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Commentaire littéraire, La Thébaide ou les frères ennemis (Racine, 1664), acte 5 scène 3

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Par   •  18 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  1 983 Mots (8 Pages)  •  7 899 Vues

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Commentaire littéraire de français : Jean Racine, La Thébaïde ou les frères ennemis (1664), Acte 5 scène 3

  Dans ce commentaire littéraire, nous allons étudier un extrait de l'oeuvre La Thébaïde ou les frères ennemis (1664) avec Créon, oncle d'Étéocle et Polynice qui expose la lutte à mort des frères Étéocle et Polynice pour le trône du royaume de Thèbes. Jean Racine est un célèbre dramaturge du XVIIème siècle, fait parti du mouvement littéraire du clacissime. On note ici quelques connotations du mouvement classique : la règle de bienséance est respectée (la scène de combat n'est pas représentée mais décrite : il n'y a pas d'éléments choquents, scènes vulgaires, violentes), règle de vraisemblance (un combat crédible), et registres dramatique, tragique (registres dits « sérieux ») utilisés pour décrire l'affrontement. Nous nous demanderons dans quelle mesure cette tirade descriptive d'une scène de combat est une représentation du dramatique ? Après avoir vu que cette tirade est descriptive d'une scène de combat, nous enchainerons sur la soif de pouvoir des deux princes puis terminerons enfin par la représentation dramatique -voire tragique- du texte.

  Dans un premier temps, le texte est une tirade descriptive d'une scène de combat. En effet, ici Créon (le locuteur), qui est l'oncle d'Etéocle et de Polynice expose à sa nièce Antigone une lutte entre les deux frères dans une tirade. Il parle directement à elle et la prend à témoin comme le souligne le vers 1, posant la situation « Vous avez vu, Madame (avec une majuscule) » ou le vers 18 « vos ordres, Madame » avec l'utilisation de la deuxième personne du pluriel, renforçant le lien entre Créon et  Antigone. On voit dans cette tirade un  combat grandiose comme l'indique le cadre spatial de la scène : au vers 9, « Ils ont choisi pour leur champ de bataille » on a une hyperbole du lieu de la lutte, devenant un lieu de guerre, renforcant la grandeur du combat qu'ils mènent selon leur volonté propre, ils sont donc courageux « ils ont choisi » (v.9). Cette scène est digne d'un combat de la mythologie greque, en effet, au vers 26 : « de mille coups mortels » l'hyperbole intensifie les actes violents des princes, avec un rythme qui ajoute de l'importance au combat des héros.

  Le texte présente un rythme qui ajoute à la violence du texte. On a des verbes d'actions : « les deux princes sortaient » (vers.2), puis « ils fuyaient » (l.3), commencent enfin ce combat » (l.12), « cherchent un passage » (l.14), « précipitant » (l.15), « courir » (;L16), « rapprochent » (l.24) au long du texte qui représente l'évolution de l'action et permet au lecteur de se plonger dans la scène. Au vers 12 : « Ils commencent enfin ce combat plein d'horreur », le présent de narration permet de décrire la scène de manière plus vivante et directe et « enfin » démontre le caractère inévitable et soudain du combat. Au vers 16, ils exercent tous deux une même action « Tous deux semblent courir au devant du trépas » qui est un euphémisme pour dire « ils semblent courir vers la mort » qui créer un rythme de rapidité (« courir ») pour le lecteur. La notion de rythme peut être apportée grâce à la versification.

  Par la même occasion, la versification de la tirade a pour but de plaire et divertir tout en décrivant une scène de combat avec les alexandrins au long du texte : « vers 1 : Vous avez vu, Madame, avec quelle furie, vers 29 : Le renverse à ses pieds prêt à rendre la vie » qui sont des vers en 12 syllabe, qui permettent de construire cette tirade de manière plaisante et agréable. Ensuite, les vers 1 et 2 riment « Vous avez vu, Madame, avec quelle furie (vers.1) Les deux princes sortaient pour s'arracher la vie (vers 2) » « furie » rime avec « vie » montrant que la colère des princes peuvent aller jusqu'à les faire se tuer, « s'arracher la vie » qui est une hyperbole qui met en lumières les deux princes qui sont réunis dans cette lutte. On a ainsi une construction plaisante de la tirade qui s'accorde avec une représentation de la scène de combat.

  Nous avons vu en quoi le texte est une tirade descriptive d'une scène de combat, nous verrons dans un second temps la soif de pouvoir des deux princes. Effectivement, il y a une la frontière entre l'amour et la haine des frères ennemis. La métaphore du cœur qui représente l'amour, vers 4 : « Et que jamais leurs cœurs ne s'accordèrent mieux », indique que l'amour entre les deux frères n'a jamais été aussi grande en se battant (« jamais »: figure d'insistance), c'est un paradoxe car deux frères qui se battent ne s'aiment pas. Nous aperçevons un parallélisme au vers 7 et 8, vers 7 : « Par l'excès de leur haine ils semblaient réunis, », vers 8 : « Et prêts à s'égorger, ils paraissaient amis. » avec une reprise de « haine » et « prêt à s'égorger » et « réunis » et « amis », ce qui trahit que par leurs haines (le fait qu'ils aient envie de se tuer) ils arrivent à s'aimer (« amis ») et à être « réunis », paradoxe de la situation : des frères qui veulent se tuer ne peuvent s'aimer, soulignant le caractre ambiguë de l'amour et de la haine des frères, qui est une haine physique fraternelle.

  Par ailleurs, nous avons une expression de sentiments de haine mis en évidence par ce même champ lexical (furie, v.1, ardeur, v.3, haine, v.7, fureur, v.11, rage, v.13, fureur (vers 15) furie, v.22, furieux, v.24 ), où « furie » et « fureur » sont répétés deux fois. La tirade nous donne l'impression que seule la fureur les anime et leur donne la force de se battre si vaillaiment, en effet au vers 15, on a une exclusivité de la fureur « Et la seule fureur précipitaient leurs bras ».  Au vers 13 « D'un geste menaçant, d'un œil brûlant de rage », on a une hyperbole (métaphore du feu : brûlant) avec une paranomase ( les sons « r », « an » sont répétés, donnant un ton aggressif au son) qui intensifient le caractère haineux des frères. Cette haine, cette soif de pouvoir risque d'amener les héros à se tuer, apportant au texte une dimension dramatique voire tragique.

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