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Incipit Jacques le Fataliste

Commentaire de texte : Incipit Jacques le Fataliste. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2015  •  Commentaire de texte  •  1 448 Mots (6 Pages)  •  2 702 Vues

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Texte oral n°1 : l’incipit de Jacques le fataliste et son maître, Denis Diderot,  publié en 1796

Philosophe du siècle des Lumières (XVIIIème siècle), Diderot est surtout connu pour avoir dirigé avec d’Alembert, la rédaction de la plus vaste entreprise éditoriale du 18°siècle, l’Encyclopédie. Hormis l’Encyclopédie, Diderot s’est aussi intéressé à de nombreux autres genres littéraires : il s’est essayé au théâtre avec Le Fils naturel (drame bourgeois), aux dialogues philosophiques avec Supplément au Voyage de Bougainville et a révolutionné le roman avec Jacques le Fataliste et son Maître, publié en 1796, dont le passage présenté ici est l’incipit, c’est-à-dire les premières pages d’un roman. On a affaire à un incipit tout à fait original par la forme et le fond qui débute le dialogue entre Jacques et son maître.                 LECTURE

Nous allons voir comment Diderot arrive à surprendre et à déstabiliser son lecteur (Pourquoi ce début de roman peut-il déstabiliser le lecteur ?). Ainsi, nous montrerons d’abord en quoi ce texte rompt totalement avec les codes romanesques de l’incipit puis nous verrons qu’un débat se met en place dans ce début de roman.

I/ Jeu avec les codes romanesques

Tout d’abord, il faut savoir que le rôle traditionnel de l’incipit est de présenter les personnages, le lieu et l’époque de l’action et d’amorcer l’intrigue. Surtout, il a une mission de séduction : il doit capter l’intention et la bienveillance du lecteur (« captatio benevolentiae »). Or ici, Diderot souhaite capter notre intérêt non pas en nous confortant avec nos habitudes mais en nous déstabilisant.

 

  1. Un incipit déceptif :

Cet incipit nous déçoit déjà par son peu d’informations car on a envie que l’auteur réponde aux questions traditionnelles qui situent l’action ou les personnages.

  • Le cadre spatio-temporel est évoqué à la l.36 : « l’après dîner », l.37 : « la nuit » et « au milieu des champs ». En suite avec le toponyme « Fontenoy » l.17, le lecteur averti peut avoir quelques informations en plus sur ce cadre car on sait que cette bataille date de 1745 ; on peut donc situer vaguement l’histoire au 18° siècle en France. Néanmoins, les informations concernant ce cadre restent très lacunaires ou incomplètes, ce qui peut bien mettre l’accent sur le fait que Diderot rompt avec les conventions romanesques.
  • Série de questions rhétoriques l.1 à l.4 : Normalement les questions ne sont pas posées clairement et en plus, le narrateur y répond avec anticipation. Ses réponses sont d’ailleurs lacunaires, évasives, très vagues comme le révèlent les expressions « par hasard » l.1, « du lieu le plus prochain » l.3, « est-ce que l’on sait où l’on va ? » l.3. Ces réponses brèves montrent comment Diderot ne souhaite pas spécialement y répondre car il répond donc pas des questions l.2/3 ; il cherche donc à provoquer le lecteur et se moque du genre romanesque.
  1. Les personnages :  
  • Au début de l’incipit, on remarque que la discussion entre les 2 personnages a déjà commencé avant le récit, ce qui complique la compréhension du lecteur (l’action commence in medias res).  Il n’y a pas de présentation classique des personnages. On sait qu’ils se connaissent comme le suggère la question « comment s’étaient-ils rencontrés » l.1. En plus, le prénom « ils » est sans antécédent, ce qui est grammaticalement incorrect.
  • Il faut donc prendre appui sur le titre de l’œuvre pour avoir plus d’informations : dans « Jacques le fataliste et son maître », on voit qu’il est question d’un couple maître/valet. Le valet est pourvu d’un prénom et d’un adjectif substantivé « le fataliste ». On peut donc penser que ce valet sera davantage le personnage principal car on a plus d’informations sur Jacques alors que le maître n’est désigné que par son statut social et est nommé en seconde position ce qui tend à signifier qu’il sera un faire-valoir de Jacques
  • Par contre, a priori, ici, le rapport classique maître/valet est malmené car le maître pose plusieurs questions à son valet l.27/32/33 au lieu de lui donner des ordres ce qui est assez original car on a l’impression qu’il s’intéresse à son valet. Néanmoins, les questions du maître permettent au récit de s’amorcer et on peut avoir l’impression que c’est davantage une relation amicale l.1 mais malgré tout, certains certaines caractéristiques traditionnelles sont conservées avec le recours à la violence l.39 « grands coups de fouet sur son valet ».
  1. Une polyphonie originale :
  • Ici, deux dialogues se superposent : celui de Jacques et son maître dans une disposition qui fait davantage penser à un dialogue théâtral et non à la disposition qui est d’usage dans un roman et celui entre le narrateur et le lecteur :

les questions du 1° paragraphe sont celles que le lecteur se pose

à partir de la l.41, il y a une interpellation directe du lecteur avec l’expression « vous voyez lecteur » et le pronom « vous ».

→ le narrateur s’implique personnellement avec les pronoms à la 1° personne « moi » l.42 et « m’empêcherait » l.44.

  • En plus, le narrateur n’a pas du tout un point de vue omniscient car il refuse de tout révéler et de tout raconter dès l’incipit.

II/ La mise en place d’un débat :

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