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Commentaire Sonnet 7 des Conitnuations des amours de Ronsard

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Par   •  14 Mars 2019  •  Commentaire de texte  •  2 694 Mots (11 Pages)  •  3 581 Vues

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Ronsard, Continuation des Amours

Sonnet 7

« Marie, qui voudrait votre beau nom tourner, il trouverait, Aimer, aimez-moi donc Marie ». Ce vers  montre en lui-même toutes les particularités du sonnet. En effet, il évoque en premier lieu « Marie ». Mais qui est elle ? On ne sait peu de chose sur cette femme aujourd’hui si ce n’est que c’était une paysanne de Bourgueil qui résista aux avances de Ronsard. Marie est donc aux premiers abords le sujet et destinataire de ce poème amoureux. Puis, par un détour qui passe par l’anagramme on trouve la véritable intention du sonnet : l’Amour. Plus que l’amour, c’est une réflexion que Ronsard délivre autour de celui-ci. Marie est bien évidemment concernée mais l’amour n’est pas véritablement centré autour d’elle.

Rappelons que nous sommes ici dans l’essor du pétrarquisme et de son imitation par les poètes français de la Renaissance. Du Bellay le rappel dans sa Défense : « Comment les romains ont-ils pu élever leur langue au niveau de l’idiome grec ? En imitant les meilleurs auteurs grecs, se transformant en eux et après les avoir digérés, les convertissant en sang et en nourriture. » C’est exactement ce que font les poètes français avec le grand auteur italien qu’était Pétrarque dont Du Bellay en fait l’éloge : « J’alléguerai un Pétrarque, duquel j’ose bien dire que, si Homère et Virgile avaient entrepris de le traduire, ils ne le pourraient rendre avec la même grâce et naïveté. » Toutefois, il n’est pas simplement question d’imitation et cela Ronsard le sait bien. Il faut renouveler la langue française et l’élever. C’est pour cela que dans ce sonnet l’amour va au-delà des sentiments entre le poète et sa conquête, Ronsard propose une réflexion sur l’amour tout en construisant un sonnet inédit.

Le sonnet de notre extrait est un sonnet régulier italien dont les rimes embrassées sont ABBA-ABBA-CCD-EED et les rimes masculines et féminines sont fixes : pour les premiers ils correspondent aux rimes A et D et les secondes aux rimes B, C et E. Enfin, c’est un sonnet isométrique en alexandrin.

Ce sonnet se situe au début des Continuations des Amours et Marie est évoquée plusieurs fois déjà : sa première apparition est une description physique ainsi qu’une description de ses qualités et caractères. Elle est aussi comparée à une rose, à une Dame indifférente à l’amour de son amant et enfin dans notre poème qui traite de l’amour ainsi que de la spiritualité de l’amour. De cette spiritualité, on ne peut s’empêcher de remarquer que le poète en parlait dans ses poèmes adressés à ses amis comme Étienne Pasquier où il lui raconte comment l’Amour rend le corps tout entier impuissant.

Dans le sonnet que nous étudions, le poète essaye de convaincre sa conquête Marie de l’aimer mais également de la nécessité d’aimer en général, d’où la réflexion dont on parlait précédemment. En ce sens, nous nous demanderons comment le poète, à travers un lyrisme amoureux personnel et intime, propose une conception philosophique de l’amour. Nous analyserons le sonnet en deux temps :

  • Tout d’abord L’amour adressé à Marie : une stratégie argumentative afin de séduire l’être aimé, du vers 1 au vers 8. On questionnera ici comment le poète essaye de convaincre Marie de l’aimer et de s’ouvrir plus généralement à l’amour.
  • Puis, Une réflexion philosophique sur l’amour, du vers 9 au vers 14. On verra quelles sont les idées que le poète essaye de transmettre à Marie mais également aux lecteurs.

[LECTURE]


I – L’amour adressé à Marie : une stratégie argumentative afin de séduire l’être aimé

Les deux premiers vers du sonnet fonctionnent pour le poète comme une sorte de captatio benevolentiae. L’anagramme est une manière intéressante et ludique d’inviter Marie à aimer le poète. De plus, cela redouble avec la destiné : Marie, aimer, tout converge vers le destin amoureux. Le poète utilise l’anagramme dans l’objectif d’être bien-reçu par sa destinataire et ce quel que soit son humeur car l’anagramme se veut être mi léger et mi sacré dans le même temps. C’est donc une bonne manière de captiver l’attention de sa bien aimée. On remarquera aussi qu’il y a une construction qui provoque un effet de chiasme : « Marie, Aimer, aimez-moi, Marie ». Marie ouvre et clos ces deux vers ce qui la met particulièrement en exergue. On constate qu’Aimer dispose d’une majuscule et est mis en valeur par la césure à l’hémistiche, ce qui renvoie certainement à l’Amour philosophique et permet donc une idéalisation de l’amour.

Le poète s’adresse clairement à Marie via l’apostrophe qu’il lui fait à l’attaque du sonnet. Il l’interpelle et on constate via ces deux premiers vers que le poète cherche à la faire aimer (dans un premier temps sur l’amour en général) puis de l’aimer lui, bien évidemment. En somme, le poète exhorte Marie à l’aimer et la suite va nous montrer qu’il y a une construction argumentative allant dans ce sens là. Tout d’abord, outre le fait que le tout premier mot du poème soit Marie, on l’a dit dit, se trouve d’autres indices énonciatifs. Dans le premier vers l’adjectif possessif « votre » ainsi que « aimer » au vers 2 mettent en valeur Marie. Le poète n’arrive qu’après avec le pronom personnel de première personne « moi ». Puis, il y a une alternance entre la première personne « moi » que l’on retrouve plusieurs fois (v.2, 3 et 6) et l’adjectif possessif « votre » qui lui aussi est dit à plusieurs reprises aux vers 1, 3, 4. Cela amène la construction et projection d’un couple hypothétique via l’emploie du pronom personnel de quatrième personne « nous » employé deux fois : au vers 6 ainsi qu’au vers 8. Toutefois, on notera la prédominance de Marie dans les deux quatrains car il s’agit tout de même de la séduire et il est important qu’elle ait une présente marquante. Ce jeu de pronom, caractéristique du lyrisme amoureux, tisse un réseau de relations en créant un effet de couple, de proximité et de symétrie. Cet effet se trouve amplifié par la forme même du poème : les deux quatrains et deux tercets sont symétriquement rassemblés en couples, conformément aux règles du sonnets.

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