit Tavernier en commentant son film, ce « manque de respect » pour le costume « casse le côté reconstitution ». Le costume n'est jamais traité comme tel dans le film, mais comme un simple vêtement.

Finalement, dans son souci d'éviter ce qu'il appelle « le côte reconstitution historique », le réal pousse encore plus loin le souci de vérité et d'authenticité historiques.

II- Des fonctions narrative et dramatiques

  1. Mise en valeur des personnages
  • Le vêtement permet de mettre en valeur ou de souligner l'importance des persos. Dans la nouvelle de Mme de Lafayette, les deux seuls persos dont le récit mentionne la parure vestimentaire sont la princesse et le duc de Guise. Il s'agit dans les deux cas de montrer que ces persos se distinguent des autres, en leur conférant une forme de supériorité : la princesse de Montpensier se distingue des autres femmes qui l'accompagne dans la barque et attire tous les regards ; au moment d'« entrer au bal chez la Reine », le duc de Guise est « paré d'un nombre infini de pierreries ».
  • Dans le film de Tavernier, le costume met en valeur certains aspects des persos. Dans la 1ère scène où l'on découvert Marie, folâtrant avec Henri de Guise, sa robe est très dégagée au niveau des épaules et de la poitrine, cela souligne sa jeunesse et sa fraîcheur. N'oublions pas que l’héroïne de Mme de Lafayette a 13 ans  au moment de ses amours avec le duc de Guise dans la nouvelle. Il est impensable pour B.Tavernier de faire jouer une actrice de cet âge, mais la robe de Mélanie Thierry dans cette scène contribue à suggérer au spectateur l'extrême jeunesse du perso. À l'inverse, les tenues portées par Marie après son mariage sont, à quelques exceptions près, plus sophistiquées, plus travaillées et plus strictes, de manière à donner au perso une allure moins enfantine et traduire, par le costume, son évolution.

  1. Le déguisement
  • Le costume, au sens cette fois de « déguisement », joue un rôle dramatique essentiel dans la nouvelle. En effet, l'une des principales péripéties de l'intrigue est la méprise de la princesse lors des « fêtes et réjouissances » pour le mariage du roi, quand elle confond le duc d'Anjou avec le duc de Guise à cause de leur tenue et de leur masque identiques. Déguisés en Maures pour danser leur entrée de ballet, ils sont non seulement travestis – ce qui ne facilite pas leur identification – mais aussi masqués et habillés de la même manière, et la princesse, induite en erreur par le costume, adresse au duc d'Anjou le message de complicité amoureuse destiné au duc de Guise.
  • Dans le film, qui suit assez fidèlement la nouvelle sur cette partie de l'intrigue, l'erreur de la princesse due à la similitude des costumes est ingénument mise en scène et filmée par Tavernier, alternant des plans de ce que voit Marie (càd le duc de Guise, costumé et masqué, relevant son masque et la saluant avant de disparaître), ce qu'elle croit voir (donc le duc de Guise masqué, qui est en réalité le duc d'Anjou) et ce qu'elle ne voit pas (autrement dit de Guise et d'autres derrière le paravent ainsi que le duc d'Anjou retirant son masque).

Le costume constitue donc un ressort dramatique important dans la nouvelle comme dans le film.

III- Une fonction symboliques

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