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En Quoi La Scène Des Comices Est Un Passage Clé De Madame Bovary (roman de Flaubert) ?

Mémoire : En Quoi La Scène Des Comices Est Un Passage Clé De Madame Bovary (roman de Flaubert) ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Janvier 2015  •  1 358 Mots (6 Pages)  •  1 751 Vues

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Madame Bovary est le roman le plus célèbre de Flaubert. Il est publié en 1857 et provoque un vrai scandale. En effet, l’imprimeur et Flaubert lui-même sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs » puis seront finalement acquittés. Le roman choque car il met en scène un personnage féminin, Emma, qui s’ennuie profondément dans son mariage bourgeois et qui commet un adultère.

Le passage des commisses agricoles est extrêmement célèbre et caractéristique de l’écriture de Flaubert qui joue ici d’une ironie virulente. En effet, il s’agit ici du moment où Rodolphe déclare son amour à Emma mais cette déclaration a lieu dans un cadre fort peu romantique, lors de la remise des prix agricoles. Ainsi le contraste est saisissant entre les deux discours et les deux situations : le discours du président vient parasiter cette déclaration amoureuse et la saper de l’intérieur, créant un effet comique évident tout en signant la mort du romantisme.

I) Une multiplicité de discours qui crée un effet comique

a) Deux discours que tout oppose

Deux discours présents ici, deux situations d’énonciation : la SE officielle=le président qui parle au public présent à la foire de Yonville. La SE officieuse, Emma et Rodolphe qui n’écoutent pas du tout ce discours officiel et parlent d’autre chose, en secret. Ces deux discours s’opposent complètement. Dans le discours du président, on est dans le champ lexical du bétail, et plus généralement du monde rural cf « Fumiers » « pour un bélier mérinos » « race porcine »etc.

Le discours de Rodolphe au contraire est une déclaration amoureuse passionnée « cent fois, j’ai voulu partir, et je vous ai suivie, je suis resté. ». « Laissez que je vous voie, que je vous contemple », etc. Le discours du président relève d’une logique marchande et triviale « soixante et dix francs » « une médaille d’or » « soixante francs ». Il distribue des prix et de l’argent quand Rodolphe offre son cœur !  Ce croisement crée t un effet incongru et comique évident, et permet difficilement de prendre le discours de Rodolphe très au sérieux.

b)      Des discours qui se superposent et qui se répondent

On différencie difficilement les deux discours : il y a donc une volonté chez Flaubert de mêler les deux discours, voire de les emmêler car parfois, le lecteur hésite quant à l’identité de celui qui parle. Une lecture plus attentive permet de remarquer qu’il y a une utilisation systématique des guillemets quand le président s’exprime et un simple tiret quand c’est Rodolphe qui prend la parole. Effet polyphonique amusant, d’autant plus que l’on a l’impression à plusieurs reprises que les discours se répondent directement.

Cf l. 3 et 4 :« Cent fois même j’ai voulu partir […] je suis resté » et le retour à la ligne est impitoyable avec le terme « Fumiers » qui raisonne comme une insulte envers Rodolphe. Même chose aux lignes 9 et 10 où Rodolphe semble emporter avec lui le souvenir d’ « un bélier mérinos » Effet comique ici également.

Et en y regardant de plus près, ces deux discours ne sont pas si éloignés dans leur logique interne. Quel est le but du président ? Récompenser les agriculteurs et les pousser à pratiquer davantage l’agriculture. Et le but de Rodolphe ?=séduire Emma et l’attirer dans son lit. Deux discours qui ont donc une visée argumentative.

c)      Le langage du corps

A ces deux discours bruyants et qui occupent le premier plan, s’ajoute le discours silencieux d’Emma, qui durant tout l’extrait ne parle pas. Elle est dans l’écoute. Pourtant, elle ne repousse pas les avances de Rodolphe (rappelons qu’elle est mariée à Charles Bovary). Plus que ça, c’est le langage du corps qui d’abord la trahit : « il la sentait toute chaude et frémissante ». Plus loin, elle répond à la pression qu’il exerce sur sa main que Rodolphe interprète immédiatement comme une réponse à ses avances. Voir à ce titre les exclamations et la ponctuation expressive « Oh ! merci ! Vous ne me repoussez pas ! » Une victoire rapide qui révèle que Rodolphe est pressé. Enfin, la fin du passage scelle un rapprochement physique réel et fait taire Rodolphe : « Rodolphe ne parlait plus ». Son discours a été suffisamment

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