Commentaire premier extrait des essais de Montaigne

"Je suis moi-même la matière de mon livre", la première page des Essais annonce une biographie mais l'esprit curieux de Montaigne le conduit à aborder des sujets aussi divers que la poésie, les "sauvages", l'amitié, le voyage, la mort... Dans le vingt-sixième chapitre, longue lettre adressée à la comtesse Diane de Foix afin de la conseiller dans le choix d'un précepteur, c'est l'éducation qui retient son attention. Notre passage porte sur l'enseignement de la philosophie. Injonctif et délibératif à la fois, riche en images et en citations, il prône un apprentissage vivant et humaniste. Dans un premier temps, nous analyserons les critiques à l'égard des méthodes traditionnelles, puis nous nous appliquerons à comprendre ce que Montaigne propose.

Dans l'extrait étudié

, Montaigne commence par critiquer l'éducation traditionnelle de l'époque, il condamne tout de suite la méthode d'apprentissage par cœur. « Qu'il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de la substance » l. 1. L'auteur est contre le fait que l'enfant apprenne des mots, des leçons par cœur sans vraiment comprendre leur signification, ni leur sens, le maître de l'élève ne doit pas seulement lui demander de lui répéter les mots de sa leçon, mais de lui en donner le sens et la substance, de raisonner. "C'est témoignage de crudité et indigestion que de regorger la viande comme on l'a avalée. L’estomac n'a pas fait son opération, s'il n'a fait changer la façon et la forme à ce qu'on lui avait donné à cuire" l.5-6 Cette métaphore comparant l'indigestion avec l'apprentissage, démontre qu'il n'y a d'intérêt à apprendre par cœur une leçon puis à la réciter mot pour mot, si le cerveau n'a pas bien fait le travail d'assimilation de ces connaissances, si on ne comprend pas cette leçon. ce n’est pas l’étendue des connaissances, mais la manière de les bien assimiler, se les approprier qui compte dans l'enseignement. Les méthodes traditionnelles accordaient trop d’importance à la mémoire et pas assez au jugement personnel.

Montaigne dénonce également le manque de variété d'idées dans l'enseignement de l'époque. Dans ce cas, le précepteur réduit l'enfant à l'état d'esclave d'une seule même idée, d'un seul jugement. L'auteur exclue cette façon d'enseigner en utilisant le champ lexical de la servitude: "contrainte", "serve et captivée" l.7, "sous l'autorité", "assujettis" l.8, "liberté est éteinte"l.9. "Ils ne sont jamais sous leur propre autorité."l.9 cette citation de Séneque, auteur latin montre que dans le cas où une unique pensé est enseignée, l'enfant perd son autonomie, est soumis par cette même pensé.

L'auteur fait part de sa rencontre avec un aristotélicien à Pise pour démontrer que le manque de variété d'idées, de doctrines dans l'instruction favorise le fanatisme, la bêtise chez l'élève. "Je vis privément à Pise un honnête homme, mais si aristotélicien, que le plus général de ses dogmes est : que la touche et règle de toutes imaginations solides et de toute vérité c'est la conformité à la doctrine d'Aristote"l.11-13. En effet, cet

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