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Les Essais De MONTAIGNE

Note de Recherches : Les Essais De MONTAIGNE. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2013  •  2 506 Mots (11 Pages)  •  1 170 Vues

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Montaigne rédige Les Essais au XVIème siècle. Il se peint, lui, ses actions, ses pensées, dans le but de mieux se connaître et, à travers son exemple, de réfléchir sur l'homme en général. Auteur humaniste, Montaigne tente de prouver que l'éducation des enfants est primordiale pour développer la civilisation. C'est pourquoi il propose les principes qu'il juge essentiels pour l'améliorer, au tout début de son oeuvre, dans le Livre I, au chapitre XXVI. Dans l'extrait que nous allons commenter, il compare le système scolastique d'enseignement qui laisse l'enfant trop passif, avec le système que lui-même a connu et qui consiste à rendre l'enfant acteur de son apprentissage. Le but de cet enseignement est de transformer l'enfant en un adulte autonome, capable de juger par lui-même. Nous allons donc observer de quelle façon Montaigne démontre la supériorité de son modèle d'éducation. Nous verrons, dans un premier temps, qu'il remet en cause le mode d'éducation contemporain, jugé inefficace. Dans un second temps, nous observerons de quelle façon il nous présente son modèle d'éducation comme idéal. Pour finir, nous commenterons sa manière de le mettre en pratique à l'usage de ses lecteurs.

Dans un premier temps, nous observons que Montaigne remet en cause un mode d’éducation qu’il juge inefficace.

Il estime, en effet, que l’enseignement, tel qu’il se pratique à son époque, est vide de sens. Montaigne dénonce d’abord la vanité des pédants. L’éducation est présentée par la société comme un gain financier l.8, objectif que Montaigne refuse et qualifie par un vocabulaire dévalorisant de « abject », « indigne », l.8. Il en dénonce le caractère superficiel : seuls ne doivent pas compter « les avantages extérieurs » l.11. Ensuite, il oppose, dans une antithèse, deux modèles d’enseignants : d’un côté il y a ceux qui ont « la tête bien faite » et d’un autre côté ceux qui ont « la tête bien pleine », l.15. L'adjectif « pleine » n’est pas une qualité car il lui manque un complément d’objet, et par conséquent on ne sait pas de quoi cette tête est pleine. Par cette métonymie de la tête pour désigner le professeur, Montaigne met l’accent sur le problème du recrutement des enseignants : ceux qui en savent le plus, ne sont pas forcément les plus capables d’enseigner leur savoir. En opposant « le savoir » l.17 et « savant » l.13 à « valeur morale et intelligence » l.16, Montaigne indique, par antiphrase, que la science peut être de la bêtise s’il manque l’intelligence pour la mettre en œuvre.

Mis à part le choix parfois peu judicieux d’enseignants savants mais dépourvus de pédagogie, Montaigne reproche aussi à l’éducation de son temps d’être basée sur le mépris de l’élève. L’action d’enseigner, Montaigne la décrit par le terme péjoratif : « crier » l.19. Montaigne réduit ainsi la parole pédagogique à des hurlements vains. Par métonymie, la description réduit également l’enfant à une « oreille » l.19 au lieu de l’associer à un cerveau : l’enseignant veut que l’élève écoute, et ne se préoccupe pas de savoir s’il comprend. La comparaison dévalorisante qui suit assimile l’enfant à un objet, uniquement destiné à faire couler un liquide d’un endroit à un autre, l.19-20 : « comme si l’on versait dans un entonnoir ». L’étape de transformation et d’assimilation ne fait pas partie du processus. On retrouve ce même reproche dans la métaphore de l’estomac, l.50-53 : on demande à l’élève de « regorger » le savoir en une nourriture « crue et non assimilée », comme le ferait l’action de vomir. On peut remarquer le peu d’estime, lisible dans le choix des images, dans laquelle Montaigne tient le mode d’enseignement de son époque. La stérilité du message pédagogique se lit dans le vide des répétitions : « demande seulement de redire ce que l’on nous a dit » l.20-21. La restriction indique le sentiment d’insuffisance que doit ressentir le lecteur devant ce type d’enseignement. Aucun profit n’est à tirer, par conséquent, d’une telle éducation. La figure de l’amplification et de l’antithèse soulignent l’absurdité du cours magistral : « en une même leçon et par la même méthode » l.39-40 s’oppose à « plusieurs esprits de formes et de capacités si différentes » l.38-39. Le professeur devant un vaste public n’adapte pas son message. La nullité du résultat se lit dans l’antithèse l.41-42 : de « sur tout un groupe d’enfants […] à peine deux ou trois qui tirent quelque profit ». La manière d’enseigner ne convient donc pas non plus à l’auteur.

Nous venons donc d’observer comment Montaigne démontre l’inefficacité du système d’enseignement de son époque : l’éducation est détournée de ses objectifs réels vers des intérêts superficiels. Les éducateurs ne sont pas recrutés en fonction de leurs qualités pédagogiques. Et la façon d’enseigner la même chose à tout un groupe ne saurait porter ses fruits. Le lecteur est donc obligé de déduire la nécessité de remettre en cause un modèle d’éducation périmé et d’en proposer un nouveau.

Nous allons donc commenter la façon dont Montaigne nous propose un nouveau système éducatif comme modèle idéal.

Comme tout bon humaniste, Montaigne propose de placer l’enfant au centre de son apprentissage. Le changement de point de vue se lit dans le changement de désignation de l'élève : ce n'est pas une « oreille » : il doit être considéré comme un « esprit » l.22 et il s'agit d'en faire, non plus un entonnoir, mais « un homme », l.13. Montaigne file la métaphore bien plus valorisante du cheval à l'entraînement, animal noble, pour expliquer le rôle de l'éducateur. L'élève de passif devient actif, sujet des actions : « il commence à mettre celui-ci sur la piste » l.22-23, « le fasse trotter » l.30. Le rôle de l'enseignant est donc d'observer l'action de l'élève, voilà pourquoi il est nécessaire de le recruter intelligent et pas seulement savant. L'élève doit donc être considéré comme un sujet à part entière et c'est comme sujet qu'il fait son apparition grammaticale dans la phrase de la l.25-26 : « Pas qu'il invente et parle seul [...] qu'il écoute son disciple parler ». Le « maître » l.43 devient un « guide » l.36, c'est-à-dire qu'il passe de l’autorité solitaire au statut de celui qui accompagne. Cette nouvelle fonction se lit dans la façon dont la phrase se corrige d'elle-même, l.24-25 : « parfois lui ouvrant

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