Commentaire sur le conte philosophique L'Ingénu de Voltaire

Nous connaissons Voltaire comme philosophe, personnalité de premier plan du siècle des Lumières, mais plus encore comme auteur de contes. Souvent marqués d'une touche d'exotisme, ses récits légers, drôles et élégants, mettent en scène des personnages originaux qui abordent à travers leurs aventures les questions qui les préoccupe : le pouvoir absolu, le pouvoir arbitraire, les superstitions, la guerre... Dans l'Ingénu, c'est un Huron, personne éponyme qui joue ce rôle, et après avoir permis à Voltaire de s'amuser avec l'image du bon sauvage, de dénoncer les a priori de la société de son temps, de critiquer les sacrements de l’Église, lui fournit l'occasion de porter un regard amusé sur les conventions du mariage. Son personnage est ainsi présenté au moment où sa nature le pousse à s'unir physiquement à la jeune femme qu'il aime dans une scène cocasse où le dialogue souligne sa naïveté mais aussi permet à l'auteur de dénoncer les conventions qui s'opposent à la nature et de faire sourire son lecteur par l'ensemble de sous entendu légers et grivois. L’Ingénu, personnage principal du conte lui permettra par sa naïveté, sa franchise et sa curiosité, bien des dénonciations. Dans ce début du chapitre six, le jeune homme, après une initiation rapide au baptême, se livre à un épisode érotique et cocasse impliquant la jeune femme dont il est amoureux, Mademoiselle de Saint-Yves. Le récit vif et rapide centré sur l'action, laisse une place importante au dialogue par lequel nous connaissons les réactions de la jeune fille mais aussi les sentiments du jeune homme et plus tard la réaction de son entourage.

Ainsi nous pouvons nous demander comment le récit grivois sert-il les intentions de Voltaire ? Pour étudier cette question, nous étudierons d'abord la sincérité du personnage et l'authenticité de ses émotions, et dans une seconde partie nous étudierons l'aspect comique du récit et de la dénonciation de l'auteur.

Dans un premier temps, nous allons étudier la question de la sincérité du personnage et de l'authenticité de ses émotions, qui sont notamment retranscrits dans les dires de l'Ingénu (en realité imaginé par Voltaire qui utilise son personnage pour dire certaines choses). L'auteur emploie le plus que parfait (« avait poussé ») afin de démontrer une action déjà accomplie, et emploie aussi l'imparfait (« l'épousait ») pour démontrer une action quasiment achevée. Ces temps traduisent un récit au rythme rapide, tout comme l'absence de coordination entre chaque phrase et l'alternance des sujets ou encore certains verbes de soudaineté (« courir »).

L'inquiétude et la gène de Mademoiselle de Saint-Yves prouvent un refus de sa part d'aller plus loin avec son neveu et nous remarquons notamment les interjections qu'elle emploie (« c'est vous! Ah ! C'est vous ! » ou «  eh mon dieu ! »). La jeune femme est représentée comme une jeune fille chaste et pudique mais peut-être ressent-elle tout de même du désir envers son neveu (« en rougissant). De son côté, le Huron ne souhaite pas en rester là et souligne la promesse faite par sa marraine quelque temps avant, et c'est en appuyant sur cette insistance de la part du jeune homme que Voltaire

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