Essais de Montaigne, 1580, Des cannibales.

Essais de Montaigne, 1580. («Des cannibales»)

Problématique :

• Quelle remise en question de la civilisation les notions de « barbarie » et de « sauvagerie » permettent-elles ici ?

1. Une réflexion lexicale au service de la thèse de Montaigne.

1. « Barbare ».

Notion clé pour l’exposé de l’argumentation de Montaigne. Une thèse claire, le pronom « je », le verbe de jugement « trouver ». Présent de vérité générale, une énonciation péremptoire ou catégorique (« rien de »). Barbarie et sauvagerie rejeté d’entrée par Montaigne, au sens de cruauté, inhumanité.

♦ Explicitation : seul le sens étymologique est retenu, sans visé péjorative, cela renvoit seulement à ce qui est étranger. Montaigne souligne à cette occasion nos préjugés, notre étroitesse d’esprit, car les européens confondent des valeurs universelles (« vérité » et « raison ») et des notions conjecturelles (les « usances ») lié aux circonstances à la situation du moment. Retranscription des pensées des européens et d’un sentiment de supériorité avec le rythme ternaire et la répétition de l’adjectif « parfait », ironie.

1. Sauvage.

Montaigne retourne la valeur du mot «sauvage ». Ce terme a priori négatif devient positif quand il l’associe par la comparaison « de même que » à ce qui est naturel. Il revient donc au sens étymologique → latin, qui vient de la forêt. Glissement, Montaigne revient sur l’acceptation négative du mot pour l’appliquer aux européens. Le mot sauvage ne signifie plus le contraire de ce qui est civilisé mais il désigne ce qui est contre-nature et donc monstrueux.

Transition : La réflexion lexicale a permis à Montaigne de montrer la relativité de la notion de barbarie et d’amorcer une réflexion et une critique sur la civilisation.

1. L’éloge du naturel face à ceux qui se disent civilisés.

1. Dénonciation de l’artifice de la civilisation.

Abondance de vocabulaire péjoratif et de jugement lié à la prise de position de Montaigne. ≠ entre « je » et « nous » (=européens). Plusieurs défauts apparaissent :

• Superficialité : « artifice » ; rythme binaire « vaines et frivoles ».
• Une forme de détérioration avec tout un champ lexical qui montre la perte de la pureté originelle.
• Destruction : « étouffée ».

Même l’art n’échappe pas à cette critique. Montaigne lui reproche l’excès, la démesure qui au final le dévalorise par rapport à la nature (l.13/14) + (l.22/23) superlatif.

1. L’éloge du naturel chez les Indiens et de la Nature.

♦ Les Indiens :

• Analogie, comparaison avec les produits de la nature.
• Allitération en /v/ l.8-9 qui unit des termes très mélioratifs (mode de vie/mœurs) + comparatif de supériorité, « plus utiles ».
• Parallèle de structures, rythme binaire des phrases : Nature / Civilisation + antithèse « Ceux-là » ≠ « Ceux-ci ».
• « Sans culture » l.12, apparemment manque, privation mais en fait positif car la culture est ici opposée à la nature mais sans jugement de valeur.

♦ La Nature :

• Personnification /Allégorie, « mère » + figure de l’Abondance.
• Vocabulaire évaluatif mélioratif.
• Oxymore l.15.
• Comparaison systématique entre les productions artistiques et naturelles : s’appuie sur 2 arguments d’autorités Properce (faune et flore : lierre, arbousier, oiseaux ; 3 comparatifs de supériorités) et Platon (rythme ternaire, nature, fortune (=hasard), art ; origine des choses (exclusifs), 2 origines où l’Homme n’intervient pas, associés à un superlatif de supériorité).
• 2 exemples préalables très concret : nid + toile d’araignée, vulnérabilité, petitesse de l’animal en question, structure complexe.

Conclusion.

Bilan qui répond à la problématique (notion de préjugés, de relativité).

Ouverture : Prolongement sur l’éloge de la vie naturelle avec Rousseau, Diderot, mythe du bon sauvage. Epoque contemporaine XXe siècle, guerres, attentats, terrorisme.

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