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Cocteau, jeune fille endormie

Commentaire de texte : Cocteau, jeune fille endormie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  1 734 Mots (7 Pages)  •  894 Vues

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Dès la première lecture, le poème met en évidence les thèmes dominants du sommeil et du rêve, et surtout leur pouvoir et leur charme, fil structurant du texte.

D’abord ils sont organisateurs du poème : le titre, avec l’adjectif « endormie » ; le champ lexical qui parcourt le poème ; la répétition du mot «  rêve » ; la présence de son synonyme « songe » au vers 1, qui est le rêve ou la « construction de l’imagination à l’état de veille » ( Le Robert ) ; la mise en situation  par les injonctions :« rendez-vous » ; « dormons », « mettons-nous »  ; et par les conséquences qui sont en premier lieu de s’extraire de la réalité,: « quitter », « à bonne distance ». Le fait de s’abandonner au sommeil est mis en valeur, par le verbe « attire », rejeté à la rime et par l’image du «grand  bras paresseux ». Captivité : « t’a saisie », on est la proie du sommeil.

Ensuite, organisateurs du discours : pour qui est ce poème ? Adressé à la jeune fille : titre (voir le tableau) ; par qui ? Tutoiement et pronom « nous », suggérant l’intimité. C’est un discours, rendu possible par le sommeil et l’activité psychique du rêve: le mode discursif est repérable au pronom personnel, au mode impératif, à la complicité supposée : « rendez-vous » ; « nous qui savons ». Complicité. Mais elle dort et n’entend « plus rien » ; elle est plongée dans les images, «le rêve à grand spectacle ». Plutôt une méditation, absorbante autant que le sommeil, puisque le poète contemple la jeune fille, dont le sommeil est objet d’étude et de réflexion. Le spectacle de la jeune fille qui dort fournit la matière du poème.

Poème musical et répétitif comme une berceuse : vers courts faciles à mémoriser, répétitions de mots ; images étranges du rêve, accès à un irréel, territoire inconnu. Le rêve est mouvement, et non pas inertie comme le titre pourrait le laisser entendre : « rendez-vous » est l’injonction initiale et suggère l’action ; il est ascension, avec le verbe«  voler », fuite hors du réel ordinaire– «bal, buveurs, tirs »-- il est, comme l’opéra— n’est-ce pas le titre du recueil après tout? – c’est-à-dire un « grand spectacle » total, même si le rêve peut inquiéter: en effet, vers quel arbre aller ? Il éloigne de la réalité commune, relègue vers une autre réalité plus riche et énigmatique: « l’arbre à songe », les «anges » (voir tableau et ce que l’on peut exploiter en I, c pour ces termes). La rêverie, liée à l’expérience du sommeil, a le don d’embellir la jeune fille, dont le contour même se modifie, « en quinconce » : « le sommeil » « fait ta poésie » peut être entendu en ce sens. Le sommeil enchante, charme (au sens premier de ces termes) l’observateur devant celle qui est contemplée.

Aussi le poème peut-il se lire comme une méditation réflexive sur les enchantements du rêve, à partir d’une situation banale : le « sommeil » qui inspire le poète. Néanmoins, ce monde onirique se caractérise aussi par ses ambivalences, qui apparaissent comme une dominante du poème et qui interpellent le lecteur.

II) Ambiguïtés de l’univers onirique : pour une manière d’appréhender le monde 

a) Des promesses du rêve… : « nous dormirons », le futur exprime la certitude de

d’ une promesse, mais ce ne sera pas « en vain » ; le rêve va faire naître les possibles : pouvoir de transgression qui lui est attribué : « voler en rêve », comme dans le mythe d’Icare ; pouvoir d’inventivité espiègle comme celui que procure le jeu (strophe 1 ; voir le tableau) ; retour à l’enfance – allusion au merveilleux, voir le tableau ; source d’imaginaire :« grand spectacle » ; libération, départ: « quitter le bal », « voler », être en apesanteur et «  à bonne distance », hors de la vie réelle et matérielle, qui malgré ses tourbillons de « bal » n’est qu’accessoire ou illusoire .

b) ….à ses périls : déambuler dans le monde du rêve n’a rien d’évident: « derrière »;

« encore faut- il » (voir le tableau) ; les termes « victime », puis « mancenillier »,« tirs », tous deux à la rime, de même que les sifflantes et la dureté des dentales, signalent les menaces qui guettent les songes, un univers décoloré, « à bonne distance » des bruits. Le rêve, prolongé, se confond avec la mort: le rêve d’Icare n’a-t-il pas échoué ? Et ,dans la mythologie, le sommeil est frère de la mort, il est donné comme fils de la nuit et aurait son royaume dans un monde sans jour, glacé et lointain. De plus ,« l’arbre à songe » et celui « auquel aller » font penser aux arbres de la Genèse : l’arbre de la connaissance, interdit dans le jardin d’Eden au milieu des autres. L’énonciation même est incertaine : discours ou monologue ? Le cadre est structuré, chaque strophe correspondant à une phrase, d’où l’apparence de logique syntaxique, pourtant l’éclatement est sensible, ou bien la fantaisie: ruptures à la rime (vers 4, 12,16), métrique inégale, présence des vers impairs ; ponctuation nombreuse, sorte de staccato. Le rêve reste à élucider.

c) C’est pourquoi le rêve est comme une initiation, un moyen de voir le monde

autrement [on

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