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Commentaire du sonnet "Ministre du repos, Sommeil, père des songes" de Théophile de Viau

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Par   •  9 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  1 886 Mots (8 Pages)  •  2 533 Vues

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MATHEZ

Justine.

Histoire littéraire.

Sujet : Commentaire du sonnet « Ministre du repos, Sommeil, père des songes, » composé par Théophile de Viau au XVIIème siècle.

        La poésie du XVIIème siècle est une poésie très multi-forme, couvrant des genres très variées. Nous avons par exemple la preuve de l'existence d'une poésie épique datant de ce siècle même si celle-ci n'est pas restée dans les mémoires. Au début du siècle, elle est cependant encore largement influencée par les écrits des grands poètes de la Pléiade, comme Ronsard ou Du Bellay.

        Néanmoins, certains auteurs, dont Théophile de Viau fait partie, n'entendent pas continuer à écrire comme le faisaient leurs prédécesseurs. Ils revendiquent une poésie plus libre, à l'esthétique plus excessive et surtout beaucoup plus imagée. C'est l'émergence d'un courant qui plus tard sera appelé courant baroque et qui tire son nom d'un mot portugais signifiant « perle irrégulière ».

        Le sonnet proposé à l'étude a été composé par Théophile de Viau (1590 – 1626) et est extrait de son recueil Œuvres qui a été publié de 1621 à 1623. Ce recueil regroupe toute la production poétique de l'auteur dont la vie tumultueuse et dissolue aura eu une grande influence sur son écriture. Il admire le grand poète Malherbe, qui a préparé l'émergence du classicisme, mais refuse d'imiter son style d'écriture qui cherche à atteindre la perfection, lui préférant une esthétique plus imagée.

        Nous pouvons maintenant nous demander en quoi ce poème visant à donner une nouvelle image du sommeil permet en fait au poète de préparer une confession.

        Nous étudierons dans un premier temps la nouvelle interprétation que le poète fait du sommeil avant d'analyser la confession de son amour de la vie.

        La construction de la nouvelle image du sommeil passe d'abord par le fait que ce poème est directement adressé au sommeil. Le poète affirme ensuite assez catégoriquement que le sommeil n'est pas « l'image de la mort » avant de proposer sa propre vision du sommeil.

        Théophile de Viau a créé pour son poème un interlocuteur, il s'agit du sommeil. Il y a en effet trois occurrences de ce mot dans le poème et il est à chaque fois personnifié par une majuscule : « Ministre du repos, Sommeil, père des songes, » / « Le plaisir de nos jours, Sommeil, tu les allonges ? » / « Sommeil, ceux qui t'ont fait l'image du trépas, ». Le poète a fait du sommeil une personne à laquelle il dédie son poème. Sa dédicace est très claire car dès le premier vers, le sommeil est non seulement mentionné mais également placé milieu de celui-ci. Les alexandrins peuvent être divisés en deux hémistiches de six syllabes. Ici, puisque le mot « Sommeil » compte deux syllabes, il a été placé entre deux parties de vers de cinq syllabes chacune. En le plaçant ainsi, le poète a voulu faire du sommeil l'élément central de sa réflexion. Lorsque le mot est répété pour la deuxième fois, il n'est plus au centre du vers, puisque nous dénombrons six syllabes avant sa mention, puis quatre après. Enfin, dans sa dernière apparition, le poète ne se soucie plus de le placer au centre de ses vers. Le sommeil est au début, directement interpellé par l'auteur, ce qui n'est pas sans rappeler son statut d'interlocuteur.

        Après avoir clairement indiqué à qui son poème était dédié, le poète se soucie de rétablir la vérité sur l'objet de sa réflexion. Vérité en effet parce qu'il affirme que toutes les visions précédentes du sommeil sont fausses : « Que ces faiseurs de vers t'ont jadis fait tort / De le persuader avecque leurs mensonges ! ». Le mot « mensonges » est très catégorique. Il n'appelle aucun compromis. Tous les précédents auteurs ont tort et lui, le poète, va rétablir la vérité sur le sommeil. Les auteurs associaient le sommeil à la mort. Le terme revient par ailleurs deux fois dans le poème : « Pourquoi t'a-t-on nommé l'image de la mort ? » / « Quand ils ont peint la mort il ne l'ont pas connue, ». Un synonyme est également employé : « L'image du trépas, ». Cette association du sommeil à l'image de la mort par les anciens auteurs est d'ailleurs renforcée par le champ lexical de la peinture qui semblent tout au long du poème vouloir les relier, : « image de la mort » / « image du trépas » / « peint la mort » / « son portrait ». Cela crée une impression d'indissociabilité. Une fausse image du sommeil a été figée sur la toile et c'est au poète d'effacer tout cela avec ses vers.

        Donc, une fois que le poète a affirmé que le sommeil n'était pas l'image de la mort, il va donner sa propre vision. Pour lui, le sommeil est un moment privilégié, lié à la vie et non pas au trépas. Le sommeil est le moment où l'Homme refait ses forces. C'est aussi le moment où il peut goûter au plaisir, grâce à des jeux plus sensuels avec son partenaire. C'est montré ici dans le poème par l'emploi de plusieurs mots mélioratifs : « Faut-il pas confesser qu'en l'aise où tu nous plonges, / Nos esprits sont ravis par un si doux transport, ». Le sommeil est au service de l'Homme. Il travaille pour lui et non pas contre lui. Nous pourrions en effet penser, à juste titre, que lorsque nous dormons, nous perdons du temps de vie, puisque nous ne faisons rien. Le poète n'est pas d'accord avec cela.  « Qu'au lieu de raccourcir, à la faveur du sort, / Les plaisirs de nos jours, Sommeil, tu les allonges ? ».  Le sommeil est en effet une source de plaisir différente. Ce que nous ne faisons pas le jour, nous reposer, savourer la présence de l'être aimé, nous le faisons la nuit.

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