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Les Essais De Montaigne Livre I, Ch. 31, « Des Cannibales » (nouvelle définition Des Cannibales)

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Par   •  10 Septembre 2014  •  1 350 Mots (6 Pages)  •  1 641 Vues

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Les Essais de Montaigne

Livre I, ch. 31, « Des cannibales »

(nouvelle définition des cannibales)

Ce chapitre a été écrit après 1579. Montaigne avait eu un domestique ayant longtemps vécu au Brésil (pays des cannibales) et ayant pris part à l’expédition de Villegagnon au Brésil en 1557. On découvre ainsi de nouvelles populations et dans ce chapitre Montaigne tente de se libérer des préjugés et analyse ce qui conduit au rejet de l’autre en mettant en évidence la relativité des jugements ; qu’est-ce qui est sauvage, qu’est-ce qui est civilisé ? La réflexion reste très actuelle.

I- La démystification des idées reçues

1- Une mise au point linguistique : quels sont les mots qui reviennent et auxquels s’intéresse Montaigne ? « barbare » « sauvage ». Quels sens donne-t-il successivement à ces mots ? dans la première phrase, « barbare » est associé à « sauvage », il s’agit donc du sens habituel de « cruel, non civilisé, impitoyable, inhumain ». Par la négation, « il n’y a rien », Montaigne se démarque de ce sens au profit du second qui est celui d’« étranger, différent de soi, qui n’a pas les mêmes normes que soi ». Un troisième sens apparaît quand il compare les sauvages avec les fruits de la nature  « sauvage » = naturel ( du latin « selvaticus » qui vient de la forêt) ; quand apparaît le dernier sens ? quand Montaigne énonce « là où, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice… », il fait un raisonnement par analogie en comparant les sauvages aux fruits naturels et opère un retournement ; est « sauvage » ce qui a été altéré, qui a perdu ses qualités naturelles, a été corrompu par la civilisation, i. e. par les Européens  les « sauvages » sont donc les Européens et Montaigne va à rebours d’une idée reçue.

2- L’invitation à la réflexion et à l’adhésion :

Montaigne va inviter le lecteur à une adhésion réfléchie de plusieurs manières : il use de phrases catégoriques : « Il n’y a rien de barbare et de sauvage… » Il présente sa position comme une évidence (« comme de vrai », « à la vérité ») il fait appel au discernement du lecteur. Il s’appuie aussi sur un argument d’autorité, « à ce qu’on m’en a rapporté ».

Comment Montaigne essaie-t-il progressivement de faire adhérer son lecteur ? Il commence par utiliser le « je » (« je trouve »), puis passe à l’aphorisme, du « je » on passe à « chacun »avec utilisation du présent de vérité générale (« chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage »), il met donc en relief des comportements généralisés et très répandus en Europe. Enfin, il emploie le « nous » (« nous n’avons d’autre mire… où nous sommes » qui perdure jusqu’à la fin de l’extrait. Il s’implique dans cet aveuglement collectif occidental.

II- La nouvelle vision que présente Montaigne des Européens et des cannibales

1- La critique de l’ethnocentrisme. Dans quel passage cette critique apparaît-elle ? à partir de « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage… » L’emploi de « chacun » fait perdre à la dénomination « sauvage et barbare » son caractère absolu. La réduction à l’individu (« chacun ») est la première étape de la relativisation. L’utilisation du verbe « appelle » ensuite montre que Montaigne ne reconnaît aux noms qu’une valeur de convention, ils ne sont pas indissolublement liés à ce qu’ils désignent. Dans la suite, quels autres procédés soulignent la nécessité de relativiser ? l’utilisation de restrictions (« nous n’avons d’autre mire »), la relative « où nous sommes » qui font ressortir l’étroitesse du jugement que nous avons qui ne peut qu’être subjectif. On note aussi que « raison » et « vérité » concepts qui se substituent à ceux de « barbare » et « sauvage » sont au singulier alors que « opinions et usances » est au pluriel, ce qui prouve qu’il existe plusieurs points de vue pour une seule notion. Les groupes binaires « vérité et raison », « exemple et idée », « opinions et usances » sont la marque d’une pensée qui procède par approximations et restrictions successives, pour saper les préjugés sur lesquels repose notre civilisation.

Quel ton utilise aussi Montaigne ? L’ironie comme le montrent les répétitions de « toujours », « toutes choses », « parfait » (repris trois fois). « Religion » et « police » font écho, en leur donnant un contenu précis, aux idées de « vérité » et « raison ». Les Européens croient toujours avoir raison

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