Explication linéaire de l’ouverture du roman de Stendhal Le Rouge et le Noir

Introduction

Le roman s’ouvre sur une citation de Hobbes qui donne des éléments d’anticipation du roman et instaurent l’atmosphère du lieu de l’action.

Verrières est une ville fictionnelle. Stendhal consacre un chapitre entier à sa description et à la magnificence du paysage. Nous avons deux points de vue différents. Premièrement celui d’un témoin anonyme, visiteur curieux venu de Paris. C’est aussi celui du narrateur-auteur, qui commente le spectacle de façon ironique.

• L’incipit du Rouge et Le noir relève-t-il du lyrisme ou du réalisme (par le choix de l’auteur) ?

I/ Une visite guidée

Dès l’ouverture du roman, le narrateur nous guide à travers une visite de Verrières. Il décrit cette petite ville de province comme « l’une des plus jolies de la Franche Comté » et propice à la rêverie. D’ailleurs, le nom de la ville est presque une anagramme du mot « rêverie ».

Il s’adresse directement à nous en utilisant la troisième personne, il s’agit donc d’une narration hétérodiégétique. Les marques de l’énonciation assurent une relation directe entre le narrateur, le lecteur et les choses vues.

A) Liens entre le narrateur et le lecteur

• Stendhal ajoute de la proximité avec son lecteur car l’observateur est étranger au même titre que le lecteur et est donc doté d’un regard impartial. « Le voyageur qui pénètre pour la première fois dans les montagnes qui séparent la France de l’Helvétie. » mais ce voyageur est un habitant de la capitale, il est donc porteur d’un regard particulier qui garantis l’authenticité de ses impressions, nouvelles mais subjectives.

B) Une description aux allures de témoignage

• Les temps verbaux actualisent la description, lui donnent la vérité d’un témoignage :

• Le présent correspond au mouvement de la promenade et de ses hasards : « A peine entre-t-on », « Pour peu que le voyageur s’arrête quelques instants », « Si celui-ci continue sa promenade ».
•  Plus loin, le passé composé authentifie la visite : « vous a frappé », vous avez remarqué », renvoient le visiteur et à la fois le lecteur au début du chapitre, au début de la promenade.

Nous discernons une hypotypose étant donné que la description est réaliste et animée ce qui nous donne l’impression de vivre l’instant avec le voyageur.

II/ La chronique : visite guidée – visite critique

A) Une description marquée par les contrastes, les oppositions

• Le narrateur décrit un paysage naturel. Le regard embrasse d’abord le panorama ; puis la promenade parcourt les reliefs accidentés des pentes du Jura traversé par le Doubs.

• Le voyageur enregistre des contrastes. Une opposition paradis/ enfer avec

• le paradis illustré dans le texte par le champ lexical de l’harmonie de la nature : « les collines de Bourgogne », « de hautes montagnes », « de vigoureux châtaigniers », « le fleuve du Doubs » qui marque le paysage naturel, somptueux et sauvage en ajoutant aussi « les maisons blanches » où l’adjectif « blanches » renforce aussi à la pureté du paysage.
• Ce monde autour du beau est pollué par l’industrie, l’exploitation économique de la ville et ses hommes affairés. Un enfer qui est également mis en avant par les coups de marteaux énormes à l’origine du vacarme, le fer, le travail dur, le bruit assourdissant de la fabrique de clous.

🡪Tous ces éléments contrastent avec l’impression de paix que l’on ressent à travers la description de la nature ainsi que « les jeunes filles fraîches et jolies » qui caractérisent la douceur, la beauté, le calme et l’élégance. L’atmosphère provinciale ici est marquée par l’ironie.

B) Une ville et un maire à sa tête 

• Le comportement des habitants complète et oriente le jugement du voyageur :

 Leurs attitudes montre qu’ils sont en accord avec la hiérarchie sociale établie autour de l’avarice du Maire, « A son aspect, les chapeaux se lèvent rapidement ».

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