LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La Figure du criminel et la science (1800 – 1939)

Commentaire d'arrêt : La Figure du criminel et la science (1800 – 1939). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Novembre 2020  •  Commentaire d'arrêt  •  2 077 Mots (9 Pages)  •  316 Vues

Page 1 sur 9

La Figure du criminel et la science (1800 – 1939)

« Dans l’imaginaire collectif, le crime, considéré comme l’un des fléaux majeurs de la société contemporaine, est associé à la justice pénale. Aussi importe-t-il de restituer l’imaginaire d’une époque à partir du plus visible et du plus monstrueux. [1]». Le criminel est un individu qui commet un crime, or selon Durkheim on peut définir le crime comme cela : « Nous ne le réprouvons pas parce qu’il est un crime, mais il est un crime parce que nous le réprouvons [2]». Si la notion de crime est fluctuante selon les mœurs de la société qui le juge comme tel, alors la notion de criminel l’est aussi. Il faut différencier la déviance du crime, la déviance est le non-respect de normes sociales, le crime lui met en danger le corps social. Ainsi si tout crime est une déviance mais toutes les déviances ne sont pas un crime. Pour étudier « la figure criminel et la science (1800-1939) » il faut commencer par en définir les termes. La figure du criminel est la représentation que ses contemporains se font du criminel, comme nous l’avons vu cette représentation est évolutive et pas universelle. Une part de cette évolution vient des travaux scientifiques visant à comprendre et expliquer les comportements criminels. Ces travaux commencent à la fin du 18ème et se poursuivent encore de nos jours sous le label d’une science nouvelle, la criminologie. Afin de comprendre cette évolution, il est légitime de se demander : En quoi les avancés scientifiques ont-elles fait évoluer la représentation du criminel par la société ? Pour expliquer cette évolution on peut aborder La justice et le criminel Puis Le criminel, un portrait fantasmé et enfin Le criminel, un individu bien réel.

Dès la fin du 18ème on observe une évolution dans la manière de concevoir la criminalité, le criminel et la justice. Cette évolution est amorcée lorsque des juristes et médecins s’intéressent à la question. Ils sont aujourd’hui considérés comme des précurseurs.

Cesare Beccaria, juriste de formation dans son œuvre Des délits et des peines de 1764 pose un regard neuf et une réflexion moderne sur le droit pénal. Il est contre l’usage de la torture, pour l’abolition de la peine de mort et affirme que la peine doit être à la mesure du crime. Il propose une hiérarchie des peines, affirme que l’on ne doit pas être puni pour une action si elle n’est pas sanctionnée par la loi, que la loi ne peut sanctionner qu’une action nuisible à la société et que tout individu est innocent tant qu’il n’a pas été prouvé coupable. Ces idées novatrices sont à l’opposé de la justice arbitraire de l’absolutisme et font aujourd’hui partie de la base du Code pénal. En plus d’une réflexion sur la loi cette période voit également une réflexion sur l’individu qui l’enfreint, le criminel. Bentham père de l’utilitarisme est un grand défenseur de toutes les libertés (individuelles, d’expression, …). Il pense que les peines doivent être utiles, autant à la société qu’à résoudre la cause du mal. Il s’intéresse également aux méthodes d’enfermement et invente le panoptique. Une structure d’enfermement avec un point de surveillance centrale qui permet une visualisation de l’ensemble des détenus. D’après Foucault, c’est une mesure efficace car elle ne permet pas aux détenus de se savoir surveiller et crée ainsi un contrôle diffus mais omniprésent pour le détenu entrainant un « assujettissement réel [3]». La médecine a également eu un rôle dans cette nouvelle vision, Phillipe Pinel, médecin renommé comme aliéniste précurseur de la psychiatrie a créé la première classification des maladies mentales et s’intéresse à la prise en charge des aliénés. Ces trois précurseurs sèment les graines d’une profonde réflexion sur le criminel au 19ème.

La Justice, tout comme la criminalité se doit d’évoluer avec la société. Avant la révolution la justice est arbitraire et exemplaire, les châtiments se veulent impressionnants pour décourager les criminels de passer à l’acte. A partir de la fin du 18ème on assiste à un adoucissement de la justice, la question est abandonnée et les supplices sont moins prononcés au profit de l’incarcération. Avec le Code pénal de 1791 on ne pénalise plus les délits religieux ou d’idéologie et le principe de pénalité énoncé par Beccaria est appliqué. Le code fixe des peines personnelles pour chaque infraction. En 1808 est mis en place le Code d’instruction criminelle qui fixe les procédures de justice comme la mise en place d’un jury et en 1810 le code pénal napoléonien apparaît. Ce code qui réinstaure la prison à perpétuité et le marque au fer rouge aboli par celui de 1791, veut ses peines intimidantes et socialement utiles par l’exemple.

On voit bien l’influence que Beccaria, Bentham ou Pinel on put avoir sur leurs contemporains. Nombre de leurs idées se retrouvent dans les codes pénaux et les pratiques judiciaires à travers l’Europe et le monde. Mais avoir un regard objectif et bienveillant du criminel n’est pas chose facile, après tout, il brise des normes sociales qui permettent à la société de tourner rond. Certains ont un regard bien plus fantasmé du criminel, que ce soit par les médias ou la science.

Dans les années 1810 Franz Joseph Gall, médecin allemand qui travaille sur la localisation des fonctions cérébrale, avance une théorie selon laquelle certaines facultés mentales sont liées spécifiquement à certaines parties du cerveau et que leur développement influe sur la morphologie crânienne. Il conclut alors que la morphologie du crane reflèterait certains traits de caractère et qu’une palpation des reliefs du crâne permet de déceler les facultés et les penchants du sujet. Il distingue 27 forces primitives (instinct de reproduction, penchant pour le meurtre, le vol, …), cette théorie s’appelle la phrénologie. Cette « science » nouvelles a ses admirateurs et ses détracteurs. Ses détracteurs lui reprochent le déterminisme dont elle fait preuve. Cette théorie qui a depuis été prouvée fausse a le mérite d’être la première à mettre en lien les pathologies du cerveau et la criminalité. Les travaux de Gall ont d’ailleurs inspiré le médecin Italien Cesare Lombroso dans l’idée que le criminel a des signes physiques reconnaissables. Lombroso par du principe que le corp et l’esprit sont en lien et que le crime par conséquent marque le corps et va tenter de prouver que le crime est le résultat de stigmates innés. Après une étude sur 35 crânes d’assassins guillotinés, il observe la fréquence de certaines caractéristiques et en déduit certaines « loi » qui le convainque que la criminalité est innée et provient de défaut évolutif ou atavisme des criminels. Il mettra en place à partir de ces observations des portraits de criminel type. Il consigne ses travaux dans son œuvre majeure, l’homme criminel : criminel née, fou moral, épileptique (1876). Ses théories sont décriées pour le déterminisme, leur racisme et leur sexisme. Il est néanmoins le fondateur de l’école italienne de criminologie. Ces différentes théories et celles qu’elles ont inspirés (hérédité, …) ont donné une image fausse et négative du criminel.

...

Télécharger au format  txt (13.4 Kb)   pdf (90.7 Kb)   docx (14.5 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com