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Dans quelle mesure la mise en scène renforce l’émotion que suscite le texte théâtral ?

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Par   •  13 Juin 2017  •  Dissertation  •  1 704 Mots (7 Pages)  •  2 418 Vues

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La lecture d’un texte théâtral suscite certaines émotions comme l’angoisse, la pitié ou l’admiration... Or le théâtre n’est pas écrit pour être lu mais pour être représenté sur scène. Antonin Artaud disait : « le texte doit être joué pour être un art total » Mais alors, de quoi la mise en scène est-elle capable de plus qu’un texte pour émouvoir le spectateur ? Il pourrait être touché grâce aux multiples ressorts dont dispose le spectacle vivant et par les choix du metteur en scène lorsqu’il s’agit du jeu des acteurs qu’il dirige, du décor ou encore des effets sonores. Mais la vision du metteur en scène peut s’éloigner du texte, et la mise en scène, sans jouer le rôle d’un amplificateur, serait le révélateur d’un nouveau sens.

Tout d’abord, le théâtre est une expérience vivante.

Lors d’une représentation, les personnages sont incarnés par des êtres humains. D’ailleurs, les spectateurs sont confrontés à des hommes sur scène, à l’inverse d’un livre qui ne contient que des personnages de fiction. Ces derniers, rencontrés lors d’une lecture, appartiennent au monde de notre imagination, alors que les acteurs sont présents dans la réalité. Ainsi, la représentation d’une pièce de théâtre confronte à quelque chose de concret, ancré dans le réel. Le spectateur est pleinement engagé dans l’expérience. Quoiqu’il ne soit pas indispensable à la narration, sa présence est nécessaire pour que le théâtre deviennent un art vivant. Victor Hugo rappelle qu’il y a « des cœurs humains sur la scène, des cœurs humains dans la coulisse, des cœurs humains dans la salle. » C’est grâce à cette dimension organique que le spectateur peut ressortir enrichi d’un vécu unique, dimension absente lors d’une lecture.

Mais si ce sont des humains qui sont les initiateurs du théâtre, chaque représentation est soumise à une part d’imprévu. Cela peut prendre source dans les oublis de texte, les réactions du public, des moments d’improvisation ou bien dans la présence d’éléments naturels. Par exemple, le festival des Nuits de Joux est organisé à ciel ouvert dans l’enceinte d’un fort. Dans l’une des pièces proposées, Prométhée Enchaîné, la troupe avait choisi de laisser libre cours à l’improvisation. Dans un moment de silence, le vent a soulevé un élément du décor. Le mouvement d’ascension a provoqué aussi bien chez les spectateurs que chez les acteurs une surprise magnifique. C’est cet émerveillement provoqué par quelque chose sorti de nulle part, qui atteste l’unicité de chaque expérience théâtrale. Le spectacle est alors capable de transmettre une émotion véritable autre que celle inhérente au texte.

Enfin, le théâtre est le seul lieu qui permet l’expérience de la catharsis. C’est à dire, l’expérience d’émotions paroxystiques par procuration et qui permet de la purgation de ses passions. Théorisée par Aristote, il considère que la catharsis se réalise pleinement au théâtre. En effet, le spectateur bénéficie de l’incarnation des personnages et de l’engagement des acteurs qui donnent vie et puissance au texte. Dans Roméo et Juliette, la provocation en duel de deux acteurs suscite plus de crainte que les menaces en vers de Shakespeare. C’est la présence d’hommes qui assure la vraisemblance et l’authenticité de l’action, et qui permet l’émergence de sentiments ou de réactions plus violents que ce que provoqueraient les mots seuls. Le spectateur regardant des situations extrêmes incarnées par un autre humain, peut s’identifier puis se libérer des frustrations ou des passions grossies par le personnage. Dans la tragédie de Racine, Phèdre, il est donné à voir un être torturé qui en devient monstrueux et indécent. Le spectateur reconnaît en l’acteur une part de lui-même, et puisqu’il est témoin des conséquence funestes des tentations de l’inceste, il peut se détacher de ses frustrations comme par exorcisation. C’est seulement au théâtre que ce mécanisme prend toute son ampleur.

Ainsi, le spectacle d’êtres humains donne à un texte une dimension vivante, et de ce fait, plus poignante, dans lequel le spectateur est acteur à part entière. À la différence de la lecture, ce dernier est sollicité par ses sens comme l’ouïe ou la vue mais aussi contraint à un espace-temps.

En effet, les acteurs qui incarnent les personnages sont porteurs du texte, d’une part par leur voix, d’autre part grâce à leur gestuelle et leur présence scénique. Le public est sensible à tout ce qui est laissé transparaître. C’est pour cela que les acteurs ont besoin d’être vigilant quant à tout mouvement, détail de leur jeu. Ils doivent l’orienter consciemment de manière à amplifier les caractéristiques principales de leur personnages. Dans La campagne de Martin Crimp, un homme demande régulièrement à sa femme « Veux-tu un verre d’eau ? ». Si j’ai pu penser qu’il voulait l’empoisonner, c’est grâce à la tension établie dans la voix dure, la prononciation détachée, la répétition sur un même ton sans affection d’une même phrase et la distance physique qui sépare le couple progressivement. Ainsi, la réception du texte par le public se fait par l’intermédiaire des porte-paroles que sont les acteurs.

En outre, le texte théâtral est interprété dans un espace. Ceci implique le déplacement du spectateur, mais aussi la création d’un décor. Pour accéder à la salle de spectacle,

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