Explication linéaire acte III scène 5 Mariage de Figaro

« Il faudrait détruire la Bastille pour que la représentation de cette pièce ne fut pas un inconséquence dangereuse » Louis XVI en parlant de la pièce le mariage de Figaro par Beaumarchais devait avoir avoir un don pour les prédictions car cette deuxième moitié de XVIIIe siècle allait devenir très agitée dans les années à venir avec notamment la destruction de la Bastille (prison royal) en 1789 puis la mort par décapitation du monarque en 1792. Pourquoi alors le roi prononce-t-il cette phrase rapportée par Mme de Campan restée célèbre à propos de cette pièce ? Comme notre explication linéaire ne porte pas sur cette interrogation je vais y répondre dès maintenant : le souverain dit cette sentence car, Beaumarchais dans son œuvre, alors qu’il vit lui-même à la cour, présente à travers une comédie de valets autour d’un mariage une forte critique de la société d’ordre de son temps. Dans cette œuvre l’extrait que nous allons étudier est le début de la scène 5 de l’acte III. Cette scène vient s’inscrire juste après un second acte où le rythme s’est brusquement accéléré, où l’intrigue s’est complexifiée et où l’on a vu une augmentation du nombre de manipulation et de ruse entre les valets et les maîtres. Plus précisément, le début de la scène 5 nous montre un duel verbal entre le Comte et Figaro où chacun essayera de manipuler l’autre et de ruser. Nous pouvons donc nous demander comment, dans cet extrait, chaque protagoniste arrive à sa manière à tromper l’autre en fonction de leur rapport et avec une certaine stratégie ? Pour y répondre nous nous pencherons tout d’abord sur le jeu d’approche et de manipulation de Figaro et du Comte puis sur leur rapport en tant que valet et maître et enfin sur leurs stratégies respectives.

Dans les 6 premières répliques de la scène on voit Figaro et le Comte exposer leurs objectifs respectifs « je lui fait épouser la vieille » et leurs craintes « s’il en sait par elle un seul mot » ici le comte craint que Figaro ne sache que le Comte veut exercer le droit de cuissage sur Suzanne mais Figaro se gardera bien de lui révéler tout cela chacun de son côté, en aparté comme le montre les didascalies « à part » (à quatre reprises) pour Figaro et les points de suspension avant chaque réplique du Comte. De plus, ils se mentent l’un à l’autre constamment dans cet extrait comme lorsque Figaro feint de ne pas avoir entendu ce que vient de dire le Comte « Et pourquoi ces mots ?.../ Je n’ai rien dit ».

Les rapports entre le valet et le maître sont complexes dans cet extrait. En effet, ces rapports oscillent entre irrespectueux et amicales. Lorsque les deux personnages discutent frontalement on peut tout d’abord voir une forme de moquerie dans la réponse que formule Figaro quand le Comte fait une remarque sur le de temps que le valet a pris pour à s’habiller « Les domestiques ici … sont plus longs à s’habiller que les maîtres ! » ce à quoi répond Figaro « C’est qu’ils n’ont point de valets pour les y aider. ». Dans cette simple réplique il y a à la fois un profond irrespect pour la personne du Comte mais aussi une critique forte des privilèges des maîtres. Cependant leurs rapports sont aussi cordiaux comme lorsque le Comte dit « Vous pouviez fuir par l’escalier. » et Figaro répond alors « Et vous, me prendre par le corridor »

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