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Therese Desqueyroux, Mauriac Analyse

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Par   •  30 Mai 2015  •  10 597 Mots (43 Pages)  •  1 572 Vues

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Dans la France des années vingt, Thérèse Desqueyroux est une jeune femme qui a été justement accusée de falsification d'ordonnances. Mais, grâce au témoignage de son mari, Bernard Desqueyroux, qui est soucieux avant tout d'étouffer le scandale et de préserver l'honneur de la famille (qui appartient à la bourgeoisie bordelaise), la justice n'a pas eu à connaître de son véritable crime : la tentative d'empoisonnement commise contre lui. Ayant bénéficié d'un non-lieu, elle sort disculpée du palais de justice de B.. Au rythme du train qui la ramène vers la maison, à Argelouse, au fond des Landes, s'apprêtant à faire face à son mari, elle prépare la confession qui la réhabiliterait aux yeux de sa victime. Elle revoit son passé, elle essaie de se remémorer par quel « enchaînement confus de désirs [...] d'actes imprévisibles », elle en était arrivée à subir (bien plutôt que vouloir) son acte criminel. Le lecteur va donc refaire avec elle le chemin de cette « vie terrible ».

Orpheline dès sa naissance, Thérèse Larroque fut élevée par un père qui, adhérant au parti radical, était un anticlérical forcené. Mais, après une enfance solitaire, son adolescence fut illuminée par l'amitié exaltée pour Anne de la Trave qui appartenait à une famille catholique, et cette amitié l’avait amenée à épouser son demi-frère, Bernard, qui était aussi un bon parti, possédant, comme elle, de nombreux pins. Mais, dès la nuit de noces, elle ressentit la déception de l'amour charnel, le dégoût de cet époux égoïste et mesquin, homme fruste, trop différent d'elle. Et elle souffrit de l'asphyxie par le milieu, méprisant de toute sa lucide intelligence cette belle-famille dans laquelle elle avait cru trouver un refuge. Elle accoucha d'une petite fille, Marie, et continua à mener une vie extérieurement tout unie, alors qu’en fait cette maternité sans joie lui donnait la nausée.

Anne s'était brusquement amourachée d’un voisin, Jean Azévédo. Bouleversée par cet amour fou dont la jeune fille lui avait confié par lettre les plus intimes transports, Thérèse accepta le rôle que ses beaux-parents et Bernard lui proposaient de jouer pour les séparer. Le séducteur, trouvant en elle un auditoire à sa mesure, lui tint un discours qui n’était pour lui qu'une jonglerie, mais qui, pour Thérèse, était une ouverture au monde de la pensée en accord avec les actes. Cependant, avec Bernard, elle combina pour Anne un mariage de raison et d'argent avec un autre voisin, « le fils Deguilhem ».

Elle vit Bernard, qui souffrait du cœur, prendre par inadvertance, dans l’affolement provoqué par un incendie, une dose trop forte de médicament, ce qui le rendit très malade. Elle réitéra alors volontairement le même geste. Il frôla la mort, et tout alors se dénoua brutalement : le pharmacien produisit des ordonnances falsifiées au moyen desquelles elle s'était procuré des produits toxiques ; une instruction criminelle fut ouverte, à laquelle mit fin le non-lieu.

À Argelouse, où elle espère trouver le pardon, être enfin comprise et aimée, Thérèse fait face à un justicier qui reste sourd à ses explications. La « confession » s'avère impossible, et Bernard fait connaître la sentence familiale : elle vivra désormais en recluse dans la maison solitaire, l'honneur familial exigeant qu'elle y demeure afin de sauver les apparences ; son départ, qui accréditerait la thèse de l'empoisonnement, ferait échouer le mariage d'Anne, entacherait le destin de Marie, dont on la sépare. Reléguée dans une chambre à l'étage, elle y vit dans une solitude totale, car elle est abandonnée de son père, tandis que Bernard, rassuré, déserte bientôt le domaine. Elle tombe dans une prostration où elle se livre aux rêves d'amour et de gloire les plus fous, jusqu'à ce que sa douleur devienne sa seule raison d'être et sa seule occupation. Elle songe au suicide, mais son geste est empêché par la mort imprévue de sa vieille tante. Se voyant bientôt interdire ce pâle réconfort que constitue la messe dominicale, à l'image de la nature automnale qui se glace peu à peu, elle se laisse dépérir tant physiquement que moralement. Son allure fantomatique inquiète la famille qui est venue, peu avant Noël, présenter le fiancé d'Anne. Le régime de séquestration est alors adouci et Bernard promet une libération après le mariage d'Anne. Le dernier chapitre laisse Thérèse, libérée par Bernard, auquel elle a définitivement renoncé à expliquer son acte, se fondre, anonyme, dans la foule parisienne : « Elle riait seule comme une bienheureuse».

Analyse

(la pagination est celle du Livre de poche)

Genèse

L’inspiration du roman provient d'un choc que Mauriac éprouva en découvrant, dans la chronique judiciaire, un fait divers et un procès. Il l'évoque dans une adresse à Thérèse qui figure en tête du roman :« Adolescent, je me souviens d'avoir aperçu, dans une salle étouffante d'assises, livrée aux avocats moins féroces que les dames empanachées, ta petite figure blanche et sans lèvres.»

À Bordeaux, en juin 1905, les révélations d'un pharmacien au médecin qui soignait un riche négociant pour un mal étrange entraînèrent des soupçons contre Blanche Canaby, son épouse, qui, grâce aux ordonnances d'un docteur des Landes, s'était fait délivrer des toxiques. Interrogée, elle prétendit que les ordonnances lui avaient été apportées par un inconnu (qu'on ne retrouva pas) et qu'elle s'était procuré les toxiques pour rendre service au médecin landais, un ami de la famille, qui voulait faire des expériences. Le médecin mis en cause protesta que les ordonnances étaient des faux, et porta plainte. Cependant, les examens et les analyses auxquels on procéda sur le malade laissèrent croire à un empoisonnement par l'arsenic.

Évidemment, cela provoqua un scandale dans la bonne société de Bordeaux, où l'on s'interrogea sur la part prise à « l'affaire» par « l'ami du foyer », compagnon d'enfance de la femme, revenu à Bordeaux en 1904 et volontiers reçu par les époux. Mais toute la famille fit front pour défendre celle que l'on soupçonnait et qui fut officiellement accusée de faux et d'usage de faux en octobre et qui, après d'interminables interrogatoires et confrontations avec des domestiques qui l'accusaient, fut mise en état d'arrestation en février 1906

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