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Dissertation Sur Les Mains Libres

Mémoire : Dissertation Sur Les Mains Libres. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Février 2015  •  10 290 Mots (42 Pages)  •  636 Vues

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Célèbre formule de Horace ut pictura poesis « assignait à la poésie la tâche de faire comme la peinture, œuvre vive et visuelle » écrit Liliane Louvel => depuis Antiquité la littérature donc devait faire comme la peinture à tel point que ces deux arts étaient comparés voire associés. Depuis littérature grecque ou romaine, ou même dans textes religieux ou profanes on retrouve des ornements comme des miniatures, des filets, des bandeaux et on pense à la période romantique avec des illustrations de Doré, Daumier, Granville ou même des peintres comme Delacroix qui illustre un Faust de Goethe…  poésie, forme-sens s’il en est est souvent illustrée par sa jumelle la peinture ds la mesure où là où le peintre utilise la palette des couleurs pour figurer qq ch, le poète utilise des nuances lexicales, de la mm façon que le peintre dispose de la toile blanche et de cet espace immense pour peindre, le poète utilise lui aussi toutes les ressources de la mise en page jouant sur la typographie, les blancs, les polices de caractère jusqu’à explorer de nouvelles voies poétiques (haïku, calligramme) => cette gémellité poésie/peinture est marquée depuis longtemps mais le rapport a toujours été servile car la peinture était accessoirisée, réduite à une fonction illustrative en somme. => ML n’échappe pas à la règle de cette complicité générique et va mm jusqu’à la pousser à l’extrême par le dédoublement du recueil et par la confrontation poème/image MAIS renversement inédit de cette relation jusqu’à présent polarisée : ici ce sont les poèmes qui sont au service de l’image puisqu’E. a écrit des poèmes pour illustrer les images de MR (voir titre de la Pléiade) : subversion et rupture des conventions certes mais aussi inversion qui a un sens et qui dégage des pistes herméneutiques : pq le dessin ne peut-il exister seul ? Que lui apporte le poème ? En quoi leur confrontation est profondément heuristique ? = une transitivité à l’envers qui pousse à s’interroger. - Faire du poème une « illustration » du dessin c’est certes rompre avec les conventions au nom d’une liberté nouvelle (TYPIQUE DU SURREALISME qui rejette en masse les poncifs et les façons d’écrire stéréotypées et surannées) mais c’est paradoxal : en écrivant ce qui est une illustration c’est se positionner dans une relation de soumission au dessin, comme si le dessin, primordial car primesautier était ce qui prévalait avant tt. Autrement, faire un poème d’illustration c’est une obligation de se conformer au dessin, un poème ne saurait illustrer au sens restreint un dessin qui n’a aucun rapport avec lui, ce qui est antithétique de l’ambition surréaliste prônant la liberté créatrice à toute épreuve, faisant sauter les verrous de toute forme de censure, décelant les moindres porosités langagières et détruisant toute frontière entre rationnel et irrationnel… => donc comment analyser ce paradoxe profondément gênant ? Est-ce réellement possible qu’E. se cantonne à une posture admirative, à une sorte de mimesis verbale devant rejouant les principales caractéristiques du dessin réalisé par Man Ray ?  évoquer et trouver un consensus sur une question ambiguë : comment allier à la fois liberté inhérente à une idéologie poétique et servilité pour entrer en collaboration avec MR. - Choisir un travail poétique collaboratif c’est aussi creuser des lignes de fuite commune, voir comment derrière la différence figurative il peut y avoir aussi des entrelacs, des points communs qui attesteraient d’une vraie convergence ou ds le cas contraire, mettre en valeur toutes les divergences entre mots et images pour chercher un sens. Que ce soit par allusion, par mimésis ou alors par une puissante volonté de prendre le contre-pied de l’image, il faut regarder quelle position occupe Eluard, deuxième créateur après MR + jauger de son potentiel de création en regardant de plus près quelle prise de position et quel type de relation il entretient et possibilité de voir ou de croire en une évolution aussi. => une démarche en somme analytique à mettre en valeur mais aussi une démarche comparative tout en mettant les poèmes les uns en face des autres pour y trouver si possible une cohérence. -

PROBLEMATIQUE : Il s’agira donc de voir quelle position Eluard tient face à MR, de juger/jauger le potentiel illustratif ou émancipateur du poète ; résoudre en somme le paradoxe

puissamment fertile d’un travail coopératif à quatre mains imposant de lui-même un rapport de domination alors que le but de toute la poétique éluardienne est marqué par cet élan de liberté absolu, rejetant conformisme et subordination, réel et rationnel, teinté d’onirisme et d’autres cheminements étranges. - Plan qui suit une triple démarche en partant de l’étude même du titre : qui a « les mains libres » ? I. Créer « les mains libres » : un recueil prototypique du surréalisme II. Lire « les mains libres » : le lecteur complice, arbitre ou victime ? III. Recréer « les mains libres » : trois thématiques fondamentales pour appréhender l’œuvre.

I. Créer « les mains libres » : un recueil prototypique du surréalisme.

Premier élément à mettre en lumière est l’appartenance à ce mvt littéraire = mettre en lumières des principes d’appréhension en monde comme étant des éléments pour expliquer la composition du recueil = un movt littéraire qui a décidé de mettre en œuvre une vraie transfo du monde et à prendre le contre-pied de tt ce qui se donne comme rationnel et réglé => un mouvement de subversion massive face à tt ce qui se donne comme intangible et dogmatique. Et c’est ce principe de subversion ainsi que ce mouvement de transformation que suit Eluard dans son recueil => il s’agit de créer les mains libres sans se fixer de règles, sans s’embarrasser de schémas poétiques convenus, sans s’engluer dans des clichés poétiques renouvelant des poncifs traités depuis l’antiquité. Stratégie du surréalisme qui pourrait se repérer en trois temps : un évidement des poncifs, puis un réinvestissement par l’extension au monde de l’irrationnel et un renforcement de ce schéma pour une puissance figurative et lexicale = on évide, on réinvestit et on renforce par la toute-puissance d’un verbe non plus divin mais urbain ayant lui-même subi un lifting herméneutique.

A – Renversements, déversements poétiques : la subversion généralisée

. - De la fragmentation à l’évidement : l’héritage rimbaldien = il s’agit pour Eluard de faire l’apprentissage de la subversion et de la rupture en créant un sorte de chaos poétique qui viendrait

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