François Mauriac - Thérèse Desqueyroux

COMMENTAIRE DE TEXTE

Le document présenté ici est un extrait du livre chef-d’œuvre de François Mauriac « Thérèse Desqueyroux ». Le roman obtient un succès immense à sa publication en 1926 dans la Revue de Paris en 1927 et il a été adapté au cinéma en 1962 par Georges Franju, en 2012 par Claude Miller et en 2014 par Jules Emile. L’histoire est tirée d’un fait divers, est celle de Thérèse, accusée d’avoir empoisonné en vain son mari. Le roman s’ouvre par le non-lieu prononcé par la justice en faveur de Thérèse. À travers ce roman, François Mauriac critique la bourgeoisie catholique et conservatrice dont il est issu.

François Mauriac s’est inspiré de l’histoire d’Henriette-Blanche Canaby, qui fut accusée en 1905 d'avoir voulu empoisonner son mari Émile Canaby, courtier en vins bordelais endetté. François Mauriac assista à son procès en Cour d'assises le 25 mai 1906 au cours duquel elle fut condamnée usage de fausses ordonnances pour se procurer auprès de pharmaciens de l'arsenic qu'elle donnait à son mari en grande quantité. L'accusation de tentative d'empoisonnement fut rejetée, son mari témoignant en sa faveur pour sauver les apparences de ce couple de la bourgeoisie bordelaise.

L’histoire de ce livre se déroule à Argelouse, tout le long du livre, l’auteur nous raconte l’histoire en faisant un retour dans le passé.

Les personnages présentés dans ce texte sont Bernard Desqueyroux, le mari de Thérèse Desqueyroux, garçon de bonne famille est issu de la bourgeoisie. Il possède une propriété de près de deux mille hectares à la campagne. Son mariage avec Thérèse est un fiasco mais il continue à se voiler la face. Bernard souffre de problèmes cardiaques et s’anémie. C'est d’ailleurs pour cela qu'il suit un traitement à base d’arsenic, traitement qui lui coûtera presque la vie. Quand il saura que c'est sa femme qui a tenté de le tuer en l'empoisonnant, il préférera faire un faux témoignage et l'enfermer plutôt que de risquer d'atteindre cet honneur auquel il tient tant. Il ne pardonnera jamais à sa femme son geste, il l'éloignera de sa propre fille et finira par la laisser seule à Paris. Madame Victor de la Trave, mère de Bernard et la grand-mère Bellade de son prénom Julie qui est la grand-mère de Thérèse.

Si Thérèse épouse Bernard, c'est principalement par une volonté de sa famille : en effet, quand on est une jeune fille de bonne famille, il faut, pour conserver sa fortune, épouser quelqu'un de bonne condition. Cet arrangement ne la dérange cependant pas au départ puisque Bernard possède le profil parfait. C'est une façon pour elle de s'assurer une certaine sécurité. Elle éprouve cependant un certain dégoût pour son caractère et son physique. Ce mariage sera vécu comme un emprisonnement, sa joie de vivre s'efface, elle s'enferme dans un silence, se soumettant par passivité. Son rayon de soleil sera Jean, qui est au début l'amant de son amie Anne et avec qui elle entrera en contact. Thérèse Desqueyroux tombe enceinte, mais se désintéresse totalement de cet être qui grandit en elle car si on s'intéresse enfin à elle, qu'on la soigne ce n'est pas pour sa personne mais pour cet enfant à venir. En fait, elle se désintéresse globalement de tout ce qui concerne sa nouvelle famille. Sa condition d'épouse et sa condition de femme n'existent pas. Elle ne s'intéresse pas aux tâches ménagères, à son enfant, etc. Elle a donc plutôt un caractère viril : elle ne fait pas les choses « réservées aux femmes », elle rêve de liberté et fume comme un pompier comme dit le texte « par exemple, elle fume comme un sapeur ; un genre qu’elle se donne mais c’est une nature très droite, franche comme l’or. » (ligne 11-13)

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